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Publié le 6 Novembre 2024

L'entretien du Crif – Aurore Bergé : « Il n’y a pas de microclimat (politique) qui protègerait notre pays »

Ancienne ministre et l’une des voix fortes du parti Renaissance à l’Assemblée nationale, Aurore Bergé nous livre son analyse sur l’état de la démocratie française. Elle estime que, face aux extrêmes, « la République doit redonner de l’espérance et ne pas se vivre sur le seul mode défensif ». À ses yeux, « l’idée de dépassement », qui ont fait les deux élections d’Emmanuel Macron à la présidence de la République, reste porteuse car « nous avons des différences majeures à affirmer qui ne correspondent pas du tout au vieux clivage gauche-droite, sur l’Europe, sur les enjeux internationaux comme le soutien à l’Ukraine ou encore les enjeux républicains comme la Laïcité ». Constatant que « derrière l’antisionisme » menacent « une obsession et un antisémitisme qui n’ose pas dire son nom », elle nous déclare aussi, en réponse aux questions de Jean-Philippe Moinet, qu’il « faut renouveler notre législation pour mieux lutter contre les formes renouvelées de l’antisémitisme ». Quant au Hezbollah, armé par l’Iran : « On ne peut pas mettre sur le même plan l’État d’Israël et une organisation terroriste, qui ne peut en aucune manière être légitime ».
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Publié le 6 Novembre 2024

Agenda – Mario Stasi s'engage au profit de la Licra au Théâtre Libre

Mario Stasi, président de la Licra, remonte sur scène pour un concert exceptionnel au Théâtre Libre le 17 décembre, mettant sa voix et son talent au service de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme.
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Publié le 5 Novembre 2024

Études du Crif – Article de Yann Jurovics : Génocide : succès et dilution d'une notion

Beaucoup parlent du « génocide » à Gaza comme d’une évidence et se battent pour que ce mot s’impose. Le juriste Yann Jurovics, spécialiste de droit international, revient sur la construction dans l’histoire des juridictions internationales de cette notion et rend compte de la confusion, consciente ou inconsciente, de ceux qui l’instrumentalisent à des fins politiques.
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Publié le 5 Novembre 2024

Études du Crif – Article de David Seymour : 7 Octobre : Regards croisés sur l’antisémitisme, l’antisionisme et la problématique juive contemporaine

Cet article vise à donner un sens aux suites des événements du 7 Octobre, au cours desquels environ 1 200 Israéliens et non-Israéliens ont été violés, torturés, kidnappés et massacrés par le groupe terroriste Hamas. Les suites auxquelles je fais référence concernent la réaction presque immédiate dans le monde entier autour de la question singulière de la riposte d’Israël (ou, plus exactement, de la période ayant précédé ladite riposte) aux événements du 7 Octobre plutôt qu’aux événements eux-mêmes. Cette réaction a unifié des groupes disparates et supplanté pratiquement toutes les autres questions politiques et sociales ; dans le monde entier, un nombre de participants sans précédent a clamé des slogans quasiment universels. C’est la spontanéité de cette réaction, et sa capacité d'entraînement, qui doivent nous interroger.
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Publié le 31 Octobre 2024

Agenda – Invitation à la soirée K., sur scène le 5 décembre prochain au Théâtre de la Concorde

Participez à la soirée de la Revue K., le 5 décembre 2024 au Nouveau Théâtre de la Concorde. À l'occasion de cette soirée, la revue K s'incarnera en direct sur scène, avec des chroniques, des reportages, des vidéos, des extraits de films et des invités.
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Publié le 31 Octobre 2024

Le brief du Crif - Une proposition de loi déposée à l’Assemblée nationale pour lutter contre « les formes renouvelées d’antisémitisme »

La députée des Français de l’étranger Caroline Yadan a annoncé avoir déposé, aux côtés d’Aurore Bergé et de 91 députés cosignataires, une proposition de loi destinée à mieux sanctionner les formes contemporaines de l’antisémitisme.
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Publié le 31 Octobre 2024

