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Ces dernières années, il nous a traversé l’esprit qu’il serait possible d’expliquer les récentes poussées d’antisémitisme et d’antisionisme en nous appuyant sur la métaphore d’un doppelgänger (un « double maléfique » ou un « jumeau maléfique ») du corps politique libéral dans lequel vivent la plupart d’entre nous, en Europe et en Amérique du Nord. Cette période a en effet été marquée par ce que l’on appelle avec euphémisme une « montée » de l’antisémitisme, comme en témoignent « la crise de l’antisémitisme » au sein du parti travailliste de Jeremy Corbyn, la manifestation tenue à Charlottesville, les meurtres dans la synagogue Tree of Life, certains arguments avancés par les partisans du Brexit et les tropes antijuifs liés au Covid. En réfléchissant à ces événements, j’ai également été frappé par la rapidité avec laquelle les mythes conspirationnistes antisémites et antisionistes ont remplacé les explications et les débats rationnels.
Plus j’y réfléchissais, plus les explications actuelles de cette « montée » me paraissaient insatisfaisantes. Que l’antisémitisme soit présenté comme « la haine la plus ancienne » [1], comme un « virus » ou comme un « réservoir » [2], la plupart de ces explications semblaient laisser de côté le problème suivant : Pourquoi le recours à l’antisémitisme et à l’antisionisme est-il même concevable en premier lieu ? Pourquoi, face à une série de problèmes et d’enjeux (dont certains totalement étrangers aux Juifs), l’antisémitisme et l’antisionisme sont-ils devenus, d’emblée et en un clin d’œil, une réponse irréfléchie et automatique ? Cette réflexion en a amené d’autres [3], dont la plus problématique revient à poser une question fondamentale : d’où vient cette absurdité antijuive apparemment si facile à mettre en œuvre ? Une fois de plus, les explications que nous venons de mentionner ne sont pas à la hauteur. Chacune d’entre elles, à sa manière, tend à positionner cette origine en marge ou au-delà du tissu social quotidien, plutôt que de l’envisager comme une problématique constamment renouvelée au sein même de ce contexte social ordinaire. Le concept de doppelgänger, par contre, semble répondre à cette interrogation.
Un doppelgänger est un double totalement identique à une exception près : il est « maléfique ». C’est cette caractéristique qui en fait un « jumeau maléfique » tourmenté. Selon la légende, ses manifestations ont été « comprises comme des avertissements et des signes avant-coureurs ». Comme le fait remarquer Naomi Klein :
« Lorsque la réalité commence à se dédoubler, à se réfracter sur elle-même, cela signifie souvent que quelque chose d’important est ignoré ou nié – une partie de nous-mêmes et de notre monde que nous ne voulons pas voir – et qu’un danger supplémentaire nous guette si l’avertissement n’est pas pris en compte. Cela s’applique à l’individu, mais aussi à des sociétés entières qui sont divisées, dédoublées ou cloisonnées en divers camps belligérants, apparemment inconnaissables. Des sociétés comme la nôtre. » [4]
Dans ses itérations simultanées que sont l’antisémitisme et l’antisionisme, « la question juive » est le doppelgänger du monde moderne. Partageant son apparence, ou plutôt apparaissant comme ce monde lui-même, elle est « maléfique ». Le mal qu’elle recèle se manifeste en réduisant tout ce qui se passe dans le monde, ainsi que toutes les explications de ces événements, à une seule force malveillante : « les Juifs » et « le sionisme ». Le danger qui est annoncé par ses manifestations vise donc autant le monde rationnel qu’il duplique que « les Juifs » et « les sionistes » eux-mêmes. En d’autres termes, en tant que doppelgänger, « la question juive » est l’« autre » irrationnel absolu et total (et totalisant) du monde rationnel moderne.
C’est cette qualité de doppelgänger qui explique non seulement la rapidité avec laquelle l’antisémitisme et l’antisionisme peuvent faire leur apparition à tout moment, mais aussi le fait étrange qu’il n’y a pas un seul aspect de la vie contemporaine – de la politique nationale et internationale au phénomène culturel le plus infime – qui n’a pas un double à trouver à travers le prisme de « la question juive » (il suffit ici de penser au mythe du « lobby israélien » censé tout déterminer, depuis la politique étrangère des États-Unis jusqu’à la chambre d’hôtel que Roger Waters [5] pourra réserver en Argentine). En tant que « jumeau maléfique » du monde, « la question juive » réorganise ce monde. Elle le fait en plaçant « les Juifs » ou « le sionisme » en son centre, puis en redéployant tout le reste autour d’eux.
