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Publié le 24 Février 2022

France - Sous le palais de justice de Rouen, "La Maison Sublime" dévoile les secrets enfouis du plus ancien monument juif de France

Synagogue, centre d'études, riche résidence ? Quelle est cette "maison sublime" découverte sous le palais de justice de Rouen lors de travaux de terrassement en 1976 ? Des vestiges qui n'ont pas encore révélé tous leurs secrets… Notre documentaire du jeudi tente d'en percer les mystères.

Publié le 24 février dans France 3 Normandie

Dans la chaleur du mois d’août 1976, des ouvriers font des travaux de terrassement dans la cour du palais de justice de Rouen. En creusant, ils découvrent par hasard une cavité entourée de murs : le rez-de-chaussée d’un bâtiment de style roman, construit au 11e ou au 12e siècle. On lui donnera bientôt le nom de "Maison Sublime", conformément à l’un des graffitis hébreux gravés dans la pierre : "Que cette maison soit sublime pour l’éternité." Mais elle n’a pas encore révélé tous ses secrets… Notre documentaire du jeudi tente de percer le mystère.

Ce monument, c’est le plus ancien monument juif de France mais c’est sans doute aussi le plus ancien monument juif d’Europe. Jacques-Sylvain Klein, délégué de l’association Maison Sublime de Rouen. Extrait de "La Maison Sublime" de Cécile Patingre

"On connaissait l’existence de communautés juives assez importantes et nombreuses principalement en Champagne, avec notamment Rachi de Troyes qui était le grand maître du judaïsme médiéval. En Alsace. Et puis aussi un petit peu à Paris et dans le sud de la France.

Mais concernant la Normandie, on ne connaissait quasiment rien. En un été, (…) Rouen est devenu un des très hauts lieux de l’archéologie juive", explique Jacques-Sylvain Klein, délégué de l’ association Maison Sublime de Rouen dans le documentaire « La Maison Sublime » de Cécile Patingre.

La découverte de ce bâtiment est essentielle parce qu’elle permet de mieux comprendre le quartier juif de Rouen. Ce n’était pas un ghetto, mais un lieu ouvert, où les Juifs vivaient côte à côte avec les Chrétiens.

En ces XIe et XIIe siècles, Rouen est alors une très grande ville de 40.000 habitants, dont 20% de Juifs, selon certaines estimations. Ils bénéficient de droits de résidence, de commerce, de léguer des biens à leurs héritiers, de recouvrer les créances auprès de la Cour royale. On estime que l’apport des juifs représente le tiers des recettes fiscales du royaume.

Rouen est à cette époque un haut lieu de la vie intellectuelle juive. Les lettrés juifs échangent et débattent notamment avec les lettrés chrétiens au sujet de l’interprétation des textes.

La Maison Sublime est ainsi le témoin d’un temps exceptionnel de tolérance dans l’histoire européenne.

Une maison pour quel usage ?

C’est le grand mystère de la Maison Sublime. Et encore aujourd’hui, le débat subsiste entre archéologues, historiens et chercheurs. Là où certains voient une « yeshiva », c’est-à-dire un lieu d’étude des textes du judaïsme, d’autres voient une synagogue ou la résidence d’un Juif fortuné.

Dans le documentaire de Cécile Patingre, le rabbin de Rouen, Chmouel Lubecki, livre son sentiment. Pour lui, le terme de « Maison Sublime » gravé dans la pierre "ne peut pas être sur une maison d’une personne. Ca ne peut être que sur un endroit saint, c’est-à-dire ou une yeshiva ou une synagogue. Si on écarte l’hypothèse de la synagogue, parce qu’on n’écrit pas sur les murs d’une synagogue, il ne reste que l’hypothèse de la yeshiva (lieu d’étude des textes du judaïsme)."

"Pour moi c’est un élève. Surtout à la taille où le graffiti se trouve. Il ne l’a pas écrit debout, il l’a écrit assis. Donc il doit être en train d’écouter le cours de son maître devant lui, il est assis, et là il se met à prendre une pierre et à écrire sur le mur son sentiment."

Au début du 14e siècle, les Juifs seront expulsés du royaume de France et leurs biens saisis.

"Bientôt on va devoir quitter ce lieu, [l’élève] discute avec son ami de la situation et il dit on va graver ça dans le mur pour que ça reste éternel.

On est dans cette théorie où ils sont dans les derniers jours. Ils doivent certainement subir des persécutions. Et donc [cet élève] écrit son souhait qu’il y aura une fin à tout ça. C’est peut-être ça le sens.

Il veut qu’il y ait une trace. Qu’une personne vienne, le lise et découvre ce sentiment qu’il avait", explique Chmouel Lubecki, le rabbin de Rouen, dans le documentaire.

 

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