L'entretien du Crif – François Bayrou : face aux menaces actuelles, « nos démocraties sont en situation dangereuse »

Le Président de Mouvement démocrate (MoDem) François Bayrou analyse pour nous dans cet entretien la gravité des menaces qui pèsent actuellement sur les démocraties. Dénonçant « un axe de déstabilisation, d’agression et de profanation de tout ce en quoi nous croyons en France et en Europe », citant « Russie, Iran, Corée du Nord, Chine », l’ancien Ministre, qui a été candidat à la présidence de la République, met en garde les Français sur « les tendances aux radicalités » qui, dans notre pays, « aboutissent à une situation dangereuse où les forces d’extrémisme et de chaos s’allient pour affaiblir nos principes démocratiques et républicains ». Répondant aux questions de Jean-Philippe Moinet, François Bayrou parle de « l’horreur du 7 Octobre », conçue et commise « pour être une profanation de l’idée même d’humanité », « pour créer de l’irrémédiable : ceux qui ont fait cela ne pouvaient pas ignorer la dimension de la déflagration que serait la réplique d’Israël ». Pour autant, ajoute-t-il, « ceux qui, comme moi, aiment Israël, aiment l’idéal de coexistence, disent qu’une lumière doit apparaître comme un espoir même lointain pour que la guerre débouche un jour sur autre chose que la guerre ».
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Publié le 31 Octobre 2024

Communiqué du Crif Alsace – La vocation internationale de Sciences Po Strasbourg semble s’arrêter aux portes des universités israéliennes !

« Sciences Po Strasbourg a décidé de suspendre son partenariat d'échange d'étudiants avec l'université Reichman, située à Herzliya, en Israël. Dans un communiqué datant du 30 octobre 2024, le Crif Alsace dénonce "ce boycott, [...] signe de graves dérives" ».
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Publié le 30 Octobre 2024

ConvCrif - La Convention du Crif 2024 revient bientôt : découvrez les podcasts de la Convention du Crif 2023

À l'approche de la Convention du Crif qui se tiendra le 24 novembre 2024, nous vous proposons de découvrir ou redécouvrir les podcasts de la Convention nationale du Crif 2023.
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Publié le 22 Octobre 2024

La fin d’une illusion. Israël et l’Occident après le 7 octobre : 3 questions à Bruno Karsenti

À l’occasion du premier anniversaire du 7 Octobre, la Revue K. publie aux Presses universitaires de France La fin d’une illusion. Israël et l’Occident après le 7 octobre, une sélection de ses textes analysant l’événement et ses suites. Sous la direction de Bruno Karsenti.
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Jacques Jacubert, président du B’nai Brith France: mon bilan

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20 Mai 2009
Jacques Jacubert, vous aviez été élu président du Bnai Brith France en 2007.
Votre successeur - Ils sont deux à briguer votre place - sera élu le 14 juin prochain.
Vous avez donc décidé de ne pas vous représenter. Deux ans, n’est-ce pas trop court pour obtenir des résultats tangibles ?

Alain Belhassen, président du CRIF Sud Est : «le dialogue avec les musulmans est indispensable»

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15 Mai 2009
Alain Benlhassen, vous avez tenu une réunion du CRIF élargie Sud Est le 14 mai à Nice. A cette occasion les militants ont entendu un exposé de Bernard Kanovitch, membre du comité directeur et co-président de la commission du CRIF de relations avec les musulmans. Quel a été le sens de l’intervention de Bernard Kanovitch ?

Cette réunion a précédé la cérémonie officielle de Yom Haatsmaout organisée par la Mairie de Nice, en présence du député maire Christian Estrosi, du président du conseil général, Eric Ciotti, du Consul général d’Israël à Marseille, Mme Simona Frankel et de l’Ambassadeur d’Israël Daniel Shek. A cette occasion, Bernard Kanovitch a représenté le CRIF national. Il a abordé différents points, il a aussi rappelé le rôle des institutions faisant allusion au travail qui est entrepris par le CRIF Sud Est avec les autorités politiques administratives et religieuses.

