Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Blog du Crif - Gaza : des mots et des images

19 Mai 2021 | 179 vue(s)
Catégorie(s) :
Actualité

Lors de la cérémonie nationale d'hommage commémorant le Vel d'Hiv, le Président du Crif s'est dit "choqué et révolté par les images indécentes des récalcitrant à la vaccination arborant l’étoile jaune et faisant des raccourcis honteux. C’est un outrage à la mémoire des victimes de la Shoah".

Discours de Marcel Dreyfuss,  Président d’honneur du Consistoire, représentant du Crif ARA - Dimanche 18/7/2021 au CHRD

Discours prononcé à la cérémonie du 18 juillet par M. Albert Massiah, Président du Crif Bordeaux-Aquitaine, lors de la « Journée nationale à la mémoire des crimes racistes et antisémites commis par l’État français de Vichy et en hommage aux Justes de France. »

Pages

Israël

Lundi dernier, l’ancien Président de la République était en Israël. Une visite étrange, hybride où le mélange des genres s’ajoute à la confusion des rôles.

Les français d'Israël, et en particulier ceux qui ont immigré de France durant les quinze dernières années, ont en grande majorité souhaité la réélection de Benjamin Netanyahu.
Déçus par l'attitude des politiques français face à l'islamisme et l'antisémitisme, beaucoup voient en Bibi un dirigeant politique charismatique doté d'une capacité à affirmer avec une assertivité rare la cause d’Israël à la face du monde et savent que ses concurrents en politique n'ont pas cette compétence exceptionnelle.
De plus, comparant la réussite de l'économie d'Israël face à la faillite de l'économie française, ils ne comprennent pas pourquoi la plupart des médias israéliens et analystes politiques sont tellement critiques envers celui qu'ils considèrent à juste titre comme un héros du peuple juif. 

Le 17 mars dernier, les israéliens ont voté et réélu Benjamin Netanyahou.

Pages

Opinion

Pages

Moi-même, il est arrivé que je sous-estime l’angoisse des familles en Israël, alors même qu’il s’agissait de ma propre famille… Aurais-je intériorisé les images où Israël apparait tout puissant et ses adversaires quasiment  inoffensifs, images qui plombent toute communication israélienne sur Gaza ?

Un article du Washington Post prétend que le Dôme de Fer prolonge le conflit. Faudrait-il que les Israéliens en offrent des exemplaires au Hamas pour que le combat soit moins « disproportionné » ?

Cette notion de disproportion joue un tel rôle dans la guerre médiatique que le mot n’a plus besoin d’être énoncé. Un titre prétendument neutre suffit : « 212 morts à Gaza, dont 38 enfants et 8 chez les Israéliens ». Une  conclusion s’impose : Israël fait impunément des cartons sur les habitants de Gaza. On ne précise pas que les chiffres gazaouis viennent du ministère de la Santé, agence de propagande du Hamas, qu’ils ne sont ni vérifiés, ni vérifiables. On ne se demande pas non plus d’où viennent les tirs. Pourtant, un tiers des roquettes lancées vers Israël retombent dans la bande de Gaza et y font beaucoup de morts, car il n’y a effectivement pas de Dôme de fer pour les arrêter. On oublie qui a tiré le premier.

Si la puissance de feu d’Israel ne dépassait pas largement celle du Hamas, Israël n’existerait plus. Ses frappes tuent malheureusement aussi des civils, mais jamais un belligérant n’a pris autant de soin pour réduire le nombre de victimes. Il y a indiscutablement crime de guerre, mais c’est le Hamas qui en est l’auteur, car c’est un crime de guerre que de tirer sur des populations désarmées, ce n’en est pas un que de frapper des cibles militaires pour se protéger. L’immeuble abritant Associated Press et Al Jazira, détruit par Tsahal sans perte humaine est emblématique : un ancien porte parole de l’administration Obama vient d’admettre que le Hamas y avait des installations. Certains le savaient, mais il était malséant d’en parler.

Ce qu’on réclame d’Israël, ne pas réagir quand des roquettes tombent sur les habitants, on ne le réclame d’aucun autre pays : c’est là la véritable disproportion entre Israël et ses ennemis, en plus de la disproportion en population et en éthique de combat.

Certes, dit-on, mais Gaza souffre d’un blocus impitoyable. Non, sa population est la première victime d’un gang terroriste qui s’appelle le Hamas, qui considère que les Juifs seront exterminés quand les temps viendront et qui a fabriqué un immense réseau souterrain où  il a construit avec l’aide de l’Iran des dizaines de milliers de missiles en détournant l’argent qui lui était distribué, notamment par l’Union Européenne.

Jean Castex n’a pas dit cela hier à l’Assemblée Nationale et c’est bien triste. Il n’a pas cité le Hamas et n’a pas eu un mot pour les Israéliens aux abris. Il rejoint le journal Le Monde qui le 10 mai avait titré : « Affrontements à Jérusalem : vingt morts à Gaza au cours de représailles israéliennes ». Rien, rien sur les roquettes…

Le discours du Premier Ministre qui prétend, certes, soutenir la sécurité d’Israël, ressasse le mot de paix comme un mantra, comme si les ennemis d’Israel étaient de pacifiques démocrates.

Mais il y a aussi les discours suivant lesquels quoi que fasse Israël, il sera illégitime, puisque c’est un état « colonial ».

Ce péché originel, dont l’Occident aurait l’exclusivité, est ineffaçable. Dans un autre registre, c’est un stigmate analogue à celui du mâle blanc. Et après l’antisémitisme islamiste, découvert il y a vingt ans, se profile le plus récent variant du virus antisémite, l’antisémitisme décolonial, dont la France Insoumise est un triste passeur dans notre pays.

 

Richard Prasquier