C’est pour ces raisons que je me suis tourné vers l’ouvrage de Robert Fine et Philip Spencer paru en 2017, Antisemitism and the Left: A Return of the Jewish Question [6]. L’un des thèmes centraux de cet ouvrage est l’idée que l’émergence de « la question juive » date de la fin du XVIIIème siècle et constitue une réaction négative au mouvement d’émancipation des Juifs. À l’époque, cette soi-disant « question juive » consistait à se demander non seulement si les Juifs devaient être émancipés au sein des sociétés nationales parmi lesquelles ils vivaient, mais aussi, à quelles conditions. Le plus souvent, la réponse à ces deux questions s’est confondue en une seule : l’émancipation juive ne peut ni ne doit être accordée aux Juifs, d’abord parce qu’il y a « quelque chose en eux » constituant un obstacle à leur inclusion, mais aussi et surtout parce qu’ils ne feraient que représenter une menace et un danger pour la société dans laquelle ils sont appelés à s’émanciper. Ces prétendues déficiences juives et leurs causes présumées ont évolué au fil du temps. On est ainsi passé d’une insistance initiale sur l’absence de moralité – due à leur exclusion séculaire du monde politique et social chrétien et/ou (plus crûment) à leur adhésion à une religion dont on disait qu’elle était au fond « contraire à l’éthique » – à la cristallisation et à la fixation de ces caractéristiques négatives par le recours à l’idée pseudoscientifique absurde de la « race ». C’est dans ce dernier contexte que la Shoah – la tentative obsessionnelle d’exterminer chaque juif enfermé dans la notion de « Juif », au sens donné à cet attribut dans « la question juive » – a été présentée par ses auteurs comme la solution finale à ladite question.
L’ironie des décennies qui ont immédiatement suivi la Shoah réside dans le fait qu’il semblait que sa désignation comme solution finale à « la question juive » était acceptée par toutes les parties concernées. Comme si, de fait, la question était désormais close. Il ne fait aucun doute qu’au lendemain de l’extermination, l’antisémitisme est bel et bien tombé en discrédit. Dans l’ensemble, il avait disparu de la scène en tant que manière légitime de « comprendre » le monde et en tant que moyen d’organiser des mouvements politiques de masse.
Cependant, ce que les dernières années, et en particulier les suites du 7 Octobre, ont montré, c’est qu’il y a eu confusion entre la disparition de l’antisémitisme et la disparition de « la question juive ». En d’autres termes, on croit à tort que l’articulation de « la question juive » autour de l’antisémitisme a épuisé « la question juive » elle-même. C’est cette hypothèse qui doit être remise en cause à la lumière des dernières semaines. Il ne s’agit pas tant de la disparition ou de l’épuisement de « la question juive » par la disparition et l’épuisement de l’antisémitisme que d’une nouvelle articulation de « la question juive » autour de l’antisionisme, lequel tout à la fois englobe et remplace l’antisémitisme.
Ce passage de l’antisémitisme à l’antisionisme comme manière de cadrer « la question juive » et le remplacement de l’un par l’autre est implicitement constaté dans le travail de Fine et Spencer, sans toutefois être pleinement explicité. Dans le chapitre de leur livre intitulé « The Return of the Jewish Question and the Double Life of Israel » [Le retour de « la question juive » et la double vie d’Israël], ces auteurs observent que :
« L’expression la plus significative de la reconfiguration de la question juive dans la période actuelle réside dans les présentations négatives d’Israël et du sionisme. Si la stigmatisation de l’idée d’une nation juive peut être attribuée au credo des Lumières selon lequel tout devrait être accordé aux Juifs “en tant qu’individus” et rien “en tant que nation”, elle encadre la question juive d’une manière qui aurait été impensable avant le véritable essor du sionisme en tant que mouvement politique et surtout avant la formation de l’État d’Israël et la Shoah. » [7]
L’antisionisme en tant qu’itération la plus récente de « la question juive » reflète cette « reconfiguration ». (C’est à Isabella Tabarovsky [8] que revient le mérite d’avoir le mieux résumé le terme antisionisme tel qu’il est utilisé dans le présent essai : « Tout comme les antisémites se battent contre un fantasme du “Juif” qui les habite, les nouveaux antisionistes se battent contre un “sionisme” qui n’existe nulle part sur terre, mais qui est le fruit de leur imagination enfiévrée » [9].)