Lors de cet exposé est-ce que Bernard Kanovitch a parlé du dialogue entre les musulmans et juifs ?

Oui, il a été question de la relation avec les musulmans malgré les difficultés actuelles, il a insisté sur le fait que c’est justement maintenant qu’il faut maintenir le contact avec nos interlocuteurs musulmans. Il est convaincu que ce dialogue devra reprendre comme avant avec des perspectives de relations et de paix entre les communautés.

De ce fait, dans votre délégation vous comptez maintenir et approfondir ce dialogue ?

Oui, particulièrement dans notre région où les tentatives de fédérations de diverses associations musulmanes se font jour. Nous pensons que ce dialogue est indispensable et nous sommes convaincus qu’il faut le maintenir. Dans ce cadre là, j’ai participé à la réception donnée en l’honneur de l’Ambassadeur de Tunisie pour le lancement de l’année de la Tunisie à Nice. Nous envisageons une action spécifique dans ce cadre-là.

De retour d’Ouzbékistan

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14 Mai 2009
Membre du bureau exécutif et président de la commission medias du CRIF, Gérard Unger a rencontré les descendants des juifs installés depuis l’Antiquité sur la route de la soie.

Vous venez de passer dix jours en Ouzbékistan .Quelle est la situation des Juifs dans ce pays ?

Il reste actuellement quelques milliers de juifs en Ouzbékistan, principalement à Tachkent, la capitale, à Boukhara et à Samarcande. Les Juifs sont installés dans ce pays, situé sur la route de la soie, depuis l'Antiquité et l'époque où la région était contrôlée par l'empire perse. La principale communauté était à Boukhara et, au 19ème siècle elle s'est accrue de la venue de Juifs d'Iran fuyant les persécutions.
Quand la région est passée, à la fin du 19ème siècle, sous le contrôle russe, quelques juifs ashkénazes se sont installés à Tachkent. Pendant la deuxième guerre mondiale de nombreux réfugiés juifs de Pologne et des zones occidentales de l'URSS ont trouvé refuge dans cette région.
A l'époque de Brejnev certains ont pu quitter cette république soviétique mais c'est surtout à l'ère Gorbatchev et au moment de l'indépendance du pays (1991) que la grande majorité des Juifs sont partis, principalement en Israël. Ils y ont rejoint une communauté des Juifs de Boukhara qui a donné depuis longtemps son nom à un quartier de Jérusalem. Il reste aujourd'hui quelques milliers de juifs dans le pays alors qu'ils étaient environ 60.000 il y a 30 ans.
A Tachkent la majorité des juifs présents sont d'origine ashkénaze et russophones. En fait beaucoup de juifs locaux (et à fortiori ceux d’origine juive fort nombreux) sont peu pratiquants, comme c'est le cas de beaucoup de juifs russes. A Boukhara la communauté est essentiellement d'origine persane et compte entre 1500 et 2000 personnes. Si le quartier juif est déserté - beaucoup de maisons sont transformées en hôtels ou ont été rachetées par des Ouzbeks - la synagogue du 17ème siècle est toujours en activité. Elle est tenue par un rabbin assez âgé mais actif qui a de nombreux liens avec sa famille partie en Israël. Il y a un shohet qui permet d'assurer la cacherout et qui remplit aussi les fonctions de mohel. A deux pas de la synagogue on trouve une école juive tenue par une jeune femme d'origine russe, très active et dynamique. Outre la scolarité ouzbèke, les enfants apprennent l'hébreu, l'histoire et la géographie d'Israël. L'école est laïque et payante car il n'y a pas depuis 1994 d'aide du gouvernement israélien. 160 enfants y font leur scolarité, tous juifs ou d’origine juive.
A Samarcande il y a deux synagogues, une sépharade et une ashkénaze dirigée par un rabbin loubavitch. Les deux parviennent à atteindre le minyan mais guère plus, compte tenu de la faiblesse de la communauté locale.
Il est émouvant de constater ce maintien d'une vie juive active par une communauté maintenant très réduite mais qui réussit à entretenir aussi bien ses écoles que ses cimetières

Qu'en est-il de l'influence de l'islam et de la nostalgie du communisme ?

