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Publié le 8 septembre dans Le Huffington Post
Six ans après une nuit d’horreur qui aura fait 130 morts et plus de 350 blessés en plein Paris, le procès historique des attentats du 13-Novembre 2015 s’est ouvert ce mercredi 8 septembre, à 12h30, au palais de Justice de la capitale, sur l’île de la Cité.
Ce rendez-vous judiciaire est amené à durer près de neuf mois -jamais une audience criminelle n’aura été aussi longue- et verra se succéder des centaines de parties civiles. Le dossier en compte au moins 1800. Conçue spécialement pour ce procès, la salle d’audience permet d’accueillir 550 personnes.
La cour d’assises spéciale doit juger au total vingt accusés, soupçonnés d’être impliqués à divers degrés dans la préparation des attentats jihadistes les plus sanglants en France et qui ont notamment visé le Stade de France et le Bataclan. C’est sans doute vers Salah Abdeslam que tous les regards se tourneront. Le Franco-marocain de 31 ans est le seul membre encore en vie des commandos téléguidés par Daech.
Après cette première partie de l’appel des parties civiles, l’audience a été suspendue brièvement une dizaine de minutes. Elle devrait reprendre à 20h, selon les déclarations du président de la cour d’assises spéciale rapportées par nos confrères sur place.
“Dangereux ou pas dangereux, on (les accusés) est des hommes et on est traités comme des chiens”, a lancé Salah Abdeslam en direction du président, après avoir enlevé son masque. “Ici (dans la salle d’audience) c’est très propre, il y a des écrans plats, de l’air conditionné, a-t-il ajouté. Mais derrière, personne voit ça.
“Cela fait 6 ans que je suis traité comme un chien (en prison). Et si je ne me suis jamais plaint c’est parce qu’après la mort, on sera ressuscités”.
Selon nos confrères sur place, le président a ensuite stoppé Salah Abdeslam avant de lui demander de se rassoir, ce qu’il a fait. “Nous ne sommes pas dans un tribunal ecclésiastique mais dans un tribunal démocratique”, a assuré le président.
Après une grosse demi-heure de suspension, l’audience a repris en l’absence de Farid Kharkhach. Ses avocats dénoncent les “conditions carcérales des accusés” et disent craindre une “réitération de ce type d’incidents”.
Un des avocats assure que Farid Kharkhach “ne fait pas ça pour faire la comédie”, qu’il est “fragilisé” et souffre de “dépression”. Il ajoute que l’accusé a “eu deux fouilles à nu” aujourd’hui, avant l’audience.
Selon une journaliste sur place, Juliette Campion, l’audience a été suspendue aux environs de 16h50 après le malaise d’un des accusés Farid Kharkhach, qui a été sorti du box.
“On va voir ce qu’il en est”, a ajouté le président quelques secondes avant la suspension de séance, dont on ne connait pas encore la durée.
Me Gérard Chemla, que nous avions interviewé pour un article sur la préparation de ce procès par les avocats des parties civiles, a pris la parole. Un de ses clientes lui aurait fait savoir que “la web-radio qui permet de suivre l’audience à distance ne marche pas”. “Ce moment devait lui appartenir et là, elle ne peut pas écouter”.
Le président de la Cour lui a alors rétorqué que “la web radio fonctionnait très bien et qu’il y avait seulement un décalage de 45 minutes”. “Oui mais les codes d’authentification ne lui ont pas été adressés”, a de nouveau rétorqué Me Chemla.
C’est la première fois qu’un dispositif de ce genre sera mis en place pour un procès criminel. Seul le son est diffusé, en différé donc, dans des conditions ultra-sécurisées. Pas question notamment que les débats soient retransmis au-delà de leurs destinataires, c’est-à-dire les parties civiles qui en ont fait expressément la demande.
L’audience est suspendue pendant cinq minutes. Un rescapé du Bataclan, Thierry, en a profité pour s’exprimer devant les caméras. Il estime qu’à travers ses propos un peu plus tôt, Salah Abdeslam a voulu “faire le mariole”.
L’avocate de 37 parties civiles, Me Geraldine Berger-Stenger, a jugé Salah Abdeslam “extrêmement virulent et combattif”. “Je ne suis pas sûre qu’il s’exprime par la suite sur le fond du dossier”.
