Président du Crif Sud-Est
Les 16 et 17 juillet 1942, pour la première fois en France une rafle de familles juives est menée à Paris par la police française sur ordre des autorités allemandes.
Les juifs arrêtés, ils étaient 13152, dont un très grand nombre de femmes et 4115 enfants, vont être en partie réunis au Vélodrome d’Hiver avant d’être déportés vers les camps de Drancy et Auschwitz, notamment, où ils seront quasiment tous exterminés ; moins d’une centaine rentreront.
Les arrestations, déportations et exterminations de citoyens français, parce qu’ils étaient juifs, allaient bien entendu se poursuivre.
Aux termes d’actes qui les honorent encore et honorent leurs familles, des femmes et des hommes d’un incroyable courage, allaient refuser de laisser faire de tels actes, d’une insupportable violence, tant morale que physique, de laisser s’accomplir une telle barbarie.
Ce seront les justes de France.
Ces héros nationaux qui ont contribué à faire que la France soit un grand pays.
Ces héros nationaux qui avec courage et bienveillance ont défendu la cause qui leur semblait juste
Mais posons nous les bonnes questions.
Pour quelle raison insistons nous ainsi sur l’importance de la mémoire ?
Pour quelle raison, à chaque fois que nous en avons la possibilité nous rappelons l’importance de ce devoir de mémoire, et œuvrons sans relâche pour que la mémoire soit préservée, respectée, transmise….
Allons nous indéfiniment commémorer, rappeler, alerter, réveiller parfois la conscience de ceux qui se perdent.
Et bien oui, évidemment, inlassablement, avec une très grande détermination nous poursuivrons ce travail
Et nous le poursuivrons ensemble, avec toutes les forces actives de notre société
Oui nous le poursuivrons parce que la mémoire est ce socle, cette fondation de notre identité collective.
Oui nous le poursuivrons car c’est notre devoir vis à vis de nos enfants.
Oui nous le poursuivons car comme l’a demandé, Esther Sénot, rescapée du camp de Auswitch Birkanau
Je compte sur vous mes enfants pour que lorsque nous ne serons plus là, nous qui avons connu les camps, qui pouvons certifier qu’ils ont bien existés, pour que vous fassiez preuve de tolérance et que vous reconnaissiez le droit à la différence.
Oui nous le poursuivons pour Annette CABELLI qui nous a quittés cette année et dont le sourire et les yeux pétillants malgré l’horreur de ce qu’elle avait vécu nous manquent.
Et j’ai une pensée particulière pour elle aujourd’hui car je la voyais notamment, toujours présente ici, sur le Quai de la Gare, lors de cette cérémonie.
Oui nous le poursuivrons parce que j’ai été effrayé de constater dans une salle d’audience récemment l’indifférence d’un magistrat à l’évocation de la nuit de cristal et de menaces proférées à l’encontre de lieux de culte de la communauté juive.
Mais nous commémorons aussi et surtout car c’est se souvenir que le passé, l’histoire, notre histoire commune, est la lumière qui éclaire notre route pour demain.
Ceux qui se lassent de participer à des commémorations, ceux qui estiment que répéter, chaque année, la même cérémonie, doit cesser, ne comprennent pas que au-delà de la mémoire du passé c’est la construction de notre avenir commun, proche, voire très proche, qui se construit notamment à cette occasion.
Alors oui nous poursuivrons ce travail de mémoire, chaque jour, à chaque occasion.
Parce que ce travail de mémoire est aussi celui de la mémoire des justes, de leurs actes à la fois d’une telle évidence et pourtant d’une force et d’un courage rares, doit aujourd’hui amplifier notre devoir de lutter contre une régression coupable.
Ce travail de mémoire est celui qui doit aussi nous permettre de mettre en exergue les actes de ceux qui aujourd’hui, dans l’objectif que je viens de décrire, font un travail extraordinaire.
Je veux à ce titre notamment souligner le courage extraordinnaire de ces Policiers Municipaux niçois qui ont neutralisé le terroriste de la Basilique Notre Dame de Nice au mois d’octobre dernier.
Il faut rappeler que ce n’est qu’en 1993, la cérémonie que nous vivons aujourd’hui a été organisée pour la première fois par l’État, conformément au décret Présidentiel du 3 février 1993, instituant une « journée nationale commémorative des persécutions racistes et antisémites commises sous l’autorité de fait dite gouvernement de l’État français (1940-1944)’’».
En province, elle s’organise sous votre autorité Monsieur le Préfet
Monsieur le Préfet, que avons privilège d’avoir comme représentant de l’Etat dans notre département
Sachez Monsieur le Préfet, car cette cérémonie se tient sous votre autorité aujourd’hui, mais aussi chers élus qui êtes présents aujourd’hui, que de la même manière que nous savons pouvoir compter sur vous, vous nous trouverez toujours à vos côtés dans la défense des causes participant à la construction des causes qui constituent notre socle républicain.
Je vous remercie pour votre attention
Jérôme Culioli, Président du Crif Sud-Est