Du 7 juin au 11 juin 2015, le CRIF, représenté par Paul Rechter, conseiller du Président et Eve Gani, directrice des relations internationales, a conduit une mission à Washington. Outre sa participation au Global Forum de l’American Jewish Committee au côté de Simone Rodan, directrice d’AJC en France et Sacha Reingewirtz, président de l’UEJF, le CRIF a renforcé son réseau de partenaires aux Etats-Unis en rencontrant des diplomates, des journalistes et des chercheurs.
L’inquiétude suscitée par les attentats de janvier 2015 a profondément impacté l’agenda du Global Forum de l’AJC où la situation de la communauté juive européenne, et particulièrement celle de la communauté juive de France, a été mise en avant. Beaucoup de juifs américains s’interrogent en effet sur la viabilité de la vie juive en Europe dans le temps. Ayant fait face au péril djihadiste, Lassana Bathily s’est vu remettre le prix du Courage moral par AJC. A la conférence, le CRIF a particulièrement mis en avant les faits (chiffres de l’antisémitisme, évolution de la menace djihadiste en France…) et les besoins opérationnels de la communauté française, faisant valoir un certains nombres de projets constructifs pour son avenir, comme la lutte contre la haine sur internet et le relogement de familles françaises en quartiers exposés.
Sur les questions internationales, le Sous-secrétaire aux affaires étrangères Antony Blinken, représentant John Kerry, a affirmé que les Etats-Unis continueraient à protéger la légitimité d’Israël sur la scène mondiale et que les Etats-Unis se battraient pour la participation pleine et entière d’Israël aux institutions de l’ONU. A. Blinken a affirmé que les Etats-Unis continueront à soutenir Israël contre les résolutions biaisées, “même si nous [les Etats-Unis] sommes le seul pays sur terre à le faire”, a affirmé Blinken.
Le CRIF a également échangé avec Frédéric Dore, numéro deux de l’ambassade de France à Washington, Olivier Gauvin, conseiller Afrique du Nord et Moyen-Orient et Jean-François Pactet, conseiller aux affaires stratégiques.
Les bases de partenariats avec des think tanks ont également été posées. Le CRIF a ainsi discuté avec le président de l'Hudson Institute, Kenneth R. Weinstein et le chercheur Benjamin Haddad d’une coopération à venir. Le CRIF a assisté à une conférence de Michael Doran organisée par le Hudson Institute, où l’expert a fait part de ses réserves concernant la stratégie de rééquilibrage voulu par l’administration Obama entre les pays sunnites et l’Iran. Selon M. Doran, cette stratégie ne garantira pas la paix régionale car l’Iran, au contraire des Etats sunnites, n’a pas intérêt à voir ISIS affaibli.
Le CRIF a aussi rencontré, à Arlington, la Rand Corporation qui est la plus importante think tank américaine sur les questions de défense et sécurité. Ils ont ensemble discuté d’une étude innovante menée par la Rand sur les coûts générés par le conflit israélo-palestinien. Cette étude, s’appuyant sur une modélisation économique plutôt que l’idéologie, a fait valoir les bénéfices économiques pour les deux parties de la création de deux Etats. A contrario, le boycott économique est une tactique coûteuse pour les israéliens, comme pour les palestiniens.
Le CRIF et la Rand ont discuté des travaux de chercheurs sur le terrorisme, comme ceux de Brian Jenkins, auteur de nombreux articles sur la menace jihadiste et le soutien aux jihadistes dans les pays occidentaux.
La Rand avait publiée en mars 2015 un numéro spécial de sa revue sur le « homegrown terrorism », le terrorisme venu de l’intérieur. Elle y tentait notamment de tirer, pour le public américain, « des leçons de Paris ».