Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean Pierre Allali - Tunis, Paris, ma mère, de Franklin Berrebi

10 Avril 2019 | 169 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Le Crif et sa commission Éducation, la Fondation Jean-Jaurès et l'IFOP organisaient jeudi 6 mars 2025 au Sénat un colloque dédié à la montée de l’antisémitisme au sein du milieu scolaire, en présence notamment d'Élisabeth Borne, ancienne Première ministre, ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Voici le discours prononcé par le Président du Crif, Yonathan Arfi, à cette occasion. 

Pages

Tunis, Paris, ma mère, Récit de Franck Berrebi*

C’est l’histoire d’un jeune garçon juif de Tunisie, Benjamin Taïeb, qui, en 1955, à l’aube de l’indépendance du pays, est amené à quitter sa terre natale avec sa famille pour des cieux espérés plus cléments. « La fin de la présence française sonnait le glas de la  protection de la communauté juive. Elle ne pouvait que s’inquiéter de ces réjouissances et de ces démonstrations de liberté. Les Juifs de Tunisie allaient retrouver leur statut précédent, celui de citoyens de seconde zone, tolérés, mais sans réelle sécurité : il fallait partir ou redevenir « Dhimmi ».

Le 25 août 1955, donc, après avoir opté pour Paris plutôt que pour Jérusalem comme l’ont fait de nombreux coreligionnaires, la famille quitte le quartier de Sidi Mahrez, en ville arabe. Sur trois calèches noires ont été entassées les affaires de toute une vie. Direction le paquebot « Ville de Tunis » en partance pour Marseille. Seul Charlie, le frère de Benjamin est de ce grand voyage avec les parents, le père Maurice, marchand de chaussures au Souk et la maman, Deborah, originaire de Béja. Les autres Laurent et Suzanne, sont placés chez une grand-mère et les plus âgés, André, Lilly et Cécile, sont déjà mariés et indépendants.

Après une escale à Marseille où vivent des cousins, Finette et Victor, direction Paris et l’appartement de la tante Yvette, rue Briquet, du côté du Sacré Cœur. Benjamin va être inscrit au lycée Jacques Decour et Charlie à l’école communale de la rue Foyatier.

Et là, patatras. Le père, qui ne trouve pas de situation digne de lui, choisit de retourner à Tunis abandonnant lâchement sa famille. Il ne s’occupera même pas d’ailleurs, une fois revenu, de ses enfants demeurés sur place. L’oncle Gaston, comptable au Consistoire de Paris, ancien militaire, toujours bienveillant, va, au fil des mois, remplacer le père défaillant. Deborah ne parvient pas à obtenir le guet de son mari mais se met en ménage avec Gaston. De cette union naîtra bientôt le petit Stéphane.

Benjamin et sa famille parviennent à subsister, notamment grâce à l’aide sociale du CASIP. Les voici à l’Hôtel Turgot et, plus tard, dans une HLM de banlieue, à Asnières.

Pour parfaire ses connaissances en matière religieuse et en hébreu, Benjamin est inscrit au Merkaz de Montmartre. Il va pouvoir préparer sa bar-mitzvah. Une fête où l’on réunira moins de dix invités mais où l’heureux Benjamin qui fait son entrée dans la cour des hommes, reçoit l’inévitable stylo « en or » et la montre.

Les années d’écolier, les copains, les premières amours, les vacances, les petits boulots d’été, le cinéma, la musique, le théâtre, histoire d’une vie bien remplie d’adolescent.

Le récit des aventures de Benjamin apparaît comme fortement autobiographique. Il n’en est que plus attachant. À découvrir.

 

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions L’Harmattan. Février 2019. Préface d’Henri Gougaud. 262 pages. 26 euros

Nous diffusons des cookies afin d'analyser le trafic sur ce site. Les informations concernant l'utilisation que vous faites de notre site nous sont transmises dans cette optique.En savoir plusOK