Par rapport à l’itération antisémite précédente de « la question juive » [10], cette reconfiguration antisioniste est à la fois continue et discontinue : la continuité est le lien permanent entre « la question juive » et l’émancipation juive, tandis que la discontinuité est liée à la nature spécifique de l’émancipation en question. Si l’antisémitisme est apparu en relation et en réaction à l’émancipation juive au sein de l’État-nation, l’antisionisme apparaît en relation et en réaction à l’émancipation juive par le biais de l’État-nation (l’État d’Israël) ; une situation qui, comme le notent Fine et Spencer, est relativement récente.
À travers une formulation pertinente qui fait écho au concept de doppelgänger, « La double vie d’Israël », un chapitre du livre de Spencer et Fine est consacré à la manière dont la représentation de l’État d’Israël est déformée par le prisme antisioniste de « la question juive » [11], et à comment les contradictions ordinaires présentes dans presque tous les États-nations du monde sont aplanies par la perception de l’État d’Israël « comme [la] représentation symbolique de tout ce qui est illégitime dans la communauté internationale d’aujourd’hui » [12]. Les auteurs illustrent leurs propos par trois exemples principaux. D’abord, la contradiction générale entre les revendications universelles de citoyenneté et la particularité de la nationalité, avec la discrimination sociale et politique en résultant, sont décrites en ce qui concerne Israël comme relevant d’une forme d’apartheid. De même, et ce point est encore plus pertinent à la suite du 7 Octobre, le conflit militaire passé et présent opposant Israël au Hamas est présenté comme un génocide. Enfin, la rhétorique occasionnelle d’Israël à l’encontre de l’Iran et de sa capacité nucléaire, voire l’existence même de l’État hébreu, sont décrites comme représentant « une menace unique pour la paix mondiale ».
En présentant comme exceptionnellement maléfiques les crimes et délits dont Israël s’est rendu coupable, mais dont aucun État n’est à l’abri, et en lui en inventant en plus des imaginaires, « on expose la nouvelle « question juive » en reprenant les marqueurs de l’ancienne » [13]. En d’autres termes, l’ancienne idée antisémite, selon laquelle « les Juifs » sont distincts de l’État-nation dans lequel ils vivent et lui sont intrinsèquement nuisibles, est reproduite et reformulée dans la nouvelle itération antisioniste de « la question juive ». Elle positionne « les Juifs », en l’occurrence « l’État juif », non seulement en dehors de la communauté internationale, mais aussi comme une menace intrinsèquement néfaste pour « l’humanité ». La meilleure illustration de ce phénomène est peut-être le nombre de résolutions adoptées contre Israël par divers organes des Nations unies, lesquels dans le même temps restent relativement silencieux sur les mêmes crimes et délits lorsqu’ils sont commis par d’autres États. Cela ne veut pas dire, bien sûr, que les actions d’Israël ne sont ni illégales ni à l’abri de toute critique, mais plutôt que les agissements lui étant reprochés font l’objet de préjugés ou d’une essentialisation, du fait qu’ils sont perçus à travers le prisme de l’antisionisme.
Ce dernier point mène à une observation qui est également devenue plus évidente après le 7 Octobre, bien qu’elle ne fût pas absente avant cette date : la représentation de l’État d’Israël à travers le prisme antisioniste de « la question juive » est à la fois plus profonde et plus large que les trois exemples fournis par Fine et Spencer ne le laisseraient entendre.
Nous ne pouvons ici que noter ou énumérer certains des exemples les plus flagrants remontés à la surface au cours des dernières semaines. Ces exemples incluent les tropes de la vengeance (qui peuvent être attribués à une lecture de mauvaise foi de l’Ancien Testament) et de la soif de sang que traduit la prétendue obsession juive pour le meurtre rituel d’enfants non juifs [14]. S’inscrit également dans cette catégorie la résurgence de l’idée selon laquelle l’antisémitisme, et désormais l’antisionisme, seraient des réactions « légitimes » aux actions jugées inhumaines de l’État d’Israël et de ses « apologistes » (un euphémisme désignant « les Juifs » et/ou « les sionistes », qui, jusqu’à récemment, étaient qualifiés par l’expression tout aussi euphémique de « pro-Israéliens »).
