- English
- Français
Publié dans le Blog du CRIF par Virginie Guedj Bellaiche le 14 Octobre 2015
Hier à 8H30. Un terroriste a attaqué au couteau un passant le blessant légèrement. Un peu plus d’une heure et demie plus tard, c’est une autre attaque qui est perpétrée non loin du parc de la ville, faisant 3 autres blessés légers. De multiples attaques se produisent simultanément à Holon, Tel Aviv et Jérusalem où un homme a fait feu dans un bus. Le bilan fait état de 3 morts et de plusieurs blessés graves. Depuis que je suis installée en Israël, c’est la première fois que mon quotidien vacille réellement.
L’attaque a été perpétrée sur la grande artère, celle que je prends tous les jours en voiture ou à pied. A quelques mètres de ma banque et au même moment où je prends de temps en temps mon courage et mon hébreu incertain à deux mains pour déposer un chèque ou me faire traduire une lettre. Je me rends compte combien aussi violents, dramatiques et douloureux soient-ils, les attentats perpétrés à Jérusalem et les roquettes qui tombent à Sderot ou ailleurs me paraissent lointaines, à la limite de l’abstrait.
Pour la première fois…
… Les images retransmises à la télévision donnent à voir des commerces que je connais, des noms de rues où habitent mes amis Si la qualité des films amateurs pris au téléphone portable était meilleure, je pourrais presque reconnaître des visages.
… Les bruits des ambulances et des hélicoptères qui survolent la ville est assourdissant comme pour nous rappeler que danger est dorénavant du registre de l’ici et du maintenant.
Courir dans un miklat quand l’alerte sonne est une chose, ne plus pouvoir marcher dans la rue sans se demander si quelqu’un derrière nous est armé d’un couteau en est une autre. A ma fille, à ma mère, à moi-même, je dis « je n’ai pas peur ». La trouille est là, pourtant. Immense, irraisonnée pour certains. Mais je tiens, je dis, répète, radote, psalmodie, « je n’ai pas peur ».
Je dis « je n’ai pas peur » parce que ca m’aide pour demain à ne rien changer à mes habitudes.
Je dis « je n’ai pas peur » parce que finalement on en convient tous, « on n’est plus à l’abri nulle part »