Bruno Halioua

Président de la Commission Souvenir du Crif

Le billet de Bruno Halioua – De l’accusation médiéval d’empoisonnement des puits à l’utilisation de la poliomyélite comme arme de guerre par Israël

05 Septembre 2024 | 111 vue(s)
Catégorie(s) :
Actualité

Découvrez mon discours prononcé lors de la plénière de clôture de la 11ème Convention nationale du Crif, le 14 novembre 2021, en présence du Premier ministre Jean Castex.

Pages

Israël

Par Chloé Blum

Par Chloé Blum

Dans la Vieille Ville de Jérusalem, dissimulé au milieu des pierres millénaires, se cache un trésor tout israélien : une exposition en réalité augmentée pour retourner dans le passé et découvrir le second Temple comme on ne l'a jamais vu. Ajustez vos masques, embarquement immédiat !

Il y a 70 ans, le 29 novembre 1947, était voté par l’ONU à New York, le plan de partage de la Palestine mandataire. Cette résolution numéro 181 prévoyait la création de trois entités : un État juif, un État arabe et Jérusalem placé sous contrôle international.

Alors que le Fatah et le Hamas tentent une énième poignée de main historique, la diplomatie israélienne y répond par un silence qui mérite une attention particulière.

 

 

"Le terrorisme et l'antisémitisme ont marqué cette année passée"

Pages

Opinion

À l'aube de 5783, découvrez les vœux de Yonathan Arfi pour Roch Hachana. 

Pages

Tout le monde se souvient des propos de mars 2024 d’Hubert Védrine, ex-ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères qui avait accusé certains habitants juifs de Cisjordanie d’empoisonner des puits. Il reprenait la sempiternelle accusation médiévale d'empoisonnement des puits par les Juifs. Or voici que l'ONG Oxfam (dont la directrice général en France est l’ex-ministre Cécile Duflot) qui vient officiellement d’accuser, le 18 juillet 2024,  Israël d’utiliser l’eau comme une « arme de guerre » à Gaza, avec des coupures d'approvisionnement, du pompage et de la destruction des usines de retraitement.

En parallèle, le 23 juin 2024, des échantillons d'eaux usées prélevés à Gaza (Deir al-Balah et Khan Younès) ont révélé la présence du virus de la poliomyélite. Cette découverte a suscité une vague d'indignation sur les réseaux sociaux, qui ont conduits certains à accuser Israël d'utiliser la poliomyélite comme arme de guerre contre la population de Gaza. Les propagandistes du Hamas ont alors prétendu que l'objectif d'Israël était de provoquer une épidémie de poliomyélite à Gaza. Voilà longtemps que les antisionistes ont compris qu’il était dans leur intérêt de stigmatiser Israël en utilisant à tort et à travers la célèbre maxime de Joseph Goebbels, ministre de la Propagande du Troisième Reich : « Un mensonge, plus il est gros, plus il est cru ; plus il est répété, plus il est cru. »

Il est crucial de clarifier deux points pour répondre aux accusations fallacieuses d’utilisation de la poliomyélite comme arme de guerre bactériologique par Tsahal :

 

  • Origine génétique égyptienne du virus : Le séquençage génomique des isolats de poliovirus retrouvés à Gaza montre que ces souches sont génétiquement proches et liées au variant qui circulait en Égypte au second semestre 2023. Cela indique que le virus aurait pu être introduit à Gaza dès septembre 2023, bien avant le conflit armé survenu après le 7 octobre.
  • Nature du poliovirus : Le poliovirus de type 2 (PVDVc2), découvert à Gaza, est une souche dérivée du vaccin oral contre la poliomyélite. Bien que ce vaccin contienne une version vivante mais atténuée du virus, il est connu pour parfois évoluer en une forme plus virulente dans les régions à faible couverture vaccinale. Cette souche mutée ne provient pas d'une action délibérée mais est plutôt le résultat d'une faiblesse dans la couverture vaccinale.

 

Pour contrer le risque d'épidémie, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et d'autres agences des Nations Unies ont lancé une campagne de vaccination le 1er septembre, ciblant plus de 640 000 enfants à Gaza avec 1,6 million de doses de vaccin antipoliomyélitique. Israël a accepté de faciliter cette campagne en permettant l'entrée des vaccins et en garantissant leur conservation. Israël reste attentif à la situation en raison du risque élevé de propagation de cette souche. Il a d’ailleurs été rapporté un cas de paralysie pédiatrique causée par la poliomyélite chez un enfant dans la région de Jérusalem, et huit autres enfants asymptomatiques ont été testés positifs pour la poliomyélite grâce à leurs échantillons de selles. À l’exception d’un enfant, les enfants détectés pour la poliomyélite ne sont pas totalement vaccinés. Des traces du virus ont été retrouvées dans les égouts de Jérusalem. Ce n’est pas une situation exceptionnelle puisque des traces d’une forme de polio, dérivées d’une souche vaccinale ont également été détectées dans les égouts de New-York et dans une station d’épuration du nord-est de Londres en 2022. En Ukraine, des cas ont également été signalés avant le début de la guerre, en octobre et décembre 2021. Les seuls cas de poliomyélites symptomatiques ont été au Pakistan et en Afghanistan. Bien entendu dans ces pays (ouf) on n’accuse pas Israël d’être responsable de la poliomyélite. Il est vrai qu’il y a longtemps qu’il n’y a plus de Juifs dans ces deux pays… En revanche les campagnes organisées, sous l’égide de l’OMS se heurtent parfois au Pakistan à des résistances où des vaccinateurs sont régulièrement assassinés notamment sur fond de rumeurs d’espionnage. Bien entendu, personne n’en parle…

 

En résumé, les accusations selon lesquelles Israël utiliserait la poliomyélite comme arme de guerre sont infondées. La situation à Gaza est davantage liée à des problèmes de couverture vaccinale qui est passé de 99 % à 90 % en l’espace d’un an qu’à une quelconque stratégie malveillante.

 

Dr Bruno Halioua, Président de l'AMIF, membre du Bureau exécutif du Crif, Président de la Commission du Souvenir du Crif

 

- Les opinions exprimées dans les billets de blog n'engagent que leurs auteurs -