Bien entendu, aucun de ces exemples n’est en soi nouveau ou inédit, mais ils ont tous été repris ou, plutôt, réorientés sous le nom d’antisionisme dans la dernière itération de « la question juive ». Cependant, les nouveaux ajouts ne manquent pas, même s’il s’agit à nouveau d’une reformulation inédite de sentiments exprimés dans des incarnations antérieures de « la question juive ». Notons ici deux des plus flagrants, tels qu’ils se sont manifestés au cours des dernières semaines.
Le premier exemple trouve ses sources dans l’incarnation antisémite précédente de « la question juive » : il s’agit de l’idée que non seulement Israël en tant qu’État, mais le « sionisme » lui-même, est illégitime pas uniquement pour ce qu’il fait, ou est supposé avoir fait, mais en raison même de son existence. L’illustration la plus claire de ce point de vue réside dans l’application erronée du concept de « colonialisme de peuplement » à la fois au sionisme et à Israël. Comme pour les exemples examinés par Fine et Spencer, cette dernière allégation, en s’inscrivant dans le cadre des limites et du contenu de « la question juive », implique la violation par Israël de valeurs normatives de l’ordre mondial. Cette notion contemporaine de « colonialisme de peuplement » implique en conséquence l’illégitimité inhérente et innée de l’État juif ab initio.
Cependant, c’est le second exemple qui est le plus pertinent dans le contexte actuel, celui du dualisme des significations attachées à la maxime post-Shoah « Plus jamais ça ».
Les interprétations concurrentes de la maxime « Plus jamais ça » résument presque parfaitement l’idée que « la question juive » est le doppelgänger de l’émancipation juive, ainsi que de l’exclusion et de l’inclusion juives respectivement.
D’une part, « Plus jamais ça » peut s’interpréter, du point de vue de l’inclusion et de l’émancipation ; dans ce cas, cette maxime s’applique à tous, y compris, bien sûr, aux Juifs, dont ceux assassinés le 7 Octobre.
Cependant, du point de vue de la nature exclusive de « la question juive », la maxime sert de prétexte à l’accusation selon laquelle, dans la bouche des « sionistes », « Plus jamais ça » signifierait « Plus jamais ça… pour les Juifs ». En d’autres termes, cette maxime symboliserait le particularisme juif anti-universaliste, lequel implique une absence de normes ou de limites juridiques et morales [15].
Compris en ces termes, cette interprétation antisioniste du « Plus jamais ça » non seulement rejoint l’idée qu’Israël est en train de perpétrer un génocide, comme nous l’avons vu plus haut, mais permet également d’analyser « la question juive » en se prévalant d’un nouvel argument : celui de « l’inversion de la Shoah » [16]. Cette notion, comme nous le savons, renvoie à l’idée que les « sionistes » sont les « nouveaux nazis » et que ce que les nazis ont fait aux Juifs hier, les « sionistes » le font aujourd’hui aux Palestiniens. Un petit groupe de spécialistes de la Shoah et de l’antisémitisme a d’ailleurs parfaitement assumé ce point de vue dans une lettre publiée dans la New York Review of Books le 20 novembre 2023. Les auteurs de cette lettre écrivent en effet que l’invocation de comparaisons entre le 7 Octobre et la Shoah :
« […] fait effectivement écho à une violence de masse historique. Mais cet écho devrait servir d’injonction contre les massacres à grande échelle, et non d’appel à leur extension. » [17]
Indépendamment de l’exactitude de cette référence, l’allégation implique que l’expression « Plus jamais ça » est invoquée à tort dans le contexte actuel, puisqu’elle serait instrumentalisée par les « sionistes » pour appeler au génocide.
