Bruno Halioua

Président de la Commission Souvenir du Crif

Blog du Crif - Quelles leçons devons-nous retenir de la fin du Ghetto de Varsovie ?

23 Avril 2020 | 556 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Lors de la cérémonie nationale d'hommage commémorant le Vel d'Hiv, le Président du Crif s'est dit "choqué et révolté par les images indécentes des récalcitrant à la vaccination arborant l’étoile jaune et faisant des raccourcis honteux. C’est un outrage à la mémoire des victimes de la Shoah".

Discours de Marcel Dreyfuss,  Président d’honneur du Consistoire, représentant du Crif ARA - Dimanche 18/7/2021 au CHRD

Discours prononcé à la cérémonie du 18 juillet par M. Albert Massiah, Président du Crif Bordeaux-Aquitaine, lors de la « Journée nationale à la mémoire des crimes racistes et antisémites commis par l’État français de Vichy et en hommage aux Justes de France. »

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Antisémitisme

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Hier, je me suis exprimé sur la récente vague d'antisémitisme qui secoue la France. J'ai demandé à l'ensemble de la communauté nationale de faire front contre la haine antisémite. J'ai également rappelé l'importance pour la justice française d'appliquer des peines suffisamment lourdes pour être dissuasives.

Il est des livres, comme une sève puissante, comme un volcan en éruption, comme le monde à portée de la main, comme la vie, qui remue de l’intérieur, qui secoue de l’intérieur et qui donne majestueusement à donner. Il est des livres que l'on veut lire et que l'on doit lire absolument.

 

Par Marc Lévy, avocat de la LICRA dans le procès de Reynald Leykens et délégué du Crif en Israel

En 2017, Roger Pinto, sa femme et son fils ont été séquestrés, violentés et détroussés à leur domicile de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), "une agression antisémite" condamnée par le Crif et le ministre de l'Intérieur. Une première ?

"The strength of a Nation always lies in the the way it looks at its History and and its ability to teach it to future generations".

 

"La force d’une Nation réside toujours dans le regard qu’elle sait porter sur son histoire et sa capacité à l’enseigner aux générations suivantes."

 

En juin 2017, quelques mois après l'assassinat de Sarah Halimi, Francis Kalifat, Président du Crif, publiait cette tribune en hommage à Sarah Halimi, devenue le triste symbole de l'antisémitisme qui tue. 

Sarah Halimi, une retraitée a été battue à mort à Paris, le 4 avril 2017 et son calvaire a duré plus d'une heure. Et, il s'agit bien d'un meurtre antisémite.

Thierry Noël-Guitelman est un journaliste, membre de l'association Hébraïca à Toulouse. Il a engagé, en 2004, des recherches familiales sur l'étoile jaune, sa tante Ida Seurat-Guitelman, ayant obtenu une exemption.

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L’Insurrection  du Ghetto de Varsovie qui clôt son histoire dramatique est l’un des événements les plus marquants de la Seconde Guerre mondiale et de l’histoire du peuple juif.

En apprenant cette nouvelle, les Résistants juifs de toute l’Europe Occupée ont alors éprouvé un sentiment de fierté envers les combattants de l’Insurrection. L’enseignement qu’ils en ont tiré va radicalement changer leur état d’esprit. Ils ont compris qu’il n’était plus question de se bercer d’illusions : l’objectif des Nazis était bien de procéder à l’extermination de tous les Juifs du continent européen. En France, les Juifs ont alors compris l’inutilité de la politique de soumission aux nazis, prônée par l’Union générale des Israélites de France (UGIF). Les dirigeants des différentes organisations ont compris qu’il fallait impérativement s’unir dans un même combat autour d’une seule organisation. Cette démarche a abouti à la formation fin 1943 du Conseil représentatif des Israélites de France (Crif), fruit du rassemblement de toutes les organisations juives. Son objectif est d’assurer la défense de la communauté, de secourir les nécessiteux, d’appuyer politiquement et matériellement la lutte armée des partisans juifs dans divers détachements autonomes et dans les maquis.