L'Ouzbékistan est un Etat laïc. : Un mariage ne peut être célébré uniquement à la mosquée et doit d'abord avoir lieu, comme en France, à la mairie.
A côté du culte musulman on trouve non seulement le judaïsme et ses synagogues mais également des églises orthodoxes, catholiques et même protestantes. Cela étant, le pouvoir autoritaire du président Karimov veille à éviter toute tentation islamiste : par exemple, c'est lui qui nomme le grand mufti du pays, ce qui évite tout dérapage...
Dans les trois quarts du pays l'islam est tolérant, ouvert et est pratiqué sans excès : les Ouzbeks boivent de la bière ou du vin, les jeunes filles - fort belles - de Tachkent portent des jupes courtes et circulent cheveux au vent, tandis que les hommes barbus sont rares. Une seule exception à ce tableau : le Ferghana, au sud du pays, qui est beaucoup plus islamisé que les autres régions et qui a servi de base à des attentats islamistes en 1999.
Le régime, appuyé tant par les Russes que par les Américains, a pratiqué une répression sévère et aujourd'hui il n'y a pas de menace islamiste. Cependant l'Ouzbékistan a une frontière commune avec le Nord de l'Afghanistan (certes la partie la plus calme du pays) mais la présence de foyers islamistes dans les pays voisins peut entraîner des retours de flamme.
Cette laïcité et la tolérance qu'on trouve dans le pays sont largement un héritage de l'époque soviétique. Celle-ci ne suscite pour les Ouzbeks aucune nostalgie mais a laissé de nombreuses traces. On trouve dans toutes les villes beaucoup de bâtiments de style stalinien (qui côtoient de nombreux édifices de l’époque tsariste de bien meilleure allure), et la bureaucratie locale est fille de celle déjà décrite dans le " Revisor " de Gogol, aggravée par celle de l'ère Brejnev. La plupart des grandes entreprises appartiennent encore à l'Etat qui encourage pourtant l'initiative privée, mais qui ne va pas jusqu'à permettre la sortie libre des bénéfices réalisés dans le pays par des compagnies étrangères. La terre appartient toujours à l'Etat et est donnée en fermage aux agriculteurs pour 50 ans. Les Soviétiques n'ont cependant pas eu que des mauvaises initiatives : la culture est bon marché y compris à l'Opéra de Tachkent, et ce même pour le niveau de vie des Ouzbeks ; le russe reste la langue véhiculaire de base mais on est toutefois surpris par le nombre de ceux qu'ils parlent ou baragouinent le français (ce qui est dû aux nombreux touristes venus de notre pays). A côté de cela , l'Ouzbékistan subit les conséquences désastreuses de l'économie de l'époque soviétique : les usines sont vieillottes (sauf dans l'industrie pétrolière et gazière, ressource numéro un du pays) et la monoculture du coton dans le Ferghana continue de provoquer , en raison de l'eau qu'elle absorbe, l'assèchement des fleuves qui mènent à la mer d'Aral , ce qui conduit à la disparition inéluctable d'une grande partie de ce qui était autrefois une superbe réserve d'eau et de poissons.

Comment est perçu Israël ?

Depuis l'indépendance en 1991 du pays, les deux Etats entretiennent des relations diplomatiques normales. Les Israéliens sont présents dans le pays en tant qu'experts agricoles pour favoriser une irrigation moins dépensière en eau. Les voyages entre les deux pays sont libres et de nombreux Ouzbeks viennent faire des études au Technion de Haïfa ou vont travailler quelques années en Israël.
On ne trouve aucune hostilité apparente envers l'Etat juif chez les gens avec qui ont discute, même s'il est certain que les milieux les plus islamisés ne voient pas les relations israélo-ouzbèques d'un très bon œil. En fait, dans toute l'Asie centrale ex-soviétique, les Israéliens ont effectué une percée diplomatique intelligente et bien utile. Dommage que l'aide aux écoles soit devenue inexistante.

