Tribune
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Publié le 4 Septembre 2014

75e anniversaire du début de la Seconde guerre mondiale: des leçons à vocation contemporaine

Par David Harris, Directeur exécutif de l’AJC, publié dans le Huffington Post le 3 septembre 2014

Cela fait exactement 75 ans cette semaine que l'Allemagne nazie envahissait la Pologne, qui malgré sa tentative de résister vaillamment, fut submergée par une armée d'invasion numériquement et techniquement supérieure. Le 3 Septembre 1939, la Grande-Bretagne et la France déclaraient la guerre à l'Allemagne. L'histoire des années qui suivirent cette déclaration jusqu'à jour de la capitulation de l'Allemagne le 8 mai 1945, fut retranscrite fidèlement.

Au cours des six ans de bataille sur le continent européen - pour ne pas mentionner d'autres théâtres militaires clés en Afrique du Nord, au Moyen-Orient, et, bien sûr, en Asie - on estime que 50 à 60.000.000 personnes furent tuées et des dizaines de millions d'autres furent blessés, sans-abri, ou exilés.

Six millions de Juifs, dont un-et-demi-million d'enfants, furent parmi les victimes. Près de la moitié étaient issus de la Pologne, tandis que d'autres communautés juives comme celle de la Lituanie ou de la Grèce furent quasi-totalement anéanties.

Dans la quête vers ce qu'ils appelaient la Endlösung, ou Solution finale, les nazis avaient créé un tout nouvel alphabet du génocide : de la lettre «A» pour Auschwitz, le plus tristement célèbre des camps de concentration, à "Z" pour Zyklon-B, le gaz mortel gaz utilisé pour tuer un grand nombre de Juifs.

En effet, le mot même de « génocide » n'existait pas encore à l'époque. Le Premier Ministre britannique, Winston Churchill a dit en 1941: « Nous sommes en présence d'un crime sans nom. » Quelques années plus tard, un Juif polonais, Raphaël Lemkin, inventa le mot «génocide » pour se référer à la campagne nazie d'anéantissement du peuple Juif.

Cette occasion historique solennelle apporte des leçons dont la signification est contemporaine.

Tout d'abord, le monde démocratique, le plus grand espoir de l'humanité, ne doit jamais souffrir d'un manque d'imagination.

Adolf Hitler précisait ses objectifs dans Mein Kampf (et ailleurs) avant janvier 1933 au moment de devenir chancelier allemand. Or un ensemble de politiques, de diplomates, de journalistes et de chercheurs en Europe et aux États-Unis choisirent, pour « x » raisons, de ne pas le prendre au mot.

Au contraire, ils se sont convaincus, et à leur tour, ont cherché à persuader les autres, que les responsabilités de gouvernance contribueraient à modérer le Führer allemand ; qu'il ne pensait pas vraiment ce qu'il disait, mais avait recours à des excès rhétoriques afin de restaurer la fierté allemande après les humiliations de la Première Guerre mondiale et du Traité de Versailles ; ou qu'il pouvait servir de rempart utile contre la Russie bolchevique.

Deuxièmement, Winston Churchill était une exception héroïque. Il n'a jamais été dans le doute quant aux intentions d'Hitler, mais, hélas, il n'eut pas de poste politique au cours des années fatidiques de 1933 à 1939.

Voici, par exemple, ce qu'a écrit Churchill : « Un jour, le Président Roosevelt m'a demandé des suggestions sur comment la guerre devait être appelée. Je lui ai répondu...la guerre inutile. Il n'y a jamais eu une guerre plus facile à arrêter que celle qui vient de détruire ce qui restait du monde de la lutte précédente [la Première Guerre mondiale] ».

Churchill faisait allusion aux moments clés entre 1933 et 1939 - et il y en avait plusieurs - où les dirigeants auraient du résister au Troisième Reich plutôt que de détourner les yeux, à chercher à apaiser, ou à se convaincre que ce qu'ils voyaient n'était pas la réalité.

Compte tenu de la situation périlleuse du monde d'aujourd'hui, il n'est pas étonnant que tant de gens continuent à citer Churchill et aspirent à des dirigeants qui partagent ses qualités de leadership indéfectibles.

Troisièmement, il y a des moments où les outils du « soft power » - tels que le dialogue, la négociation et le compromis - ne fonctionnent plus autant qu'ils le devraient même si cela doit toujours être les options privilégiées.

Poussé par les théories raciales diaboliques, les ambitions territoriales, et l'aspiration à un «Reich millénaire», le régime nazi aurait pu être arrêté de cette façon et son idéologie serait « mort-née » il y a 75 ans, aujourd'hui… Lire la suite.