Yonathan Arfi

Le nouveau Président du Crif, un militant juif et citoyen

Colloque « Les Juifs dans la République : entre promesse universaliste et regain de l'antisémitisme » - Discours du Président du Crif

28 Septembre 2023 | 122 vue(s)
Catégorie(s) :
France

La semaine dernière, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) proposait dans sa newsletter et sur ses réseaux sociaux un contenu qui a fait polémique.

Mon discours prononcé au dîner du Crif Grenoble-Dauphiné, le 22 octobre 2017.

Mon discours à la cérémonie d'hommage aux Juifs engagés volontaires qui s'est tenue le 15 octobre 2017 au cimétière de Bagneux.

Dans ce courrier, j'ai félicité Audrey Azoulay pour son élection. J'ai également attiré son attention sur les positions récentes de l'Unesco sur Jérusalem et commente les relations passées de l'organisation avec le Crif.

Mardi 10 octobre 2017, j'ai été reçu par le Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères pour un long tour d'horizon.

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#BlogDuCrif - Devoir de mémoire
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20 Septembre 2017
Catégorie : France

Il y a 76 ans, le 15 décembre 1941, 69 hommes ont été fusillés au Fort du Mont Valérien à Suresnes, dans les Hauts de Seine par les autorités d’occupations allemandes. Ces hommes, français et étrangers, furent arrêtés par les forces de polices françaises de la Préfecture de police du département de la Seine (à l’époque).

Je vais vous raconter l’histoire de Moritz Singer, mon oncle, le frère de ma mère, un de ces fusillés.

En 2017, Roger Pinto, sa femme et son fils ont été séquestrés, violentés et détroussés à leur domicile de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), "une agression antisémite" condamnée par le Crif et le ministre de l'Intérieur. Une première ?

"Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe…"
 

 

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Actualité

Dimanche 13 janvier 2019, le Crif a organisé un voyage de mémoire à Auschwitz-Birkenau. Ensemble, au cours de cette journée, nous avons honoré le devoir de mémoire qui nous incombe et sommes devenus les témoins des témoins.

L'historien Laurent Joly publie un nouvel éclairage sur la collaboration de la France occupée à la déportation des juifs. Une œuvre magistrale.

Le Crif souhaite un prompt rétablissement à Jean-Pierre Allali suite à son récent accident et espère le retrouver très vite en pleine forme.

Jeudi 6 septembre s'est tenue la cérémonie d'échange des vœux entre les responsables de la Communauté juive, la Maire de Paris Anne Hidalgo et la présidente du Conseil régional d'Ile de France Valérie Pécresse.

Jeudi 26 juillet, j'ai écrit au Ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian afin de lui faire part de mon étonnement face à l'absence de mention d’Israël dans les déclarations du Quai d'Orsay suite à l'évacuation de casques blancs syriens.

Mercredi 25 juillet, j'ai adressé des courriers aux Présidents respectifs de la Fédération Française des Échecs et de la Fédération Française de Judo. L'objectif : mener à bien le combat pour l'égalité et contre la discrimination de toute nature.

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Crédits photos : ©Alain Azria

 

À l'occasion de l'anniversaire du vote du décret d'émancipation des Juifs de 1791, s'est tenu mercredi 27 septembre, le premier colloque du Crif « Les Juifs dans la République : entre promesse universaliste et regain de l'antisémitisme » à l’Assemblée nationale.

 

***

 

Madame la vice-présidente de l’Assemblée nationale

Mesdames et Messieurs les députés

Monsieur le Grand rabbin de France,

Mesdames et Messieurs les orateurs et oratrices de ce colloque,

Mesdames et Messieurs,

 

Chacun a une date de naissance personnelle. Les Français juifs ont également une date de naissance collective : nous sommes nés le 27 septembre 1791.

 

Il y a 232 ans, jour pour jour, l’Assemblée nationale constituante adoptait le décret d’Émancipation des Juifs de France et faisait entrer 40 000 Juifs dans la citoyenneté française.

 

Le texte est aussi court que l’ambition est grande. Le cœur de cette promesse tient en quelques mots : « L’Assemblée nationale révoque tous ajournements, réserves et exceptions […] relativement aux individus juifs qui prêteront le serment civique […] ».

Ce jour-là, les Juifs de France sont promus pour la première fois en Europe au rang de citoyens comme les autres. Il y avait auparavant des Juifs de France depuis près de 2 000 ans, il y a du jour au lendemain, si l’on peut dire, des Français juifs.

