Tribune
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Publié le 3 Avril 2013

La communauté juive du Luxembourg : au cœur de l’Europe!

 

Par Pascal Markowicz, Président de la Commission des Relations internationales du CRIF

 

Le 25 mars 2013, j’ai eu le plaisir d’être reçu par mon Confrère et ami François Moyse, Président du Consistoire israélite du Luxembourg, en son bureau. Cet organisme regroupe les fonctions religieuses et politiques de la communauté juive du pays.

 

Nous avons l’habitude, assez régulièrement, de partager nos informations sur les préoccupations mutuelles de nos communautés : montée de l’antisémitisme, situation face au conflit israélo-palestinien, devoir de mémoire… Les sujets ne manquent pas !

 

Juste avant la Seconde Guerre mondiale, cette communauté comptait environ 4000 personnes (1,1% de la population totale). Actuellement, seulement 1500 Juifs la composent, dont une majorité est issue du caractère international de la population de ce pays. Le dynamisme économique et financier du Grand-Duché du Luxembourg attire des gens du monde entier.

 

Si, dans l’ensemble, la communauté juive, qui entretient d’excellentes relations avec les catholiques, les protestants et les musulmans, ne connaît pas l’importance des problèmes que nous rencontrons en France, la vigilance est tout de même de mise, car un certain islamisme radical pointe son nez.

 

Un changement du statut des cultes dans la Constitution est à l’étude. À l’heure actuelle, celui-ci est proche de ce que nous connaissons en Alsace où les responsables religieux dépendent de l’État.

 

Par ailleurs, un important débat est en cours au Grand-Duché, lié à la période de l’Occupation. Si le gouvernement luxembourgeois s’était réfugié à Londres, avec la famille de la Grande-Duchesse Charlotte, et organisait la Résistance, une Commission administrative civile a eu un rôle gouvernemental plus qu’équivoque, qui s’apparentait au régime de Vichy en France. Le Gauleiter Gustav Simon, nazi de la première heure et Chef de cette administration civile pendant les quatre années de l’occupation du pays, organisa la déportation de plus de 695 Juifs vers Lodz puis les camps de la mort d’Auschwitz et de Theresienstadt, après avoir été internés dans des conditions sordides, au camp de transit de Cinq Fontaines près de la ville de Troisvierges dans le nord du pays.

 

Seules 54 personnes survivront à la Shoah. 3000 Juifs réussirent à s’enfuir du pays entre le 10 mai 1940 (invasion du Luxembourg par les troupes allemandes) et le 15 octobre 1941 (veille du départ du premier des 7 convois de déportation vers les camps de déportation et d’extermination).

 

Le Président Moyse et la Communauté juive œuvrent activement pour qu’un monument digne de ce nom, à la mémoire de nos frères et sœurs du Luxembourg victimes de la Shoah, soit érigé dans un lieu adéquat de la ville de Luxembourg. Nous soutenons sa démarche, car, par ses temps troublés d’un regain d’antisémitisme en Europe, il est indispensable qu’un tel monument voie le jour dans le pays qui abrite nombre d’institutions de l’Union européenne.