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La situation en France:
De nombreux intellectuels juifs français se positionnent sur un terrain miné lorsqu’ils expliquent que la France ne serait plus un État où les juifs ont leur place. Chaque croix gammée taguée sur un mur fait l’objet de communiqués enflammés et de condamnations, comme si nous pouvions empêcher les provocations de décérébrés.
Les Juifs francophones d’Israël sont devenus les maîtres à penser des Juifs de France et ce n’est pas anodin. Leur objectif clairement avoué est de prouver aux Juifs qu’il n’est plus possible de vivre en France compte tenu d’une déferlante antisémite islamiste. Israël, État refuge pour les juifs attend avec impatience les prochains immigrants. Cette dialectique fait son chemin et alimente les théories nationalistes exacerbées d’un pays en pleine crise. Sur des sites juifs ou pro-israéliens francophones, les articles islamophobes vont au-delà de ce que l’on peut lire sur le site du Front National.
Faire peur, c’est le leitmotiv et ceux qui refusent d’entrer dans le moule sont d’affreux gauchistes.
Dénoncer l’islamisme radical est bien entendu une priorité, mais cette dénonciation ne saurait être productive si elle n’est pas accompagnée d’une ouverture et d’un dialogue avec ces musulmans qui ne se reconnaissent pas dans les valeurs du djihad armé. Nous, Juifs ne sommes-nous pas les premiers à être victimes d’amalgames ? On connait ça par cœur : un voleur, ou un escroc est arrêté, s’il est juif, c’est son identité juive qui l’aura incité à son travers. Devrions-nous tomber aussi bas que nos ennemis ?
La France n’est pas un pays antisémite. La France est l’un des États au monde dont la législation est la plus sévère contre le racisme et l’antisémitisme.
La lutte contre l’antisémitisme ne passe pas par l’exacerbation de la paranoïa.
Au sujet de la politique en Israël:
Les mêmes vendeurs de peur n’hésitent plus à désigner les traitres. Pas moins que l’actuel Président Shimon Perez, un ancien premier ministre, ou une ancienne ministre des affaires étrangères. Est-ce acceptable ?
Sont-ils d’affreux gauchistes, tous ceux qui ne se reconnaissent pas dans les manœuvres politiciennes de Benjamin Netanyahou et ses colistiers du parti de Lieberman ?
Est-il possible à la veille d’une élection de donner son avis sur la politique d’un gouvernement qui demande une reconduction de son mandat ?
Quelles qualités particulières ont ces procureurs pour jeter l’anathème sur tous ceux qui pensent autrement ?
Pour que chacun comprenne la bêtise de cette propagande extrémiste, vous trouverez plus bas quelques noms de ces affreux gauchistes :
Amnon Lipsik-Shahak, l’un des soldats les plus décorés de l’État d’Israël, ancien ministre, ancien chef d’État-major vient de mourir à l’âge de 68 ans. Il a eu en ligne le premier ministre Benjamin Netanyahou quelques jours avant son décès et l’a exhorté à modifier sa politique et à s’engager sur la voie de la Paix. Il avait signé en 2008 l’appel du groupe de pression J Street.
Ephraïm Halevy qui fut Directeur du Mossad entre 1998 et 2002 et qui est aujourd’hui un partisan d’un accord avec le Hamas.
Meïr Dagan qui fut Directeur du Mossad entre 2002 et 2010 et qui s’est déclaré contre une attaque de l’Iran, et pour des pourparlers de Paix avec les Palestiniens.
Yuval Diskin, l’ancien chef du Shin-Beth (la sécurité intérieure) a lui aussi pris publiquement des positions très tranchées contre Benjamin Netanyahou à propos de ses menaces contre l’Iran. « Il s’est interrogé en avril dernier : « Comment peut-on avoir confiance en des dirigeants politiques qui se fondent sur des sentiments messianiques pour prendre leurs décisions ? », et qui trompent l’opinion mondiale en affirmant qu’une attaque israélienne pourrait interrompre le programme nucléaire iranien.
Vous l’aurez compris, mon propos n’est pas de donner ou pas des satisfécits à l’un ou l’autre des deux camps. D’autant qu’il est probable qu’après les élections nous retrouvions au sein du gouvernement israélien une coalition élargie de droite à gauche.
Il s’agit de mettre en garde sur les effets pervers de la censure et de l’anathème.
Il règne un climat d’intolérance et de radicalisation insupportable, qui in fine ne servira que la cause des pires de nos détracteurs.