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Publié le 18 Septembre 2014

Comment on fabrique un djihadiste

Par Tahar Ben Jelloun, écrivain et poète marocain, publié dans le Point le 18 septembre 2014

Certains considèrent que ce qu'on appelle déjà la "Troisième guerre d'Irak" est "absurde" et "inutile". Peut-être. Il est vrai que le réveil de l'Amérique et de l'Europe est tardif, que le fait de bombarder des blindés appartenant à des mercenaires fanatisés ne va pas éradiquer un califat autoproclamé dont les racines viennent de très loin. Combattre les gens de Daech - l'État islamique en arabe - est plus que nécessaire. Je me demande pourquoi les États du Golfe ne participent pas militairement à cette lutte. Ils auraient dû le faire ne serait-ce que pour se faire pardonner le fait d'avoir aidé et financé de manière privée ou officieuse certains combattants au nom de l'islam.

La France a peur du retour de ceux qui se sont engagés en Syrie et en Irak aux côtés des djihadistes dont la haine de l'Occident n'a d'égal que leur détermination à imposer un "État islamique" partout où leur fureur parvient à s'installer.

Comment faire la chasse aux "contaminés du djihad" ? Il faudra d'abord les repérer, les connaître et pouvoir les arrêter, les inculper et les juger. Et puis après ? En aura-t-on fini avec cette aberration née sur le sol français ? Rien n'est moins sûr. Certains politiques demandent à ce qu'on leur retire la nationalité française. Non seulement cela n'est pas facile, mais ne résoudrait pas le problème. Des "fous de Dieu", il y en aura toujours.

L'ignorance et la mauvaise foi

La tête du jeune Français d'origine immigrée ou récemment converti qui, tenté par l'aventure du djihad, fait le pas de suivre un recruteur au point de se retrouver dans un territoire où l'instinct de vie a été remplacé par celui de la mort, la mort donnée et la mort acceptée, cette tête-là souffrait d'un vide sidéral doublé d'une perturbation sérieuse. Un vide qui a été vite rempli par tout ce dont il rêvait : avoir une identité, pouvoir la consolider sur le terrain, avoir des repères spirituels, idéologiques, donner un sens à sa vie même s'il est disposé à la perdre dans le combat et retourner "au pays des mécréants" faire le malheur de ceux qui ne pensent pas comme lui, ceux qu'on lui a appris à haïr au point de trouver leur disparition nécessaire, normale. C'est la tête de Mohamed Merah, c'est aussi celle de Mehdi Nemmouche.

Traquer ce genre d'individus rassurera quelques citoyens. Mais le fond du problème restera intact. Émile Cioran disait que c'est tout à fait naturel que la jeunesse soit attirée par les idées radicales et tombe dans le fanatisme (lui-même n'y a pas échappé). Les convertis sont connus pour en rajouter. Mais que dire de ceux qui sont nés dans un milieu musulman où les parents pratiquent un islam tranquille, modéré et paisible ? Ce sont souvent des victimes qui ont fait de mauvaises rencontres et qui suivent ces prétendus imams qui les dirigent ensuite vers l'aventure djihadiste en utilisant des arguments puisés dans l'ignorance et la mauvaise foi (sur le drapeau noir de cette armée est écrit en arabe "Allah Messager Mohamed", ce qui est aussi incorrect en arabe qu'en Français). 

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Publié le 18 Septembre 2014

Le rejet de l'autre nous concerne tous: passons aux actes

Par Aya Cissoko, écrivaine franco-malienne, publié dans le Huffington Post le 17 septembre 2014

Une journée caniculaire. Je rentre dans une librairie.

- Qu'est-ce qu'il fait chaud !

- Vous devriez pourtant avoir l'habitude dans votre pays.

Une salle d'attende d'un laboratoire d'analyse. Je relis Vingt-quatre heures de la vie d'une femme de Stephan Zweig.

- Vous lisez ça?

Dans un bus. Un homme se lève de son siège. Une femme noire prend la place. Se rendant compte qu'il n'en descend pas, elle lui propose de lui rendre son siège. La dame qui accompagne l'homme :

- On appelle ça la politesse chez nous !

