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Il a fallu emprunter ce chemin touristique, ces caminos séfarades balisés par les municipalités, et découvrir cette autre Espagne, celle que je ne connaissais pas ; il a fallu oublier le tourbillon de mes souvenirs : les places de taureaux, brûlantes sous le soleil, les raisins que j’avalais pour la nouvelle année, las monas, ces gâteaux de Pâques que l’on cherchait dans les jardins, oublier le bruit doux et fluide des rideaux en plastique en guise de porte, toujours ouverte Et puis, en été, la fraîcheur sous les pieds nus des dalles mal ajustées. Ne pas se souvenir de l’odeur entêtante du bacalao (morue), suspendu dans la salle de bain pour le faire sécher. Ni de José – Ramon novillero (jeune torero), qui s’exerçait en tournant sa cape de fortune autour de nous dans un terrain vague qui devenait alors la plus belle des arènes. Un autre monde. Mais une autre Espagne ? Pas tout à fait, puisque dans mes pérégrinations de Séville à Jaen, j’allais retrouver des flashs de cette ancienne vie. Mais aussi de ce que fut la grandeur du peuple juif dans la péninsule du siècle d’or.
La porte des oubliés
Nous ouvrons donc cette autre porte et laissons entrer ces oubliés de l’Histoire que sont les « sefardis » comme on les appelle ici ; ces grandes âmes du pays qui, à une lointaine époque, ont contribué à la gloire de l’Espagne et ont malgré tout été expulsées en 1492 par Isabelle la catholique, et persécutés par les démons de l’Inquisition. Les lieux ont certes été effacés, gommés, rayés du paysage et du cœur. Mais les noms restent à jamais gravés dans les mémoires… Lire la suite.