Photo (Gérard Unger) : D.R.

Pierre Weill : quand la Turquie sauvait des juifs des griffes des nazis

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13 Mai 2009
Jeudi 14 mai à 19 heures, le centre culturel Anatolie de Paris, 77 rue Lafayette recevra Ayse Kulin, auteur du livre « dernier train pour Istanbul », consacré au sauvetage de juifs par des diplomates turcs pendant la Shoah. Pierre Weill qui s’est impliqué dans l’organisation de cette conférence publique, rappelle le comportement de la Turquie pendant cette période noire et revient sur les relations israélo-turques.

Pourquoi cette conférence consacrée au livre d’Ayse Kulin ?

Parce que le livre d’Ayse Kulin est une fiction basée sur des évènements réels, sur une « histoire » vraie extraordinaire : en février – mai 1944, en France, des diplomates turcs ont organisé le rapatriement en Turquie d’environ cinq cents juifs d’origine turque que les Allemands voulaient arrêter et déporter. Au total, sept convois partirent de la gare de l’Est à Paris avec à chaque fois un ou deux wagons pour les juifs turcs rapatriés. Le voyage jusqu’à Istanbul dura de douze à quinze jours à travers l’Allemagne, l’Autriche et l’Europe orientale occupée par les Nazis.

Cet épisode miraculeux, qui était pratiquement inconnu des juifs en France, a été exposé par mon ami Albert Carel lors d’une émouvante rencontre qu’il avait organisé en septembre dernier avec une vingtaine de survivants et leurs familles.

Aujourd’hui, grâce au livre d’Ayse Kulin, les lecteurs turcs savent que des diplomates turcs en France se sont mobilisés pour sauver des juifs turcs.

Comment les turcs se sont-ils comportes par rapport aux juifs pendant la deuxième guerre mondiale ?

Comme la Suisse et la Suède, la Turquie est restée neutre pendant pratiquement toute la guerre. (Elle est entrée en guerre aux côtés des Alliés en février 1945). Et comme pour les autres pays neutres, son attitude envers les juifs est l’objet de débats et de controverses parmi les historiens. Il faut rappeler que ces trois pays neutres ont vécu toute la guerre sous la menace d’une invasion allemande.

Il n’en demeure pas moins que ces trois pays et notamment la Turquie (puisque c’est d’elle dont il s’agit ici) ont sauvé des milliers de juifs de l’extermination nazie. Il faut rappeler à cet égard l’action héroïque des diplomates turcs en France et dans d’autres pays occupés pour sauver tous les juifs turcs que les Allemands ne demandaient qu’à expédier vers les camps de la mort.

La Turquie, la Suisse et la Suède auraient-elles pu faire davantage en faveur des juifs ? A la lumière de ce que l’on sait aujourd’hui de l’horreur nazie, la réponse ne peut qu’être que OUI.

Mais si on se replace dans le contexte de l’époque, la crainte d’une invasion allemande, une relative ignorance du sort réservé aux juifs et plus encore peut être le silence des alliés, la réponse à cette lourde question doit être nuancée.

On a assiste a des dérapages antisémites en Turquie durant l’opération de gaza ? Qu’en penses-vous ? Remettent-ils- en cause les relations entre Israël et la Turquie ?

Je ne suis pas directement qualifié pour répondre à cette question ; vous feriez mieux de la poser à l’Ambassadeur de Turquie à Paris ! Néanmoins, je vais vous donner mon opinion. Il est vrai que le gouvernement turc a montré une réaction assez dure envers Israël en raison de l’opération de Gaza et que cette réaction a provoqué certains dérapages antisémites. Cependant il faut relativiser : ces dérapages ont été heureusement limités en nombre et en violence. A ma connaissance il n’y a pas un antisémitisme structuré et politique en Turquie. Et puis après tout il y a eu des manifestations anti israéliennes dans les démocraties occidentales et notamment chez nous en France avec la participation militante de tous les mouvements d’extrême gauche. Et pendant ces manifestations on a entendu des slogans qui faisaient froid dans le dos.