Notre degré d'intimité zéro et une certaine lassitude me décourage à répondre à mes interlocutrices :

- Je suis née à Ménilmontant et je ne suis jamais allée en Afrique.

- J'aime Stefan Zweig, Romain Gary et Amadou Hampâté Bâ.

- Vous aurez l'hospice en guise de respect. Les Blancs ne s'occupent pas de leurs « vieux ».

Je m'amuse moi aussi des clichés. Mais les attaques ou remarques, quand elles émanent d'inconnu et que leur rythme s'accélère, deviennent blessantes, humiliantes, douloureuses.

Ceci étant dit, loin de moi l'idée de faire le procès d'un racisme uniquement blanc. Le rejet de l'autre nous concerne tous. « On est toujours le raciste de quelqu'un. » Ma mère me disait souvent : « Les blancs, ils sont pas comme nous ! »

L'identité se construit dans l'altérité. Le danger advient quand on définit, classifie, hiérarchise les individus selon des critères qui leurs seraient intrinsèques, dans le but de justifier la haine de l'autre, sa stigmatisation, son rejet. Non, les arabes ne sont pas tous des voleurs. Non, les Roms ne sont pas tous des mendiants. Non, les noirs ne sont pas tous fainéants. Non, les juifs ne sont pas tous riches. Oui, les blancs ne sont pas tous racistes.

Je suis inquiète. Les racistes, antisémites, extrémistes gagnent du terrain.

Les responsables politiques des grands partis traditionnels semblent avoir renoncer à être les garants des fondements de notre République « une et indivisible ». Ils et elles désignent des boucs émissaires. Ils et elles n'hésitent pas à cliver, favoriser, discréditer des groupes, une communauté, une religion pour nous détourner de leurs manquements. Ils et elles ont participé à libérer la parole raciste… Lire la suite.

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Publié le 17 Septembre 2014

Échaudées, les religions défendent le statu quo

Par Jean-Marie Guénois, publié dans le Figaro le 16 septembre 2014

Les religions ne demandent rien. L'Église catholique voit toutes ses grandes fêtes, et leur lendemain à Pâques et Pentecôte, gratifiées d'un jour férié. Quant aux Juifs et aux Musulmans, ils ne bénéficient pas de jours chômés pour leurs fêtes, mais ils n'attendent rien.

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Publié le 16 Septembre 2014

La Grande Peur des Juifs de France

Par Bernard-Henri Lévy, publié dans la Règle du Jeu le 16 septembre 2014

Les Juifs de France en ont assez.

Assez de ces métros où il devient périlleux de porter une kippa.

Assez de ces écoles de la République où être un enfant juif vaut brimades à la sortie des classes.

Assez de la France des amateurs de quenelle dont les meetings sont autant d’appels à la détestation des Juifs.

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Publié le 15 Septembre 2014

Lutter contre le terrorisme, c'est lutter pour notre liberté

Huffington Post

Publié le 15/09/2014  

 

Par Sébastien Piétrasanta

Député PS des Hauts-de-Seine, membre de la Commission des lois, rapporteur du projet de loi sur l’antiterrorisme

 

Près de 1000 individus de nationalité française ou résidant en France sont impliqués dans le djihad en Syrie ou en Irak. 350 combattants sur place, 200 revenus de Syrie, des velléités de départs de plus en plus nombreuses... Des femmes, des mineurs, des individus provenant de tous les milieux sociaux, 75 départements français concernés, ce phénomène de départ au djihad est sans précédent par son ampleur et par sa dangerosité. La France est malheureusement devenue le premier pays occidental pourvoyeur d'apprentis djihadistes.

 

L'actualité de cet été a montré à la face du monde la barbarie, l'horreur de l'Etat Islamique, principal réceptacle des djihadistes. Participer aux décapitations, aux tortures, aux crucifixions... et désormais combattre au sein d'une katibat francophone, tel est le lot quotidien de ces centaines de ressortissants français. La France n'avait pas le droit de fermer les yeux et de croiser les bras. Il en va de la protection de la France et de nos libertés.

 

Le projet de loi de lutte contre le terrorisme présenté par Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur repose sur la nécessaire adaptation de notre législation pour préserver la sécurité de notre pays et nos libertés fondamentales.

