Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean-Pierre Allali - Un exil français. Un historien face à la Justice, par Georges Bensoussan

30 Mars 2022 | 149 vue(s)
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Opinion

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

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Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

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Un exil français. Un historien face à la Justice, par Georges Bensoussan (*)

 

Historien réputé, Georges Bensoussan a longtemps été le responsable éditorial  du Mémorial de la Shoah. Son nouvel ouvrage est un véritable cri. Le cri d’un homme blessé qui considère qu’il a été injustement attaqué et qui veut se défendre, arguments imparables à l’appui. C’est le 10 octobre 2015, au cours de l’émission « Répliques » animée par Alain Finkielkraut, que les ennuis de Georges Bensoussan ont commencé. Son crime ? Avoir cité de manière inexacte les propos du sociologue Smaïn Laacher relatifs à l’antisémitisme que l’on constate au sein de certaines familles musulmanes.

Voici, rappelons-le, les propos de Laacher tenus devant la caméra du cinéaste producteur Georges Benayoun : « Cet antisémitisme, il est déjà déposé dans l’espace domestique et il est quasi naturellement déposé sur la langue, déposé dans la langue. Il est dans l’air qu’on respire. Des parents à leurs enfants…quand ils veulent les réprimander, il suffit de les traiter de Juifs. Bon, mais ça, toutes les familles arabes le savent ! C’est une hypocrisie monumentale que de ne pas voir que cet antisémitisme, il est d’abord domestique ». Comme Bensoussan, dans l’entretien à « Répliques » n’a pas de notes, il cite, certes imprudemment, de mémoire et dit que dans les familles musulmanes, on tête l’antisémitisme « avec le lait de la mère ».

C’est le tollé. On parle de racisme, on évoque l’essentialisme. Le CCIF (Collectif Contre l’Islamophobie en France) engage un « signalement ». Il est rejoint par la LDH (Ligue Française pour la Défense des Droits de l’Homme et du Citoyen), le MRAP ( Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples), SOS-Racisme, Touche Pas À Mon Pote et la LICRA ( Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme). La chasse à l’homme est lancée. Les tribunaux s’érigent. Comme le dit fort justement Jacques Julliard dans sa préface : « Le seul crime de Georges Bensoussan, c’est sa clairvoyance et son engagement. Il témoigne, tout au long de son œuvre, de deux qualités : la lucidité et le courage, qui dans l’action politique ne sont rien l’une sans l’autre, mais qu’il est si rare de rencontrer ensemble ».

La procédure judiciaire est ouverte en janvier 2017. Le procès va s’étaler sur trois ans, d’octobre 2016 à septembre 2019. Il se tient à la 17ème Chambre du Tribunal Correctionnel de Paris.

Un véritable marathon. En mars 2017, un jugement de relaxe en première instance est cassé. C’est l’appel en mars 2018. En mai 2018, la relaxe est confirmée. Il faut attendre encore seize mois pour que la Cour de Cassation rejette définitivement les recours introduits par trois des parties civiles sur les six initiales (La LICRA, notamment, s’est retirée).

L’ouvrage de Bensoussan est aussi l’occasion de rappeler ses combats aussi divers que légitimes : pour la mémoire de la Shoah, bien sûr, mais aussi pour dénoncer les Territoires perdus de la République, la tragédie souvent méconnue de l’exil des Juifs originaires du monde arabo-musulman ou encore l’histoire, parfois défigurée par certains, du sionisme qui a permis la renaissance, en 1948 d’un État juif sur les terres ancestrales du peuple juif.

Les meurtres ignobles de Sarah Halimi et de Samuel Paty sont souvent évoqués au fil des pages.

Le livre est aussi, pour son auteur, l’occasion de distinguer entre les amis fidèles de ceux qui le sont moins et de pointer du doigt ses ennemis irréductibles.

Les attendus du Tribunal sont proposés en annexe.

Le procès intenté à Georges Bensoussan s’apparente-t-il, comme certains ont pu le dire, à une nouvelle Affaire Dreyfus ? Le lecteur jugera.

À lire absolument et sans tarder.

 

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions L’Artilleur. Préface de Jacques Julliard. Septembre 2021. 382 pages. 20 €.