Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean-Pierre Allali - Nous chanterons encore..., par Gérard Darmon

23 Septembre 2020 | 211 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Le 4 février 2018, le Crif et les Amis du Crif ont organisé un voyage de mémoire dans les camps d’Auschwitz-Birkenau. Près de 200 personnes ont participé à cette journée exceptionnelle, qui a marqué les mémoires de chacun. Une délégation d’élus et de personnalités publiques m'a également accompagné. Nous avons aussi eu l'honneur d'être accompagnés par Ginette Kolinka, réscapée d'Auschwitz.

En fin de journée, nous avons tenu une courte cérémonie d'hommages ponctuée de plusieurs discours et de prières animées par le Rabbin Moché Lewin. En conclusion de cette intense journée, le Shofar a resonné au milieu du silence etourdissant de l'immense complexe de Birkenau.

Depuis quelques semaines, le texte épistolaire de Sholem Aleichem a investi la petite – mais non moins prestigieuse – scène du Théâtre de la Huchette, à Paris.

Hier, je me suis exprimé sur la récente vague d'antisémitisme qui secoue la France. J'ai demandé à l'ensemble de la communauté nationale de faire front contre la haine antisémite. J'ai également rappelé l'importance pour la justice française d'appliquer des peines suffisamment lourdes pour être dissuasives.

De ce 9 janvier 2015, nous voulons retenir une autre image, cette belle image. Celle de Lassana Bathily.

Lundi 20 novembre, j'ai rencontré le Président français Emmanuel Macron à Paris, accompagné d'une délégation du Congrès Juif Européen (EJC).

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Nous chanterons encore..., par Gérard Darmon (*)

 

Fils et petit-fils de déportés disparus à Sobibor et à Auschwitz, l’auteur, né à Marseille, après des études scientifiques, a été maître de conférences en biophysique à la faculté de médecine de Paris. Il est également artiste-peintre. Dans ces lettres ouvertes adressées à sa mère, il revient sur son enfance. Installée au 19 de la rue Saint-Saëns, à Marseille, la famille est originaire de Turquie via l’Espagne

Nous sommes en mai 1990. L’auteur est au chevet de sa mère gravement malade et à laquelle les médecins ne donnent au maximum que quelques mois à vivre.

Contre vents et marées, « Contre la raison et les certitudes des médecins, le miracle ». Comme le dit si bien l’adage populaire, « l’espoir fait vivre ».

Les souvenirs d’enfance se mêlent aux sentiments du fils envers sa mère mourante. La fuite de la famille à Cahors, dans le Lot, pendant l’Occupation, les Juifs qu’on arrête partout ; « Je courais, avec toi au bras emmitouflé dans une couverture. En avril, c’était. Avril 44 »… « Toute la ville est muette, apeurée, barricadée, et si l’on crie, un tour de clé de plus sera donné dans les serrures. Il fait noir dans la rue. Froid et peur ».

« Nuit difficile. Une bronchite s’est installée. Ta respiration est lourde. Nous perdrons…mais nous combattrons ».

Les mois passent et la maman, finalement tient le coup. Le fils fait la lecture à sa mère. Albert Cohen, Proust. A l’instar de ce dernier qui, dans « Du côté de Guermantes », relate la maladie de sa grand-mère, ses derniers moments, sa mort, l’auteur, avec amour et dévouement, tient compagnie à sa maman. « Aujourd’hui, dimanche 5 août. Ta belle robe fleurie : bleu ciel, rose, blanc. Ta première sortie depuis le début de ta maladie, depuis le verdict des médecins. Timidement la vie. L’espoir se mérite-t-il ?...Alors, petite maman, cette coupe qui nous est tendue, à plein saisissons-là et buvons, elle ne se videra pas deux fois. Buvons, buvons à oublier demain ».

« J’ai peur des jours qui nous attendent. J’ai peur des jours que nous connaîtrons inévitablement ».

« Cet instant, que sera-t-il ?...Dieu me relèvera-t-il récitant le Chéma ? »

Nous voici en fin 1990 puis en 1991. En août, le fils et sa mère prennent même des vacances dans le sud de la France et à Vichy. 1992. Hôpital Lariboisière, Hôpital de la Pitié-Salpêtrière et clinique de la Croix-Rouge Le 12 juillet, la maman rend son dernier souffle entourée de ses enfants : l’auteur, sa sœur, Muriel et son frère André. Le voyage tant espéré à Jérusalem n’aura finalement pas lieu. La maman repose désormais à Marseille.

Des pages tendres, des pages d’espoir et de lutte contre la mort inéluctable. Demain ou plus tard, mais sûrement un jour car telle est la destinée humaine. Car « la vie n’est pas un film permanent ». 

On partage aisément le point de vue de l’auteur selon lequel l’amour, lui, n’est pas mortel.

Émouvant.

 

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Amazon. Mars 2019. 191 pages. 11,90 €.

 
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