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Publié le 15 Septembre 2014

Lutter contre le terrorisme, c'est lutter pour notre liberté

Huffington Post

Publié le 15/09/2014  

 

Par Sébastien Piétrasanta

Député PS des Hauts-de-Seine, membre de la Commission des lois, rapporteur du projet de loi sur l’antiterrorisme

 

Près de 1000 individus de nationalité française ou résidant en France sont impliqués dans le djihad en Syrie ou en Irak. 350 combattants sur place, 200 revenus de Syrie, des velléités de départs de plus en plus nombreuses... Des femmes, des mineurs, des individus provenant de tous les milieux sociaux, 75 départements français concernés, ce phénomène de départ au djihad est sans précédent par son ampleur et par sa dangerosité. La France est malheureusement devenue le premier pays occidental pourvoyeur d'apprentis djihadistes.

L'actualité de cet été a montré à la face du monde la barbarie, l'horreur de l'Etat Islamique, principal réceptacle des djihadistes. Participer aux décapitations, aux tortures, aux crucifixions... et désormais combattre au sein d'une katibat francophone, tel est le lot quotidien de ces centaines de ressortissants français. La France n'avait pas le droit de fermer les yeux et de croiser les bras. Il en va de la protection de la France et de nos libertés.

Le projet de loi de lutte contre le terrorisme présenté par Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur repose sur la nécessaire adaptation de notre législation pour préserver la sécurité de notre pays et nos libertés fondamentales.

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Publié le 11 Septembre 2014

Hymne à l’Europe de Bernard-Henri Lévy

Par Michaël de Saint-Cheron

Servi par un époustouflant Jacques Weber, Bernard-Henri Lévy peut se sentir heureux et soulagé après la première de sa pièce « Hôtel Europe », au théâtre de l’Atelier, à Montmartre. La salle a salué debout la performance de l’acteur et le texte du philosophe-écrivain-homme -d’action. L’histoire : celui-là même qui écrit, se retrouve dans une chambre d’hôtel à Sarajevo, seul, deux heures avant de prononcer un discours sur l’Europe. Jacques Weber, dans ce huis-clos, ce monologue qui fait danser les siècles, à la Hugo, à la Malraux, à la Byron, en appelle aux plus grands de la culture, ceux qui firent l’Europe de l’intelligence, de l’art, de la création, pour mieux répondre à tous ceux qui de Bruxelles ou d’ailleurs n’en font plus qu’une im-puissance financière, incapable de se retrouver sur des valeurs et des combats communs.

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Publié le 10 Septembre 2014

Montée des discriminations : soyons vigilants !

Par Benoît Le Bars, publié sur Jeune Afrique le 9 septembre 2014

La montée de l’intolérance et du rejet des différences observée ces derniers mois ne cesse d’inquiéter les défenseurs des droits inaliénables de l’homme, d’autant que ses nouvelles formes d’expression soulignent les faiblesses de notre arsenal juridique.

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Publié le 10 Septembre 2014

Notre combat contre la barbarie de l’Etat islamique

Par Freddy Eytan publié sur le site du CAPE de Jérusalem le 9 septembre 2014

Depuis plusieurs décennies Israël alerte les pays occidentaux sur le fléau du terrorisme international. Dans les années 1970, durant la crise énergétique mondiale, nous avons enregistré de nombreux attentats, des prises d’otages et des détournements d’avion perpétrés en Europe et dans notre région par des bandes de terroristes palestiniens en connivence avec des groupes anarchistes et révolutionnaires venus d’Allemagne, de France, d’Italie et même du Japon. Nos avertissements et nos cris d’alarme n’avaient pas été entendus. 

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Publié le 10 Septembre 2014

Manifs pro palestiniennes interdites de Paris. Qui tire les ficelles ?

Par Marc Knobel, Chercheur et Directeur des Etudes du CRIF, publié dans le Times of Israel le 10 septembre 2014

Samedi 19 juillet 2014. Interdite la veille par la préfecture de police de Paris, une manifestation pro palestinienne se tient d’abord dans le calme mais lorsque le cortège commence à remonter le boulevard Barbès vers le métro Château rouge, elle tourne aussitôt à l’affrontement.