Au sein du Foyer juif de Palestine, l’annonce de l’insurrection du ghetto de Varsovie a été vécue comme un coup de tonnerre, d’autant que beaucoup de ses habitants y avaient encore de la famille. Les Juifs de Palestine ont pris conscience qu’il n’était plus question de conserver l’esprit de soumission pratiqué au fil des siècles par les Juifs de la Diaspora. À Tel Aviv, le journal Haaretz du 31 mai a proclamé avec fierté : « La flamme de Massada n’est pas éteinte au ghetto de Varsovie. » Ce lien établi entre les insurgés du ghetto et les combattants de Massada a considérablement influencé les dirigeants du jeune État d’Israël. Souvenons nous que la déclaration d’indépendance a été proclamée à Tel Aviv par David Ben Gourion presque cinq ans jour pour jour après la fin de l’insurrection de Varsovie. Désormais, les dirigeants de l’Etat d’Israël, aussi bien de Gauche que de Droite, ont toujours fait en sorte de rappeler l’histoire du ghetto de Varsovie dont les habitants ont été exterminés sans que personne dans le monde n’intervienne. Les dirigeants israéliens ont toujours gardé à l’esprit qu’il existait un risque de destruction du peuple juif tout en sachant pertinemment qu’il n’était pas question d’attendre l'aide d’aucun pays et d’aucune institution internationale. C’est cette idée qui a animé et qui continue d’animer l’esprit des dirigeants de l’Etat d’Israël depuis 1948. 

Comme l’a bien écrit Raoul Hilberg « L’insurrection du ghetto de Varsovie fut un combat inégal, héroïque et tragique. Mais elle fut pourtant très efficace. Les insurgés, malgré leur fin tragique, atteignirent pleinement leur but : ils réalisèrent la participation des Juifs du ghetto à la guerre contre le Troisième Reich. »

« L’autre but, qui fut de toucher l’opinion publique mondiale et de protester contre le génocide et la discrimination raciale, a été également atteint. La lutte fut menée non pour une dignité abstraite, mais pour le peuple juif face à l’extermination. Ceux, qui “ne virent pas l’aube” restent toujours présents dans le monde d’après-guerre. L’insurrection du ghetto devint un événement porteur d’effets moraux et politiques très importants. »

En Pologne, le 19 avril 1948, à l’emplacement de l’ancien ghetto, le pouvoir communiste inaugure un monument conçu par Nathan Rapoport et Leon Suzin à la mémoire des héros de l’insurrection. Le ghetto de Varsovie représente alors pour le régime au pouvoir le recul du fascisme hitlérien face à la résistance et à l’humanisme.

Ce monument obtient un regain d’attention le 7 décembre 1970, lorsque le chancelier allemand Willy Brandt demande pardon au nom de son pays et s’agenouille publiquement dans un geste resté célèbre. Il déclare ensuite : « J’ai fait ce que font les hommes quand les mots font défaut. » Le pape Jean Paul II s’y recueille également le 18 juin 1983 en hommage aux victimes de la Shoah[1].

L’histoire du ghetto de Varsovie et de son soulèvement dépasse largement la communauté juive. Cet évènement s’inscrit après la guerre comme un évènement majeur de l’histoire de l’Europe du XX ème siècle comme l’a remarquablement souligné Marek Edelman internationale.[S1]  « La Shoah, c'est la défaite de la civilisation. Et hélas, cette défaite ne s'est pas arrêtée en 1945. Il faut s'en souvenir[U2] . 

 
Dr Bruno Halioua, Commission du Souvenir du Crif
 

[1] Après la chute du communisme, la place accordée en Pologne à l’insurrection du ghetto se renforce pour devenir, au fil des années, un événement majeur de l’histoire de la capitale et du pays. Certains chercheurs et intellectuels considèrent que la seconde insurrection qui a eu lieu en août 1944 n’est que la continuité de celle des Juifs du ghetto. Le 19 avril 2013, au moment des célébrations du 70e anniversaire de l’insurrection du ghetto, le musée de l’Histoire des Juifs de Pologne est inauguré sur le site de l’ancien ghetto. Un colloque est organisé au musée de l’Insurrection de Varsovie, en partenariat avec le musée de l’Histoire des Juifs de Pologne tout juste créé. Il est intitulé : « Varsovie, deux insurrections ». Cette approche est l’objet de critiques, aussi bien de la part des Juifs que de certains Polonais, qui estiment qu’il est incorrect de mettre sur le même plan les deux insurrections.


[U2]Marek Edelman La vie malgré le Ghetto p.131