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Publié le 5 Février 2014

Alain Jakubowicz. Un pour tous

Portrait de Catherine Coroller publié dans Libération le 2 février 2014

 

Brillant débatteur, cet avocat lyonnais pousse la Licra, qu’il préside, à s’attaquer à Dieudonné et au racisme anti-Blancs.

 

Cela ne saute pas aux yeux, mais Alain Jakubowicz est un autre. Ou plutôt tous les autres. Il n’habite pas sa peau, mais celle de ses ancêtres, de ses amis, de ses clients, de ceux qui souffrent, des héros de ses livres ou de ses films. Plutôt spécialisé dans le droit des affaires, l’avocat est célèbre pour avoir défendu le consistoire israélite de France lors des procès Barbie, Touvier et Papon. La personnalité est médiatique depuis qu’il a été élu Président de la Licra en 2010 et se pose en héraut de la lutte contre tous les racismes, y compris anti-Blancs. Avec un brio qui ragaillardit la Licra, il est, bien sûr, monté en première ligne contre Dieudonné. S’il a immédiatement accepté ce portrait, il a demandé que la rencontre n’ait pas lieu dans son cabinet. «Trop personnel.» Il fixera finalement rendez-vous sur les marches du palais de justice historique de Lyon. Alain Jakubowicz est une personnalité publique. Sa biographie est connue : naissance à Villeurbanne, origines polonaises côté paternel, autrichiennes côté maternel. Arrivées en France en 1933, les familles ont miraculeusement échappé aux rets des nazis et de Vichy. Les autres parents restés en Pologne ont tous été exterminés. Cette histoire, Alain Jakubowicz la porte dans sa chair.

Atavisme. C’est «par atavisme» qu’il «bouffe la vie».«Je suis un jouisseur. D’une certaine façon, je vis la vie que ceux qui ont disparu n’ont pas pu vivre.» C’est également «par atavisme» qu’il fréquente la grande synagogue de Lyon d’obédience orthodoxe alors qu’il se sent plus proche du judaïsme libéral, même s’il s’affirme, comme Freud, «juif sans Dieu». «Je conserve avec cette synagogue des attaches ataviques», explique-t-il. C’est là que venait prier son grand-père paternel, arrivé de Pologne. «Aujourd’hui, le seul rang où il y a encore des plaques de l’époque est celui de ma famille. Il y a le nom de mon grand-père, celui de ses trois fils, et, surajoutée, une petite étiquette avec mon nom.» C’est «par atavisme» qu’il a choisi le barreau. «Mon père disait que s’il n’y avait pas eu la guerre, il serait devenu avocat.» Le grand-père avait une échoppe de tailleur, le père une manufacture de fabrication de fuseaux. Cette saga lyonnaise sur trois générations - voire quatre, ses trois enfants y ayant vu le jour, deux y résidant toujours et sa fille travaillant à son cabinet - l’ancre puissamment dans cette ville. C’est là qu’il se sent des racines, autre mot revenu à plusieurs reprises… Lire la suite.

 

Source: http://www.liberation.fr/societe/2014/02/02/alain-jakubowicz-un-pour-tous_977246