Je crois qu’il ne faut pas oublier l’essentiel : la Turquie est aujourd’hui le seul pays musulman qui soit l’allié et l’ami d’Israël. Il faut tout faire pour maintenir et renforcer les liens entre Israël et la Turquie.

Prasquier : j’ai été déçu par le discours de Benoit XVI à Yad Vashem

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13 Mai 2009
Le président du CRIF a suivi le voyage du Pape en Israël, qui fait des déclarations remarquables, mais a raté la visite au mémorial de Yad Vashem car « il ne veut pas prendre à bras le corps l’histoire et ses horreurs ».

Richard Prasquier, quel est le bilan que vous faites du voyage du Pape en Israël? Pensez-vous comme le rabbin David Rosen, qui a fait la comparaison avec le pèlerinage de Jean-Paul II, que la "deuxième fois, ce n'est jamais aussi bien" ?

La visite de Jean Paul II avait été perçue comme un événement inouï, véritablement transformateur au regard de l'histoire. La deuxième visite d'un Pape ne pouvait plus avoir ce caractère d'extraordinaire nouveauté. De plus, la visite de Jean Paul II survenait après plusieurs gestes forts vis-à-vis du monde juif, alors que celle de Benoit XVI a lieu après plusieurs affaires qui ont crée des tensions et de l'incompréhension. En outre, lorsque Jean Paul II est venu, le climat politique dans la région, restait encore relativement optimiste: c'était en mars 2000, avant l'Intifada et le 11 septembre.
C'est loin d'être le cas aujourd'hui, et personne n'imagine que la visite du Pape, qui ne l'oublions pas est avant tout un pèlerinage sur les pas de Jésus, puisse changer quoi que ce soit.
Enfin, les personnalités des deux Papes sont si différentes.......

Vous avez entendu le discours du Pape à Yad Vashem. A t--il répondu à vos attentes?

Non. Apres le discours décevant de Birkenau, il y a trois ans, Benoit XVI a échoué une deuxième fois. J'espérais qu’il prononcerait enfin le grand discours, non pas de repentance - elle a déjà été exprimée - mais de réflexion, non seulement spirituelle, mais historique et éthique sur ce trou noir de la condition humaine qu'a été la Shoah.
Au lieu de cela, nous avons eu un discours sur l'étymologie de Yad Vashem, la signification du nom d'une personne et le rappel des bienfaits divins.
Je pense que Benoit XVI ne veut pas prendre à bras le corps le temps, l'histoire et ses horreurs pour rester dans une dimension purement spirituelle, mais de ce fait désincarnée. Je note que d'autres responsables religieux, y compris dans le judaïsme, ont cette même réserve vis-à-vis de la Shoah.
Cela dit, il y a dans les autres discours du Pape, beaucoup d'éléments remarquables, qui témoignent des liens entre l'Eglise catholique et le judaïsme (discours du Mont Nébo en Jordanie), de la gravité de l'antisémitisme dans le monde (discours de l'aéroport Ben Gourion) et du caractère inacceptable du dévoiement du religieux pour des objectifs politiques en instrumentalisant la violence (Amman).
Nous attendons les discours suivants : Bethleem, Nazareth..

Pensez-vous que le Shass a eu raison de boycotter la visite du Pape?

Cette réaction est pour moi incompréhensible. Comment voulez-vous dialoguer, s'il n'y a pas un minimum d'ouverture, ou même de politesse? Il y a toujours le moyen d'exprimer ses désaccords dans un cadre non humiliant.

D'une façon générale, comment a été perçu le voyage du Pape par l'opinion publique israélienne?

Sans enthousiasme particulier. Les affaires de la béatification de Pie XII et de Williamson sont passées par là. Plusieurs survivants ont refusé l'invitation de Yad Vashem de participer à la cérémonie. Et le reste de la société israélienne se sent assez peu concerné.

Après ce voyage, pensez-vous que le dialogue judéo-catholique sort renforcé?

