Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

LECTURES. L'ULTIME AUBERGE

30 Mai 2016 | 11 vue(s)
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Actualité

Chronique de Bruno Halioua, diffusée sur Radio J, lundi 12 février à 9h20.

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Antisémitisme

Lors de la cérémonie nationale d'hommage commémorant le Vel d'Hiv, le Président du Crif s'est dit "choqué et révolté par les images indécentes des récalcitrant à la vaccination arborant l’étoile jaune et faisant des raccourcis honteux. C’est un outrage à la mémoire des victimes de la Shoah".

Discours prononcé à la cérémonie du 18 juillet par M. Albert Massiah, Président du Crif Bordeaux-Aquitaine, lors de la « Journée nationale à la mémoire des crimes racistes et antisémites commis par l’État français de Vichy et en hommage aux Justes de France. »

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Prix Nobel de littérature en 2002, l'écrivain hongrois Imre Kertèsz est mort à Budapest le 31 mars 2016. Son dernier livre, "L'ultime auberge" a reçu, le 22 mai 2016, le Prix Spécial du Jury 2016 du Salon du Livre de la Licra-Paris

 

L'ULTIME AUBERGE

par Imre Kertész (*)

 

Prix Nobel de Littérature en 2002, Imre Kertész est né en 1929 à Budapest au sein dune famille juive. Il a quinze ans quand il est déporté à Auschwitz avant d'être transféré à Buchenwald puis au camp de travail de Zeitz. Cette expérience concentrationnaire sera au centre de son œuvre littéraire dont « Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas » ( Actes Sud, 1995) ou « Être sans destin » (Actes Sud, 1998).

Atteint de la maladie de Parkinson, Imre Kertész est mort le 31 mars 2016 dans sa ville natale où il était revenu après avoir longtemps vécu à Berlin.

« L'ultime auberge » n'est pas vraiment un roman. C'est plutôt un ensemble de textes, de notes et de réflexions avec, en partie centrale une ébauche de ce que l'auteur estimait devoir être le couronnement de son œuvre puis, en fin de volume, une seconde ébauche. Les notes sont rassemblées sous deux intitulés : « Secrets dévoilés » et « Le jardin des trivialités ».

Tout au long de ses réflexions, l'auteur n'a de cesse de pourfendre l'antisémitisme et la haine d'Israël. Même s'il lui arrive de critiquer certains dirigeants israéliens, il est profondément attaché à l'existence de l'État juif. « J'ai toujours été gêné par le mensonge drapé de sensiblerie qui entourait Auschwitz. À présent que l'Europe prend ouvertement position pour la destruction d'Israël, pour l'extermination des Juifs et donc pour Auschwitz, les choses sont en quelque sorte plus claires ». Ou encore : « Je vois que la besogne inachevée d'Hitler sera accomplie avec l'aide des Européens : ils vont exterminer les Juifs, pas de pitié, pas de quartier ». « L'antisémitisme tenu en bride pendant de longues années remonte du bourbier de l'inconscient, comme une éruption de lave et de soufre ». « Je crains que l'atmosphère meurtrière de l'Europe ne finisse par balayer Israël »... »Quand Israël sera détruit, viendra le tour des autres Juifs ». Et d'ailleurs, imaginons que les Juifs et Israël disparaissent, le monde s'en trouverait-il en meilleur état ? « Pourquoi est-il impossible d'exterminer ce peuple ? Et si cela se fait un jour, qu'adviendra-t-il quand on aura constaté avec dépit que se débarrasser des Juifs n'aura apporté aucun soulagement ? ».

Le pessimisme de Kertész transparaît au fil du récit : « La vie est une erreur que même la mort ne répare pas. La vie, la mort : tout est erreur ». « La vie que je mène en ce moment est sinistre et repoussante ».

Dans son analyse, Kertész ne manque pas de fustiger l'extrémisme islamiste avec sa haine des Juifs et son terrorisme forcené. Et il avoue, in fine : « J'admets que mon destin soit lié, et même enchaîné, à celui d'Israël ».

Angoissant et émouvant.

Ce livre a obtenu le prix spécial du jury lors du 9ème Salon du Livre de la Licra le 22 mai 2016.

 

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions Actes Sud. Janvier 2015. 320 pages. 22,80 euros.