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Monsieur le Directeur général,
Depuis le 7 octobre dernier, date des attaques terroristes sanglantes du Hamas contre Israël et sa population, nous assistons, sur les réseaux sociaux, à la propagation alarmante de désinformations soutenues et relayées, pour certaines, par la Plateforme des ONG Françaises pour la Palestine (PFP), association subventionnée par l’Agence Française du Développement (AFD) depuis 2009.
Lors de votre audition au sein de la commission des affaires étrangères le 28 juin 2023, vous avez confirmé que l’AFD apportait son soutien financier à cette association via le dispositif initiatives OSC (Organisation de la Société civile).
Depuis 2009, c’est un peu plus d’un million d’euros qui auraient été octroyés à la PFP par l’AFD comme suit :
Le 7 juillet 2020, un communiqué de l’AFD [1] annonçait l’allocation d’une subvention de 320 000 euros pour la période 2020-2023, dans le cadre d’un « projet de structuration du milieu associatif et d’éducation à la solidarité internationale », expliquant notamment que la PFP poursuit plusieurs objectifs dont celui de « développer un centre de ressources et d’outils pédagogiques et de sensibilisation pour s’ouvrir au plus grand nombre ».
À la lumière des dernières actualités, cette dernière occurrence a une tonalité particulière, « la sensibilisation pour s’ouvrir à un plus grand nombre » s’apparentant à un relai idéologique de propagande, stigmatisant et criminalisant l’État d’Israël, cette association ne cachant aucunement son agenda politique antisioniste, en l’espèce.
En effet, le 13 octobre dernier, la PFP a publié une « Lettre d’info » intitulée « Attaques en Israël-Palestine : les clefs pour comprendre [2] », dans laquelle elle propose une sélection de ressources d’informations strictement partisanes et, en aucun cas contradictoires, accessibles via différents médias. Parmi les fils d’actualité proposés à ses lecteurs pour mieux comprendre les « attaques », celui d’Al Jazeera en anglais, mais encore les comptes Instagram AJ+, Orient XXI, Times of Gaza ou Eye on Palestine. Est-il besoin de préciser que le compte Eye on Palestine sur Instagram, était l’un des premiers comptes à relayer les vidéos de propagande sanglantes ultra-violentes du Hamas le 7 octobre dernier ? Enfin, la PFP propose à ses lecteurs de suivre les comptes d’influenceurs tels que Rima Hassan par exemple, d’un antisionisme radical parfaitement assumé.
Si nous nous questionnons sur le parti pris orienté « anti-Israël » de l’association quant à ses recommandations, que dire du passage de ladite « lettre d’info » intitulé « comprendre l’attaque du 7 octobre » formulé comme suit « Le samedi 7 octobre, le Hamas a lancé une attaque surprise sur plusieurs fronts (dans les airs, en mer et sur terre), baptisée "Déluge d’Al Aqsa". Israël s’est déclaré "en guerre". L’attaque lancée depuis Gaza a fait au moins 700 morts côté israélien, et les bombardements en représailles plus de 560 morts côté palestinien », qui ne fait aucune mention du caractère terroriste de l’attaque du 7 octobre, et ne qualifie aucunement le Hamas d’organisation terroriste ?
Dans la continuité de la partialité idéologique dont fait preuve la PFP dans sa « lettre d’info », nous soulignons le dernier conseil de lecture sur le thème de l’« apartheid ». En effet, la PFP y fait référence à une note d’analyse publiée par l’association le 5 mai 2022 formulant plusieurs recommandations envers les autorités françaises, parmi lesquelles la reconnaissance d’une situation d’apartheid institutionnalisée par l’État d’Israël envers le peuple palestinien. Cette fausse accusation porte en elle le rejet de la légitimité de l’État juif et vise à diaboliser ce que la PFP, ainsi que les signataires de la note veulent éradiquer, à savoir l’Etat d’Israël.
L’argument de l’« apartheid » pour qualifier le régime d’Israël fait référence, dans la conscience collective, au régime raciste que fut la République sud-africaine de 1948 à 1990, et permet une criminalisation maximale d’un État dont il ne reste, après cela, qu’à souhaiter l’écrasement et la disparition.
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L’action de l’AFD doit s’exercer dans le cadre stratégique fixé par l’État, dont la tutelle exercée sur l’établissement permet de vérifier le respect. En l’espèce, en tant qu’établissement public à caractère industriel et commercial, l’AFD assure la gestion d’une activité de service public et se doit d’être en adéquation avec les valeurs républicaines attachées à un État de droit.
Aujourd’hui, nous vous alertons sur le risque que représente le financement, par une autorité étatique, d’une telle organisation de lobbying important le conflit israélo-palestinien dans la sphère politique française, propageant des fausses nouvelles et faisant preuve de relativisme face à des actions terroristes ultra-violentes, plus particulièrement dans un contexte dramatique de forte augmentation des actes antisémites sur le territoire français. Nous n’oublions pas qu’en 2019, la PFP a mené une campagne acharnée visant à lutter contre la reconnaissance officielle par la France de la définition de travail sur l’antisémitisme élaborée par l’International Holocaust Remembrance Alliance (IHRA) [3], définition qui ne remet aucunement en cause la légitime critique de l’État d’Israël.
Dès lors, le soutien d’une telle organisation est fondamentalement contraire aux valeurs de la République et nécessite que l’AFD y mette un terme immédiatement.
Dans l’attente de votre retour, nous vous prions de croire, Monsieur, à l’expression de nos respectueuses salutations.
Mario Stasi
Président de la Licra
Yonathan Arfi
Président du Crif
*Copie adressée aux Ministres de tutelles de l’AFD
[1] https://www.afd.fr/sites/afd/files/2022-11-04-51-18/communique-ong-7-juillet-2020.pdf
[2] https://plateforme-palestine.org/Attaques-en-Israel-Palestine-les-clefs-pour-comprendre-edition-du-13-octobre
[3] https://www.holocaustremembrance.com/fr/resources/working-definitions-charters/la-definition-operationnelle-de-lantisemitisme-utilisee-par