C’est alors qu’une centaine de personnes s’en prenne sauvagement aux CRS et aux gendarmes mobiles  avec des jets de pierres et bouteilles, chaises, pavés, et même avec le revêtement de la chaussée.

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Christophe Bigot : «L'Iran est une menace non seulement pour Israël mais pour tous les pays du Moyen-Orient, et même pour ses propres citoyens»

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31 Mai 2010
Christophe Bigot est ambassadeur de France en Israël depuis Septembre 2009. Il a été conseiller du ministre des Affaires étrangères sur les affaires du Moyen-Orient et a servi comme adjoint au précédent ambassadeur, de 2004 à 2007. «Si mon premier engagement était le fruit d’une décision diplomatique, ma prise de poste en tant qu’ambassadeur a été mon choix personnel », dit-il. «J'aime la complexité de ce pays et son intensité, et j'aime la chaleur du Moyen-Orient. La France a des liens étroits avec le peuple juif - nous avons eu des hauts et des bas. Je ne suis pas juif, mais il est facile d’avoir de l'affection pour ce pays, sans être juif », poursuit l’ambassadeur.

Comment vous sentez-vous lorsque vous voyez les non-Juifs en Israël… qui n'ont pas de droits, et pour lesquels il est presque impossible d'obtenir la citoyenneté?

C'est vrai, il ya des différences .... Je pense qu'il est impossible de ne pas tenir compte de l'objectif d'établissement cet Etat, conformément à la résolution des Nations Unies, qui a été de créer un foyer pour le peuple juif… en tant que Français, nous soutenons les droits humains partout, et ici aussi. Et cela fait partie de notre travail, ici, d'essayer de travailler sur toutes ces questions avec les partenaires israéliens.

Pensez-vous qu'un pays peut être un Etat juif et un État démocratique, en même temps?

… ce que je peux dire, c'est que ce pays a été capable d’accueillir des millions de Juifs, de créer et de maintenir des institutions démocratiques telles que la Cour suprême, la Knesset, ainsi que la liberté des médias avec beaucoup de succès… Parfois, ils se contredisent et cette contradiction peut se transformer en quelque chose d'efficace.

La France est-elle une démocratie stable?

Elle a été assez stable au cours des 60 dernières années. La démocratie est un combat quotidien, rien ne peut être tenu pour acquis. Nous ne sommes pas parfaits, nous avons nos défauts. Par exemple, celui de l'intégration des immigrants, en particulier dans les deuxième, troisième et quatrième générations. C'est un problème que nous avons à traiter.

Pensez-vous qu’Israël traite ses problèmes avec les étrangers de la bonne façon?

Ce n'est pas mon rôle de juger ni de donner des leçons au gouvernement israélien. Chaque pays a ses propres règles concernant les étrangers. Je peux simplement dire que la politique en France est moins restrictive.

Vous êtes sur le point d'adopter une loi qui interdit aux femmes de porter la burka en public. Certaines personnes considèrent que cette mesure est dirigée contre les musulmans.

Je sais qu'il ya des gens qui considèrent cela comme une question du droits des femmes - le fait qu’une famille et un mari ne devrait pas obliger une femme à porter la burka. Nous voyons cela comme un moyen d'intégrer les femmes musulmanes dans la société française, ce qui est un objectif important pour nous. La vérité est que la plupart des musulmans en France conviennent que le port de la burka est un comportement extrémiste qui ne caractérise pas les musulmans de France dans leur ensemble.

… Le journal britannique The Sunday Times a rapporté qu’Israël a posté en station trois sous-marins équipés de missiles nucléaires au large de la côte de l'Iran. La conduite d'Israël concernant l'Iran est-elle correcte?

Je n'ai pas d’informations à ce sujet, mais l'Iran est une menace non seulement pour Israël mais pour tous les pays du Moyen-Orient, les régimes qui soutiennent la non-prolifération nucléaire, et même pour ses propres citoyens. C'est pourquoi il est si important que la diplomatie soit très, très active sur ce problème et de trouver une solution pacifique à cette menace.

En d'autres termes, Israël ne doit pas envisager une action militaire?

