Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean-Pierre Allali - L'affaire Sarah Halimi, de Noémie Halioua

23 Mai 2018 | 170 vue(s)
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Opinion

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

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Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

Pages

L'affaire Sarah Halimi*, de Noémie Halioua

Noémie Halioua, journaliste, dirige les pages « Culture » de l’hebdomadaire Actualité Juive. C’est un jeudi 18 mai, à 13 heures, alors qu’elle est de permanence au journal, que son téléphone sonne. Au bout du fil, une voix mal assurée, émue, celle de William Attal, le frère de la malheureuse Sarah Halimi. Il veut parler à quelqu’un car depuis la tragédie qui a foudroyé sa malheureuse sœur, les portes se  ferment, les oreilles, notamment dans le monde de la presse, se bouchent.

Dans la communauté juive, par contre c’est encore le choc. Dans la nuit du 3 au 4 avril 2018, Kobili Traoré, un Franco-Malien de 27 ans, qui a pénétré par effraction dans le domicile de Sarah Halimi, une HLM du quartier de Belleville, au 26, rue Vaucouleurs, la roue de coups aux cris de « Allah Akbar » avant de la défenestrer.

Si, pour la famille, la motivation antisémite ne fait aucun doute, les pouvoirs publics vont longtemps tergiverser avant de retenir ce motif aggravant. Longtemps, on en restera à la qualification de « séquestration et homicide volontaire ». D’autant plus que la France est alors en pleine campagne électorale pour l’élection présidentielle. L’assassin, lui, sera placé en service psychiatrique.

Noémie Halioua, n’hésite pas et, prenant le taureau par les cornes, se lance dans une véritable enquête.

On apprend ainsi que Lucie Attal, qui, plus tard, deviendra Sarah Halimi, est née à Nogent-sur-Marne le 30 novembre 1951. Ses parents avaient, peu avant,  fui Constantine, en Algérie, alors en proie à des violences antisémites. Ils auront quatre enfants : Béatrice, Lucie, William et Roselyne. Lucie-Sarah, qui fera des études de médecine, choisira, à l’âge de vingt ans, l’orthodoxie juive, rejoignant la communauté de la rue Pavée à Saint-Paul, dans le quartier du Marais. Plus tard, elle rencontre et épouse un psychologue, Yaacov Halimi. L’œuvre de sa vie sera la direction d’une crèche.

Et c’est cette femme tranquille et pieuse que Kobili Traoré va assassiner dans des conditions épouvantables. Avec lucidité, Noémie Halioua analyse le nouvel antisémitisme issu des milieux islamistes, l’exode intérieur et extérieur des communautés juives, une forme d’inertie policière, les ratés du début de l’enquête…

Sarah Halimi a été enterrée le 6 avril 2017 au cimetière de Har Haménouhot à Jérusalem.

Un premier livre pour cette très jeune auteure. Un coup de maître. Bravo !

Jean-Pierre Allali

(*) Editions du Cerf. Mars 2018. 144 pages. 16 €.