Invité lundi 18 janvier aux "les Amis du Crif", dans un débat modéré par le journaliste Guillaume Durand, le premier ministre Manuel Valls s'est longuement exprimé sur les attentats terroristes qui ont mortellement frappé la France aux mois de janvier et novembre 2015. «On n'a pas voulu voir suffisament la montée de l'antisémitisme qui est à l'avant-garde de tout ce que l'on connaît aujourd'hui», a-t-il notamment estimé. «Les mouvements dans la société n'ont pas été à la hauteur de ce que l'on pouvait en attendre après les tueries perpétrées à Toulouse par Mohamed Merah (en mars 2012, NDLR)», a-t-il encore ajouté, citant par ailleurs les «Mort aux juifs» entendus lors de manifestations pro-Gaza organisées à Paris à l'été 2014. «Beaucoup se disent que s'il n'y avait eu que l'attaque de l'HyperCacher l'année dernière, nous n'aurions pas connu une réaction de cette ampleur...», a-t-il déploré, jugeant ce constat «insupportable».
Le chef du gouvernement a ainsi déploré que «les critiques de la politique d'Israël se (soient) transformées en un “antisionisme” dissimulant presque systématiquement de l'antisémitisme. Selon lui, de nombreuses «organisations participent de ce climat nauséabond», à commencer par la campagne internationale de boycott d'Israël «BDS». Réagissant à la manifestation organisée par le collectif BDS le 5 janvier dernier afin de protester contre un ballet de la compagnie israélienne «Bat Sheva», Manuel Valls a déploré qu'il s'agisse là de «la négation du rôle même de la culture». «J'en ai déjà parlé et j'en reparlerai avec le ministre de l'Intérieur. Les pouvoirs publics doivent changer d'attitude vis-à-vis de ce genre de manifestions. Ça suffit, on ne peut pas tout se permettre dans ce pays!», a-t-il finalement lancé.
Autre polémique sur laquelle le premier ministre s'est prononcé: la tribune que le président de l'Observatoire de la laïcité, Jean-Louis Bianco, a signée le 15 novembre dernier. Intitulé «Nous sommes unis» et publié dans Libération, l'appel réunissait notamment Samy Debah et Yasser Louati, directeur et porte-parole du très controversé Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), Radia Bakkouch, présidente de l'association interconfessionnelle Coexister, et Nabil Ennasri, proche du courant des sulfureux Frères musulmans. «L'Observatoire de la laïcité - qui est placé sous ma responsabilité - ne peut pas être quelque chose qui dénature la réalité de cette laïcité. Il doit être clair sur les appels que l'on signe: on ne peut pas signer des appels, y compris pour condamner le terrorisme, avec des organisations que je considère comme participant d'un climat (nauséabond), ça n'est pas possible»...
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