En d'autres termes, je pense que les choses doivent se faire par l’intermédiaire de la communauté internationale, l'Organisation des Nations Unies et le Conseil de sécurité, parce que c'est la seule façon de donner une légitimité internationale à l'action. Et je pense que, jusqu'à présent, Israël a compris que c'est aussi dans son intérêt de trouver une solution par des moyens pacifiques…

(Entretien publié dans Haaretz du 31 mai 2010)

Photo : D.R.

Netanyahu : «L'islam radical sera défait»

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27 Mai 2010
En visite jeudi 27 mai 2010 à Paris à l'occasion de l'entrée d'Israël dans l'OCDE, et avant de rencontrer Barack Obama à Washington mardi prochain, Benyamin Nétanyahou répond aux questions de l’édition du Figaro du même jour.

Où en sont les relations entre Israël et la France?

Mes relations personnelles avec Nicolas Sarkozy sont très amicales. Nous nous connaissons depuis des années et j'apprécie son intérêt pour Israël. Entre des amis et des membres d'une même famille, nous pouvons avoir des désaccords occasionnels, mais la fraternité est là. Nous appartenons à la communauté des nations libres, et l'admission d'Israël dans l'OCDE en est le symbole.
JCall, un groupe comprenant de nombreux représentants de la communauté juive en France et en Europe, a récemment critiqué dans une lettre ouverte la politique de votre gouvernement.

Quelle est votre réaction?

Je crois qu'ils s'égarent. J'ai, dès le premier jour de mon entrée en fonction, appelé à la reprise des pourparlers de paix avec les Palestiniens. J'ai reconnu dans mon discours à Bar-Ilan l'idée de deux États pour deux peuples et me suis prononcé en faveur de la paix avec un État palestinien démilitarisé, qui reconnaîtrait Israël en tant qu'État juif. Nous avons, au cours de l'année écoulée, levé des centaines de barrages en Cisjordanie pour faciliter la reprise économique chez les Palestiniens. Malheureusement, rien de tout cela n'a été suivi par des mesures réciproques de leur part. En fait, ils ont fait l'inverse. Ils refusent de reprendre des pourparlers directs et ont mis des préconditions à la relance de ce dialogue. Ils ont essayé de bloquer l'accession d'Israël à l'OCDE, ont appelé à l'expulsion d'Israël de l'ONU et ont baptisé plusieurs de leurs places du nom de terroristes connus. Tout ceci va à l'encontre de l'esprit de la paix. Un examen objectif de ces faits devrait plutôt conduire les Juifs comme les non-Juifs français et européens à appeler les Palestiniens à revenir à un esprit plus pacifique plutôt que de condamner Israël.

Les États-Unis souhaitent la création d'un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale. Votre position sur ce sujet a-t-elle évolué?

Une perception répandue dans certains milieux, en Europe et ailleurs, est que la question de Jérusalem et la présence de communautés israéliennes en Cisjordanie seraient à l'origine du conflit. Or ce conflit a en réalité commencé dans les années 1920 et a duré pendant cinquante ans, avant même qu'il y ait une seule colonie israélienne en Cisjordanie. Nous avons quitté le Liban, nous nous sommes retirés de Gaza, et ces endroits sont tombés sous le contrôle de militants soutenus par l'Iran, qui ont tiré des milliers de roquettes contre Israël. Leur but n'est pas que nous nous retirions de Cisjordanie, mais que nous nous retirions aussi de Tel-Aviv. Ils veulent liquider l'État d'Israël. La véritable cause du conflit n'est donc pas la question des Territoires occupés par Israël en 1967. On nous demande, et je l'ai accepté, de reconnaître un État palestinien comme l'État légitime du peuple palestinien. Comment est-il possible que les Palestiniens refusent de reconnaître l'État du peuple juif? C'est là où se trouve la véritable cause de ce conflit, et c'est là où la solution se trouve aussi. Sans cela, un retrait de Cisjordanie et un traité de paix ne résoudront rien.

Quels gestes attendez-vous des Palestiniens pour revenir à des pourparlers directs?

Je ne pose aucune condition à la reprise des négociations. Mais il y a deux éléments critiques pour parvenir à la paix, et pour persuader les Israéliens de faire des concessions significatives pour l'obtenir.