 

Le 27 septembre 1791 c’est aussi le triomphe de l’universalisme des Droits de l’Homme, un pas de plus vers la concrétisation politique de la philosophie des Lumières et vers la création de la République française, proclamée le 22 septembre 1792.

Ce matin de septembre 1791, l’idéal républicain en gestation a mis son projet politique en cohérence avec son ambition universaliste en émancipant les Juifs.

Pour les Français juifs qui font partie de cette citoyenneté républicaine depuis 1791, l’universalisme mis en acte a été le synonyme à la fois de la liberté et de l’égalité.

Sans doute, d’ailleurs, notre sensibilité actuelle face à l’affaiblissement du cadre républicain vient-elle de ce souvenir du 27 septembre 1791. Nous savons trop ce que nous devons à l’idéal républicain pour accepter de le voir chahuté, contesté, vilipendé.

Car oui, aujourd’hui l’universalisme est trop souvent galvaudé, moqué, voire même considéré parfois comme la source des maux français.

Cet outil politique, ce concept pensé pour émanciper est compris parfois comme un outil d’oppression. Je pense précisément le contraire : face au défi d’une société française qui ne sait plus ce qu’elle partage, l’universalisme républicain n’est pas le problème mais bien la solution.

Cette contestation de l’universalisme est inquiétante. Car sans lui, se dessineraient les contours de plus en plus nets d’une société d’assignation identitaire et de rapport de force. L’universalisme n’opprime pas, il protège. Délaisser l’universalisme au profit du multiculturalisme, c’est prendre le risque qu’in fine ce soit la loi du plus fort qui prédomine.

Soyons lucides, ce qui se joue sous nos yeux est bien une forme de bataille culturelle et idéologique : la République et ses valeurs contre le multiculturalisme, l’indigénisme, l’individualisme.

En 2023 comme en 1791, nos espoirs de Français juifs vont vers le cœur du projet républicain : l’émancipation de l’individu par la liberté de conscience, par l’esprit critique, par le respect de la laïcité qui apporte depuis 1905 protection et équilibre.

Mais au-delà de l’égalité formelle des droits, les Juifs plaçaient un autre espoir dans l’Émancipation : celui d’une forme de normalisation du fait juif en France et de la fin d’un antisémitisme séculaire.

232 ans après 1791, force est de constater que l’Émancipation n’a pas empêché l’antisémitisme de prospérer.

Elle n’a pu faire obstacle à la haine des Juifs lors de l’Affaire Dreyfus.

Elle n’a pas pu éviter la trahison du 3 octobre 1940 et le statut des Juifs, annonciateur de la stigmatisation et de la persécution qui suivraient.

Elle n’a pas non plus permis de contenir l’antisémitisme contemporain et ses variantes complotistes, négationnistes, islamistes ou antisionistes qui polluent la vie juive en France.

C’est même un paradoxe apparent : plus les Juifs sont intégrés, plus l’antisémitisme semble revigoré.

Pour autant, même si l’antisémitisme persiste à accompagner notre chemin dans l’histoire de France, nous nous souvenons de la promesse du 27 septembre 1791, par laquelle la République traça la voie pour l’Émancipation progressive de l’ensemble des Juifs européens.

 

De cette promesse, nous avons gardé et chéri la passion de la République, universaliste et fraternelle.

 

Parce que cette date est trop longtemps restée dans l’oubli des institutions républicaines comme des institutions juives, parce qu’elle est l’occasion de réaffirmer à la fois l’ancrage historique profond des Français juifs et le lien singulier qui les unit à la République, parce qu’elle est en soit une manière de réaffirmer la pertinence de l’universalisme, j’ai souhaité que dorénavant le Crif, chaque 27 septembre, invite à un temps d’échange autour de l’idéal républicain.

 

Merci à Yaël Braun-Pivet, Présidente de l’Assemblée nationale, d’avoir accepté de parrainer cette rencontre.

 

Merci à nos intervenants qui ont accepté de marquer cet anniversaire symbolique à nos côtés.

 

Merci surtout à chacun de vous d’être présent ce soir pour ce premier rendez-vous. Et prenez date d’ores et déjà pour le 27 septembre 2024 pour continuer à célébrer les Juifs dans la République et l’universalisme comme projet d’avenir !

 

Je vous remercie.

 

Yonathan Arfi, Président du Crif