L’appel des avocats des différentes parties civiles - près de 1800 - a débuté. Pendant deux jours, ces personnes blessées dans les attentats, proches de personnes décédées ou encore rescapés vont s’avancer par ordre alphabétique.
Dans un propos introductif, le président de la Cour Jean-Louis Périès a déclaré que “nous commençons un procès qualifié d’historique, hors-norme (…) mais ce qui importe c’est le respect de la norme, des droits de chacun à commencer par les droits de la défense”.
Et d’ajouter, selon nos confrères sur place: “Historique, certainement, car les faits que nous allons examiner sont inscrits dans les événements historiques nationaux et internationaux de ce siècle (...) nous devrons tous maintenir la justice dans sa dignité”.
Les 14 accusés, dont trois comparaissent libres (sous contrôle judiciaire), se sont présentés. A part Salah Abdeslam, aucun n’a fait référence à l’EI et tous ont décliné leur identité.
Six hommes ne sont pas présents et seront jugés en leur absence. Cinq présumés morts, et tous sont sous visés par un mandat d’arrêt, rappelle Aurélie Sarrot de LCI.
Le président de la cour, Jean-Louis Périès, a commencé par l’appel des accusés.
“Je tiens à témoigner qu’il n’y a pas de divinité à part Allah et que Mohammed est son messager”, a déclaré Salah Abdeslam avant de décliner son identité, rapporte les journalistes sur place. Et d’ajouter: “J’ai délaissé toute profession pour devenir un combattant de l’EI [groupe État islamique, NDLR].”
Il a refusé par ailleurs de donner les noms et professions de ses parents. ”Ça n’a rien à faire ici”, a-t-il jugé.
Les accusés présents dans le box on été replacés dans l’ordre alphabétique. Salah Abdeslam est donc à présent le plus près de la cour, rapporte Aurélie Sarrot de LCI. La cour a également pris place.
L’audience est ouverte.
Alors que l’audience devait initialement s’ouvrir à 12h30, elle n’avait toujours pas commencé à 13h, selon plusieurs journalistes sur place.
Le seul membre des commandos du 13-Novembre encore en vie a pris place en dernier dans le box des accusés. Selon notre consoeur Caroline Politi, il porte un tee-shirt noir, un masque noir, et a les cheveux mi-long tirés en arrière. Il a échangé quelques mots avec son avocate Me Olivia Ronen.
Incarcéré en France en avril 2016, il est resté quasiment mutique depuis. Une seule fois, face aux juges d’instruction, il s’est lancé dans une tirade religieuse justifiant les attaques.
Son témoignage sera donc très attendu. Mais il ne devrait pas parler tout de suite. En effet, son interrogatoire n’est pas prévu avant les 13 et 14 janvier prochains.
De nombreux journalistes qui prévoient de live-tweeter l’audience notent que la connexion Wifi (et 4G) est très mauvaise dans la salle de retransmission du procès, probablement en raison du grand nombre de connexion simultanées.
Selon plusieurs journalistes qui couvrent le procès sur place, les accusés viennent de rentrer dans le box. “Les accusés, masqués, entourés d’une foule de gendarmes et de leurs avocats sont difficiles à reconnaître. Certains ont mis une chemise, d’autres sont en survêts”, note Caroline Politi de 20 minutes.
Parmi eux, on retrouve notamment le seul membre des commandos du 13-Novembre encore en vie Salah Abdeslam, Mohamed Abrini ou encore Yassine Atar.
Rues bloquées et contrôle de police aux alentours du Palais de Justice de Paris: le procès sera très sécurisé. Au bord de la Seine, les abords du palais de justice historique étaient bloqués depuis l’aube ce mercredi matin, par un large périmètre de sécurité
Alors que 141 médias, dont 58 venus de l’étranger, ont été accrédités pour le début de ce procès, seule une vingtaine de journalistes tirés au sort pourront accéder à la salle d’audience ce mercredi 8 septembre.
Selon le journaliste Aurélien Poivret, d’EBRA Presse, ce tirage au sort ne concerne que le créneau 12h30-16h ce jour.
Invité de franceinfo ce mercredi matin, l’ancien président de la République, François Hollande doit s’exprimer pendant le procès le 10 novembre prochain. Il a promis de répondre à toutes les questions qui se poseront sur les décisions prises pendant la nuit du 13 novembre 2015.
François Hollande, ancien président de la République, est l'invité du 8h30 franceinfo.
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— franceinfo (@franceinfo) September 8, 2021