D'abord, ce voyage n'est nullement terminé.
La journée d'aujourd’hui, mercredi 13 mai , est particulièrement importante et délicate : elle est sous le contrôle de l'autorité palestinienne. La journée de demain en Galilée devra être suivie avec soin. Le bilan sera fait ensuite.
Aujourd'hui le dialogue doit surtout se renforcer au niveau local. Au niveau du Vatican, il y a bien entendu la défense de Nostra Aetate, la lutte contre le négationnisme et la lumière sur l'action de Pie XII pendant et après la guerre. Ce dernier sujet n'a pas été traité, comme on pouvait s'y attendre au cours de la visite du Pape.
Le "trialogue" avec les musulmans a pris un coup très dur avec le discours inattendu et extrêmement violent du cheikh Al Tamimi au cours de la réunion interreligieuse de Notre Dame, lundi 11 mai. Cet homme était considéré par certains comme modéré, alors qu'il avait déclaré dans le passé qu'un musulman vendant sa terre a un juif méritait la mort. Il est -était?- le correspondant musulman dans les instances interreligieuses, ce qui montre la limite de celles-ci lorsque la situation est difficile.

Richard Prasquier, de retour de la réunion de l'AIPAC: «Obama: main de fer dans un gant de velours»

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10 Mai 2009
Vous venez de participer à la réunion annuelle de l'AIPAC. Avant la réunion prévue pour le 18 mai entre Obama et Netanyahou, peut-on prévoir un changement ou une continuité dans les relations entre Israël et les Etats-Unis?

Ce qui doit être bien clair est le caractère géostratégique fondamental des relations israélo-américaines. Le lien entre les deux pays est à leur commun avantage: dans les Etats-Unis, Israël trouve non seulement un allié et un pays dont l'amitié s'est manifestée sans discontinuer depuis près d'une cinquantaine d'années, mais aussi un garant de dernier recours. Inversement en Israël, les Etats-Unis trouvent dans une région particulièrement difficile et mouvante, un partenaire pour le développement scientifique, militaire ou non militaire, un pays sur lequel ils peuvent compter sans arrière-pensées et une démocratie aussi sourcilleuse qu'est la démocratie américaine. Aucun Etat dans cette partie du monde ne remplit ces contraintes de cette façon.
De ce fait, il n'est pas étonnant d'entendre les hommes politiques qui se sont exprimés à l'AIPAC, depuis le vice-président Jo Biden jusqu'aux très nombreux parlementaires ces déclarations très simples, soutenir Israël n'est pas seulement dans l'intérêt d'Israël, c'est dans l'intérêt des Etats-Unis. La continuité dans les relations parait évidente à tous ceux à qui j'ai parlé.
Le président Obama n'est pas perçu comme un idéaliste naïf et angélique, mais comme un homme parfaitement conscient des enjeux réels et prêt à faire face avec détermination, une fois que les voies de la négociation paraissent closes. Main de fer dans un gant de velours.....L'équipe qui se trouve autour d'Obama est composée de spécialistes reconnus qui ont travaillé sur le conflit israélo-palestinien depuis plusieurs années, mais qui l'envisagent dans le contexte global d'un monde inquiétant où la nucléarisation militaire de l'Iran d'une part, l'angoissante évolution de la zone AFPAK (Afghanistan Pakistan) d'autre part , sont associées au développement de "trous noirs" politiques -des zones de non-droit, champs de manœuvre possible de tous les terrorismes.
Il faut remarquer, sans nier évidemment de possibles tensions avec le gouvernement israélien, que la réflexion politique de Benjamin Netanyahu a toujours également été dominée par son approche globale du phénomène de déstabilisation du monde démocratique par l'Islamisme radical et que cela devrait être un point de rencontre fort entre les deux administrations.

Comment les militants de l'AIPAC perçoivent-ils le refus du gouvernement de Netanyahou d'envisager la création d'un Etat palestinien?