Le premier est qu'un partenaire palestinien accepte la reconnaissance de l'État juif. Un État palestinien ne doit pas être établi pour continuer le conflit. Il doit coïncider avec l'établissement d'une paix durable. Ce qui signifie la fin des revendications ultérieures et que la question des réfugiés palestiniens soit résolue en dehors des frontières d'Israël. Le second est que cet État palestinien soit démilitarisé. Nous ne pouvons pas répéter les expériences tragiques du Sud-Liban et de Gaza pour nous retrouver en Cisjordanie avec des bases établies par des clients de l'Iran, depuis lesquelles des milliers de missiles seront tirés contre le territoire israélien. La reconnaissance de l'État juif par les Palestiniens et la démilitarisation de la Cisjordanie sont les deux conditions essentielles à la paix.

On est passé, il y a quelques semaines, à côté d'une confrontation entre Israël et le Hezbollah.

Avez-vous aujourd'hui la certitude que le Hezbollah n'a pas de missiles Scud au Liban?

L'Iran et le Hezbollah ont tenté de fomenter des tensions à notre frontière nord et de persuader la Syrie que nous préparions une attaque. Tout ceci n'était qu'une mise en scène. Nous avons fait savoir que notre objectif était la paix avec tous nos voisins, Syrie et Liban inclus. Hélas, l'Iran et la Syrie continuent de fournir des armes au Hezbollah. Au cours des quatre dernières années, des livraisons massives d'armes au Hezbollah ont eu lieu. Nous en avons intercepté certaines, dont un navire chargé de plus de 200 tonnes d'armes et de roquettes destinées à être tirées contre des civils israéliens. Mais d'autres sont passées. C'est un élément déstabilisant.

La France et les États-Unis se sont récemment rapprochés de la Syrie. À quelles conditions reprendriez-vous les négociations avec Damas?

J'ai parlé de ceci avec le président Sarkozy. Le principal obstacle aux négociations avec la Syrie est son insistance à ce qu'elles soient conclues avant d'avoir commencé. C'est une assez drôle de conception d'un traité de paix. C'est là le principal obstacle.

Un accord se dessine entre Washington, Moscou et Pékin à l'ONU pour de nouvelles sanctions contre l'Iran. Croyez-vous à l'efficacité de ces sanctions? Sinon, une option militaire est-elle toujours envisagée?

Le danger d'un Iran nucléaire pour la paix et la stabilité, non seulement au Moyen-Orient mais aussi pour le monde, est aujourd'hui bien compris. L'Iran soutient des mouvements terroristes, tout autour d'Israël, au Liban et à Gaza, et pourrait le faire en Asie ou en Europe. Les terroristes ne peuvent pas développer eux-mêmes des armes nucléaires. Mais les régimes qui les soutiennent peuvent leur en fournir, sans avoir besoin de brandir des menaces directes avec des missiles. On peut donner une arme nucléaire à des terroristes, la mettre dans un conteneur, l'embarquer à bord d'un navire et la faire apparaître dans n'importe quel port. Les régimes militants islamiques comme l'Iran n'obéissent pas aux règles de prudence et de calcul des coûts et des bénéfices, du type de celles qui ont guidé les choix de toutes les puissances nucléaires depuis le début de l'ère nucléaire. Le plus grand danger auquel le monde ait à faire face est de voir des régimes islamiques militants se doter de l'arme nucléaire. Une arme nucléaire iranienne ou une prise du pouvoir des talibans au Pakistan doivent être prévenues par tous les moyens par la communauté internationale.

La Turquie, longtemps un allié et un partenaire d'Israël, est devenue très critique vis-à-vis de vous. Cela vous inquiète-t-il?

Je pense que la direction générale de la politique turque et son attitude envers Israël sont les conséquences d'un changement plus profond dans ce pays, et non pas ses causes. Nous préférerions que des relations pacifiques et productives, comme celles que nous avons entretenues au cours des deux dernières décennies, puissent reprendre. Mais la décision revient aux Turcs. Nous espérons qu'ils réaliseront l'intérêt de poursuivre leur partenariat avec Israël.

Quelle est la signification économique et politique de l'entrée d'Israël dans l'OCDE?

