Ils sont pourchassés, emprisonnés, torturés, assassinés. Tous les moyens sont utilisés pour les contraindre à renier leur foi.
Par Marc Knobel, Directeur des Etudes au Crif
Située à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Mossoul, en Irak, la ville majoritairement chrétienne de Baghdida -également appelée Qaraqosh (en syriaque)- avait été prise par Daech en 2014, après que les troupes kurdes aient dû fuir, laissant la ville aux mains de terroristes fanatisés. Lors de la prise de la ville, près de 50.000 personnes avaient quitté Qaraqosh dans la nuit du 6 au 7 août 2014. D’autres avaient été malheureusement contraints de rester sur place.
Qaraqosh est la plus grande ville chrétienne en Irak, elle comptait 50 000 habitants avant son occupation par Daech en 2014. Depuis, le 20 octobre 2016, la ville a été libérée par l’armée irakienne.
Thierry Oberlé pour le Figaro du lundi 24 octobre raconte cette scène : A Qaraqosh, la Maison de Saint Paul, une mission de services et d’éducation pour les chrétiens, est intacte. Elle avait été rebaptisée « mosquée du Califat, comme l’indique une inscription sur une guérite devant l’entrée. Le hall a été transformé en salle de prière avec un coin ablution. La grande croix en pierre scellée dans un mur a été attaquée au marteau… Il est écrit sur un pilier « Attention ! Avis à tous les chrétiens ! Vous devez payer la djizia (l’impôt spécial dû par les non-musulmans), puis vous convertir. Sinon nous vous tuerons. Vous devez croire au Dieu de l’Islam ! ».
En cette inscription, nous trouvons là, probablement, toute la représentation obscurantiste du monde selon Daech, une conception profondément totalitaire et raciste, basée sur une soumission totale.
Aujourd’hui, l'armée irakienne s'efforce de progresser vers Mossoul à partir du sud, tandis que les combattants kurdes, les peshmergas, tiennent les fronts à l'est et au nord de la métropole.
Au-delà du martyr des chrétiens à Qaraqosh, il faut rappeler ici que dans une cinquantaine de pays, surtout au Proche et Moyen-Orient, (Irak, Syrie…) mais aussi au Nigeria, Irak, Syrie, Centrafrique, Soudan, Pakistan, Égypte et ailleurs, les Chrétiens d'Orient (ou pas) subissent des vexations quotidiennes, des discriminations et l'oppression est grande. Aujourd'hui, ils n'ont plus qu'un seul recours: partir. Qu'ils soient catholiques, protestants, coptes ou de tout autre confession, ils souffrent parce qu'ils sont victimes de guerres civiles, de massacres, de viols, parce qu'ils sont pourchassés, emprisonnés, torturés, assassinés. Tous les moyens sont utilisés pour les contraindre à renier leur foi: posséder une Bible est devenu un crime, la célébration des cultes est interdite, les Eglises sont brûlées, les cimetières sont profanés, les chrétiens sont pourchassés, emprisonnés, dénoncés, abattus, liquidés, et même crucifiés.
En novembre 2015, le Pape François avait lui-même appelé "à une vaste mobilisation des consciences" de tous ceux "qui ont des responsabilités au niveau local et international".
Il appartient donc à l'Humanité toute entière de réagir. Il ne s'agit pas seulement de détruire la pieuvre terroriste, de sauver ce qui peut l'être (encore), d'aider et de sauver des populations entières mais de reconstruire totalement tout ce qui aura été détruit, tout ce qui aura été martyrisé. Nous savons depuis la nuit des temps ce que l'Homme est capable de faire à l'Homme. Nous savons depuis la nuit des temps ce que peuvent être les atrocités qui ont été commises par l'Homme sur l'Homme. Il appartient maintenant à l'Homme de montrer et de démontrer urgemment qu'il peut mettre fin à cette folie barbare et sauver ainsi l'Humanité toute entière.
Contre le mal et le fanatisme nous sommes tous des Justes en puissance.