En ce qui me concerne, je suis, je l'ai toujours dit et cela a été répété au CRIF à de maintes fois, en faveur de la création d'un Etat palestinien.
On sait que la majorité des israéliens, et la majorité des Juifs américains partagent cette idée. Cela étant, l'histoire de ces dernières années nous interdit l'angélisme. La question n'est pas tant Etat palestinien ou non que "quel" Etat palestinien.
Un Etat qui ne reconnaitrait pas l'existence à ses côtés d'un Etat juif, un Etat qui réclamerait un contrôle total sur ses choix militaires ou ses alliances et qui pourrait permettre l'installation sur son sol, sous prétexte d'indépendance de milices vouées à la destruction d'Israël n'est pas cet Etat que la majorité de nous espérons.
Je pense que c'est exactement la position des membres de l'AIPAC, et je pense que c'est aussi la position de la très grande majorité des Israéliens, y compris de la plupart de ceux qui se retrouvent actuellement au gouvernement: il est artificiel de trop exagérer les différences.
Le Président Pérès a dit dans son discours "Benjamin Netanyahou a été mon rival politique, il est aujourd'hui mon Premier Ministre. Il connait l'histoire et en Israël, celui qui connait l'histoire ne peut que rechercher la paix. Je suis convaincu que Benjamin Netanyahou recherche la paix". Souhaiter la création d'un Etat palestinien pacifique et envisager sans arrière pensée que cet Etat puisse être contrôlé par un Hamas qui n'a rien abandonné des principes qui régissent sa charte sont deux choses bien différentes. C'est là que se situe la séparation entre les "réalistes" et les "utopistes" qui sont des minoritaires aussi brillants dans la dialectique qu'irresponsables dans leurs projets politiques.

Avez-vous le sentiment d'une évolution des Américains dans leur approche face à l'Iran?

Le sentiment qui prévalait à l'AIPAC était que les offres de négociation du Président Obama ne procédaient nullement d'une position de faiblesse. L'Iran est dans une situation économique catastrophique. La menace d'un blocage de l'accès de l'Iran aux produits pétroliers raffinés (on sait que l'Iran importe 40% de son essence....) ainsi que des menaces fortes sur son système bancaire sont des armes que l'administration américaine pourrait faire peser et dont les effets peuvent être dissuasifs.

Vous avez donné devant un parterre de responsables américains une conférence à l'Ambassade de France sur la situation des Juifs en France. Quelle est actuellement la perception aux Etats Unis de la politique proche-orientale de la France et de la situation des Juifs de France?

Il reste chez beaucoup d'entre eux l'idée qu'il est particulièrement difficile d'être Juif en France.
Mais, pour moi qui rencontre depuis des années les Juifs américains et leurs organisations, je vois clairement les perceptions se modifier, même si l'inertie des comportements est plus grande que ce qu'on aurait espéré. Ils savent aujourd'hui que s'il y a de l'antisémitisme en France, il y en a aussi dans d'autres pays européens (et pas seulement européens d'ailleurs) et que l'antisionisme en est un puissant vecteur. Je me suis attaché à leur rappeler que la France avait été le premier pays à émanciper les Juifs, le premier pays à leur accorder la plénitude des droits, à en faire des députés et des ministres dès la première partie du XIXe siècle, que le travail de mémoire sur la Shoah avait été fait de façon exhaustive au fil de ces vingt dernières années et que les derniers gouvernements, quelle que fût leur orientation politique avaient été intransigeants sur l'antisémitisme. Les américains que j'ai rencontrés savent par ailleurs que la position du gouvernement français par rapport à Israël est une position d'amitié. Mais, cela est frappant, et je l'ai retrouvé également au Musée de l'Holocauste à Washington où j'ai fait une autre conférence, il y a une perception aiguë de la montée de la haine contre les Juifs impulsée par les mouvements islamistes radicaux qui cherchent à la répandre dans tout le monde musulman. Les américains pensent que la France, du fait de sa composition démographique, est au premier plan dans ce courant. Quoi qu'on en pense, cela nous impose des responsabilités particulières.....

Photo : D.R.

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