Israël a entrepris une transformation majeure, qui n'a pas été appréciée à sa juste valeur par des médias focalisés sur des sujets comme le terrorisme ou la colonisation. Israël est devenu l'une des puissances technologique du monde et se situe aujourd'hui juste après les États-Unis et le Canada dans la recherche, l'innovation et l'éducation. Nous avons connu une croissance spectaculaire et le potentiel économique que nous pourrons développer à travers des échanges de technologie bénéficiera à l'OCDE tout entière.

L'un des défis actuel est aussi de développer la situation économique des Palestiniens et de nos voisins. La coopération entre Israël, les Palestiniens, la Jordanie et l'Égypte - et, qui sait, peut-être un jour la Syrie et le Liban - pourrait contribuer à l'amélioration de la condition de tous. Cela ne se substitue pas à la paix politique, mais cela pourrait grandement l'aider.

Quelle place voudriez-vous laisser dans l'histoire d'Israël?

Israël est un pays différent des autres. C'est le seul pays du monde à être menacé de destruction. Personne ne veut rayer la France de la carte, c'est une particularité de l'État juif. Rappelez-vous que nous avons traversé une terrible expérience historique dans notre passé récent. Le peuple juif a payé d'un prix terrible le fait de ne pas avoir d'État. Que pouvons-nous imaginer quand nous entendons Nasrallah (le chef du Hezbollah, NDLR) ou Ahmadinejad (le président iranien, NDLR) parler de rayer Israël de la carte? Ce n'est pas un concept abstrait. Le premier ministre d'Israël a donc pour mission première d'assurer la survie de l'État juif, parce que l'histoire ne donnera pas une seconde chance aux Juifs. Sa seconde responsabilité est d'arriver à une paix réaliste. Ce qui signifie une paix qui aille au-delà des déclarations de bonne foi et des vœux pieux, et cela doit se traduire par de robustes garanties de sécurité.

Vous vous êtes décrit comme un faucon pragmatique. Êtes-vous plus «faucon» ou plus «pragmatique»?

Le Moyen-Orient est une région dangereuse, dans laquelle la seule paix qui dure est une paix que vous pouvez défendre. Si la paix implique d'affaiblir vos défenses, elle ne tiendra pas. Nous devons relever le défi d'arriver à une telle paix. Et aussi celui d'exploiter les possibilités qu'offre la nouvelle ère technologique qui commence. Quand je vois les importants changements à l'œuvre en Asie et à travers le monde, quand je vois ce que nous avons été capables de réaliser dans un pays où nous grattions le sable il y a à peine soixante ans, j'ai confiance dans l'avenir. Mais il y a des forces rétrogrades, comme celles des radicaux islamiques, qui s'opposent à la nouvelle civilisation de l'information et déploient contre elle une violence sans limites. Comment avancer vers l'avenir si nous devons en permanence lutter contre ces forces rétrogrades? Je crois que nous arriverons à les vaincre et que l'islam radical sera défait. Mais nous avons déjà vu d'autres idéologies fanatiques. Elles ont finalement été vaincues, non sans avoir auparavant causé de terribles souffrances au monde civilisé, et à mon propre peuple. Et cela ne doit pas se répéter.

Photo : D.R.

Un accord qui «ne résout rien sur le fond»

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18 Mai 2010
François Géré, directeur de recherches à l'Université Paris III et président fondateur de l'IFAS (Institut français d'analyse stratégique), revient, dans nouvelobs.com, sur l'accord Turquie-Brésil-Iran sur le nucléaire, annoncé lundi 17 mai 2010.

Que signifie l'accord sur le projet d'échange de combustible nucléaire entre l'Iran, la Turquie et le Brésil ? Prévoit-t-il l'abandon de nouvelles sanctions du Conseil de Sécurité de l'ONU à l'encontre de Téhéran ?

