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Le Crif : La marche civique du 12 novembre contre l’antisémitisme a été un beau succès. Avec le recul, quel sens donnez-vous, à cette mobilisation citoyenne, à ce qu’elle nous dit ?
Sylvain Maillard : Je tiens d’abord à saluer la démarche de Yaël Braun-Pivet, la Présidente de l’Assemblée nationale, et de Gérard Larcher, le Président du Sénat, qui ont lancé l’appel qu’il fallait, au moment où il le fallait et à la hauteur qu’il fallait, pour que les Français puissent se mobiliser « pour la République et contre l’antisémitisme », qui était l’intitulé de cette marche qui a été en effet un beau succès.
Près de 200 000 personnes ont participé spontanément à cette marche dans toute la France, d’une manière très digne, dans le calme, cela est un beau signe pour la France et notre République, cela correspond au sursaut que nous attendions de nos concitoyens pour dire « Stop à l’antisémitisme ».
Le Crif : Sursaut durable ou liée à une émotion qui peut être passagère ?
Sylvain Maillard : L’histoire nous le dira mais cette marche a été un sursaut nécessaire et très positif dans une situation qui devenait intenable et bien sûr inacceptable : plus de 1 500 actes antisémites dans les quarante derniers jours ! C’était très important que les citoyens Français, dans leur grande diversité, aient pu dire en grand nombre : « nous n’acceptons pas, pour notre République, cette flambée d’antisémitisme ». C’est encourageant.
Le Crif : Certaines absences ont été fortement commentées. Toutes les absences ne sont bien sûr pas comparables mais celle du Président de la République Emmanuel Macron n’a pas été comprise, elle a même été critiquée comme une forme de distance ou de prudence qui n’a pas lieu d’être.
Sylvain Maillard : Personne ne peut mettre en cause l’engagement du Président de la République dans la lutte contre l’antisémitisme, personne. En décembre 2019, quand j’ai porté la résolution pour inclure l’antisionisme dans la définition de l’antisémitisme, le Président de la République était à mes côtés pour l’approuver et la soutenir.
Le Crif : Cela correspondait aussi à une séquence où le Président Macron avait semblé, dans son interview à la BBC, incriminer unilatéralement Israël dans la guerre que le Hamas a déclenché le 7 octobre. Cela a créé un trouble et l’impression qu’il y a flottement dans la position d’Emmanuel Macron sur Israël et la guerre menée à Gaza contre l’organisation terroriste…
Sylvain Maillard : J’ai l’honneur de présider le groupe Renaissance à l’Assemblée nationale et notre ligne est très claire. Elle repose sur plusieurs points principaux. Premièrement, Israël a le droit de se défendre, cela a été rappelé dès l’attaque terroriste sans précédent en Israël, du 7 octobre, et après. Deuxièmement, le sort des otages : nous faisons tout pour que nos otages puissent être libérés. C’est essentiel. On n’en parle pas assez, d’ailleurs, c’est l’un des points les plus importants.
Le Crif : Même si les otages font l’objet d’un odieux chantage de la part du Hamas ?
Sylvain Maillard : Bien sûr, c’est ce qui caractérise aussi l’ignoble action de cette organisation terroriste et leur déshumanisation. Le Président de la République a dit aux familles d’otages que, bien évidemment, dès qu’il aurait des preuves (directes ou indirectes) de vie des otages, il les communiquerait directement aux familles. Troisième point : nous demandons que la trêve humanitaire mise en place par Israël, permettant de ravitailler et soigner les populations de Gaza, puisse continuer. Plus de deux millions de personnes sont dans une situation extrêmement difficile.
Enfin, quatrième point, essentiel aussi, il faut mettre en place une issue politique à ce conflit. Je suis allé moi-même sur le terrain, j’ai vu en Israël des députés de la Knesset, quels que soient leurs bords politiques, je suis allé en Cisjordanie à Ramallah aussi rencontrer des représentants de l’Autorité palestinienne, je suis persuadé qu’une solution durable ne viendra que du terrain. Je crois en la force de la société civile, en Israël comme chez les Palestiniens pour y arriver.
Le Crif : En attendant une issue politique pouvant se préfigurer d’ici quelques mois peut-être, il y a les opérations de l’armée israélienne contre le Hamas, contre ses infrastructures militaires, ses armements et ses hommes armés. Le Président de la République avait parlé, en Israël le 24 octobre, de la nécessité d’une coalition internationale comme celle qui avait défait Daesh. Pourquoi la proposition n’est plus avancée ?
Sylvain Maillard : Le Président de la République a proposé et propose différentes voies, il accompagne et va accompagner la voie qui sera jugée la plus efficace et qui englobe le plus d’acteurs. C’est pour cela aussi que la perspective d’une issue politique est importante, elle peut réunir. Cette issue politique va se construire dans la région. Cette voie est fortement accompagnée par la France, par d’autres en Europe, par les États-Unis bien sûr, mais l’issue politique doit se trouver et devra se réaliser concrètement sur place.
Le Hamas est un groupe terroriste et il en va de la protection de nos démocraties, comme de la démocratie israélienne, de le combattre.
Le Crif : Dans le court terme, Israël doit donc être seul à mener le combat contre le Hamas ?
Sylvain Maillard : Israël n’est pas seul, du point de vue politique et diplomatique. Les États-Unis et l’Europe l’accompagnent et le soutiennent.
Pour la France, avec les quatre principes évoqués, il s’agit d’être solidaire de la démocratie israélienne et de son peuple, qui ont été sauvagement attaqués et de contribuer activement à trouver une issue politique qui, à terme, pourra correspondre à la fois aux droits des Palestiniens et à la sécurité des Israéliens.
Israël n’est pas seul, les États-Unis et l’Europe la défendent mais il ne faut pas oublier les accords d’Abraham. Ce qu’il y a de nouveau dans ce conflit, par rapport aux guerres qu’a connu Israël années 70, c’est les nouveaux liens qu’elle entretient désormais avec les pays du Golfe.
Propos recueillis par Jean-Philippe Moinet
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