Travail indispensable, mais expliquer Auschwitz est très difficile; les moindres approximations et confusions alimentent des ignorances dont on croit trop qu'elles ont disparu quand on est soi-même très impliqué et qu'on pense naïvement que chacun l'est également dans une société où le travail de mémoire s'est tellement développé ces dernières années.
Il faisait beau hier pendant la visite. Mais en retournant vers l'aéroport, je pense à ces hommes et ces femmes qui ont dû vivre dans la même neige, la même brume, parfois avec des températures descendant à -30°C. Comment ont-ils fait dans leurs baraques à peine chauffées, à peine vêtus, avec le travail harassant, les appels interminables debout sans bouger, les rations de famine?
Parfois au printemps Auschwitz et même Birkenau ont un air champêtre. C'est en hiver qu'il faut venir, pas pour comprendre, car comment comprendre la survie dans de telles conditions, mais pour se stupéfier de ce qu'ont vécu ceux qui ne sont pas entrés directement dans les chambres à gaz et dont la durée de survie moyenne dans le camp ne dépassait pas trois mois.
Richard Prasquier