Il a deux conséquences à court terme : le report - et non l'abandon - des sanctions de l'ONU, et l'éloignement de la menace d'un Iran qui enrichit lui-même son uranium pour le réacteur de recherche nucléaire de Téhéran. Mais l'accord ne fait que reporter le problème, il ne résout rien sur le fond. Il prévoit uniquement l'envoi de 1.200 kg d'uranium enrichi à 3,5% en Turquie, qui est le total fixé en octobre 2009. Depuis, les Iraniens ont continué à enrichir de l'uranium et disposent de bien plus des 1.200 kg qu'ils s'engagent à envoyer. L'accord ne garantit pas qu'à chaque fois que l'Iran reconstitue son uranium, il l'enverra en Turquie. Le pays ne s'engage pas non plus à arrêter d'enrichir lui-même de l'uranium. Dans six mois, on pourrait se retrouver dans la même situation qu'aujourd'hui et arriver à une tonne d'uranium enrichi sur le territoire iranien.

Sur quoi l'accord peut-il déboucher ?

L'accord ouvre néanmoins la porte à un nouveau dialogue. Le gouvernement iranien indique qu'il veut reprendre le dialogue avec les 5+1 mais l'obtention d'un accord satisfaisant s'annonce difficile. Le Brésil et la Turquie viennent s'ajouter, avec la Russie et à la Chine, à la liste des pays qui s'opposent à des sanctions contre Téhéran. Cela fait quatre pays qui seraient contre de nouvelles sanctions, contre quatre autres qui seraient pour. La position diplomatique de l'Iran semble renforcée. Les grandes puissances sont maintenant dans l'attente de propositions sérieuses, constantes et crédibles de la part de Téhéran.

En quoi cet accord entre l'Iran, la Turquie et le Brésil est une médiation de "la dernière chance", comme l'ont qualifié Washington et Moscou ?

Cet accord était la dernière étape avant de nouvelles sanctions prises par le Conseil de Sécurité de l'ONU à l'encontre de Téhéran. Les Iraniens ont réussi à monter un accord qui dans l'état actuel, désamorce le processus grave qui était engagé et reporte de possibles sanctions à leur égard.

La Chine, qui a pris part aux discussions sur de nouvelles sanctions éventuelles, a-t-elle joué un rôle particulier dans la signature de l'accord avec le Brésil et la Turquie ?

La Chine a clairement poussé l'Iran à lâcher du lest. Pékin est très favorable à une entente sur la question du nucléaire iranien et la position chinoise est de dire qu'il y a de la place pour un accord. La Chine a un rôle de coéquipier.

De son côté, Israël a accusé Téhéran de manipulation en faisant semblant d'accepter un enrichissement de son uranium en Turquie. Ces accusations sont-elles fondées ?

Les Israéliens n'ont pas confiance. La position d'Israël est de dire à Téhéran : "On n'y croit pas, vous ne cherchez qu'à reporter les sanctions". Pour l'instant, l'Iran n'a fait que menacer d'enrichir son uranium à 20% mais n'a pas encore commencé à le faire. La peur d'Israël est que l'Iran enrichisse son uranium à plus de 20%. Si les Iraniens renoncent à démarrer l'enrichissement, cela écarte une échéance dangereuse.

Photo (François Géré) : D.R.

L'accord sur le nucléaire iranien "ne résout rien sur le fond" (nouvelobs.com)

Quand Shanghaï était aussi juive..., par Bruno Philip

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10 Mai 2010
Albert Londres, mort dans le paquebot qui le ramenait de Chine en France, disait de Shanghaï qu'elle était "de mère chinoise, de père américano-anglo-franco-germano-hollando-italo-nippon-judéo-espagnol". A l'heure où la mégapole brille de tous ses feux pour cause d'Exposition universelle, on avait peut-être un peu oublié, entre autres identités, le passé juif de celle qui fut le cosmopolitisme fait ville.

Georges Bensoussan : «Depuis quand choisit-on son ennemi et son partenaire pour négocier ?»

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10 Mai 2010
Pourquoi avez-vous signé "l’appel à la raison" de JCALL ?

Faisal Shahzad, du rêve américain au terrorisme

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06 Mai 2010
Lorsqu'il leva la main droite et prononça le fameux «serment de fidélité», ce 17 avril 2009 dans un petit tribunal de Bridgeport dans le Connecticut, Faisal Shahzad, désormais citoyen des États-Unis d'Amérique, réalisait enfin le rêve américain. Il pourrait voter, faire venir des membres de sa famille du Pakistan et voir grand au pays de tous les possibles. Seules lui restaient interdites la présidence et la vice-présidence, réservées aux citoyens nés sur le sol américain.

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