Parmi les répercussions les plus saisissantes des semaines suivant le 7 Octobre figure le profond bouleversement, voire le traumatisme, éprouvé par de nombreux Juifs de la diaspora. Ceux-ci se sont brusquement retrouvés isolés et délaissés au sein même des communautés dans lesquelles ils ressentaient auparavant un sentiment d’appartenance et de sécurité. Cette expérience n’a peut-être été ressentie nulle part aussi intensément qu’aux États-Unis, un pays dans lequel le sentiment d’appartenance et de sécurité des Juifs n’avait jamais été mis à l’épreuve comme il a pu l’être en Europe. Le plus souvent, cette réalité s’est imposée non seulement lorsque les expressions (jusqu’alors espérées) de solidarité et de sympathie pour les horreurs vécues par les Israéliens ont brillé par leur absence, mais aussi lorsque d’aucuns ont refusé de reconnaître que de telles horreurs avaient été perpétrées. Cette expérience d’exclusion et d’isolement a été aggravée par la confiscation implicite, contre leur volonté, des aspects composites de leur identité sociale au profit de leur singularité unidimensionnelle de « Juif », notamment dans leur relation réelle ou supposée au « sionisme » et à « Israël ». Cette singularité leur a été imposée en outre de l’extérieur, voire violemment, par des tiers. [Un processus qui ne manque pas de s’appliquer aussi aux Juifs antisionistes, qu’ils soient orthodoxes (comme les Neturei Karta) ou progressistes.]
Pour moi, ce choc que beaucoup ont ressenti au lendemain du 7 Octobre peut être perçu comme une prise de conscience soudaine et inattendue de la fragilité de l’émancipation juive et de la résilience de « la question juive ». Il convient en outre de souligner la rapidité inouïe avec laquelle l’inclusion s’est transformée en exclusion et les divisions politiques et sociales antérieures se sont effritées et réorganisées autour de la figure du « Juif » et/ou des « sionistes » ; une prise de conscience, en d’autres termes, du doppelgänger de la « question » et de l’émancipation juives.
S’il est vrai que les attaques brutales du 7 Octobre ont révélé de manière inattendue et violente les vulnérabilités de l’État d’Israël, elles ont également dévoilé une facette tout aussi inattendue, quoique moins violente, de l’itération antisioniste de « la question juive », à savoir la vulnérabilité de l’émancipation dans la diaspora et en Israël. Après le 7 Octobre, la perspective d’un accord de paix véritable et significatif entre Palestiniens et Israéliens n’a jamais semblé aussi nécessaire, et pourtant aussi lointaine. Pourtant, c’est la quête d’une émancipation juive véritable et significative, et d’un dépassement de « la question juive » en diaspora, qui pourrait bien se révéler la plus difficile.
David Seymour
David Seymour est maître de conférences en droit à la City Law School, City, University of London. Ses travaux portent sur la théorie critique, la mémoire de la Shoah, la « Question juive », l’antisémitisme et l’antisionisme. Il a également écrit sur le droit et le cinéma, le droit et la musique, le Brexit et le Covid.
Notes :
[1] Wistrich, R.S (1994) Antisemitism: The Longest Hatred. New York, Schocken Books.
[2] Gidley, McGeever et Feldman (2020) “Labour and Antisemitism: a Crisis Misunderstood”, Political Quarterly, 91(2), p. 413-421.
[3] Seymour, D., (2023) “Reflections on the Reservoir: The Abstraction of Antisemitism”, Journal of Contemporary Antisemitism, 6(1), p. 49-62.
[4] Klein, N, (2023) “Doppelganger: A Trip Into the Mirror World”, London Allen Lane, p. 9.
[5] Ce musicien, ancien membre du groupe Pink Floyd avait déclaré, lors de sa tournée en Amérique du Sud, que le « lobby israélien » l’avait empêché de trouver un logement hôtelier à Buenos Aires et Montevideo.
[6] Fine, R et Spencer, P, (2017) “Antisemitism and the Left: On the return of the Jewish question”, Manchester, Manchester University Press.
[7] Ibid., p. 111.
[8] Tabarovsky, I, (2023) “The Cult of Antizionism”, in Tablet, 20 septembre 2023,
[9] Voir aussi : Hirsh, D (2023) “Contemporary Antisemitism”, The Routledge History of Antisemitism, London, Routledge ; Seymour, D. (2019) “Continuity and Discontinuity: From Antisemitism to Antizionism and the Reconfiguration of the Jewish Question”, Journal of Contemporary Antisemitism, 2(2) p. 11-23.
[10] Fine et Spencer, voir plus haut la note de bas de page 6, p. 111-129.
[11] Seymour, 2019.
[12] Ibid., p. 116.
[13] Ibid., p. 123.
[14] Concernant l’histoire de « l’accusation de crime rituel », voir Teter, M, (2020) “Blood Libel: On the Trail of an Antisemitic Myth”, Boston, Harvard University Press.
[15] Seymour, D. (2016) “Holocaust Memory: Between Universal and Particula” in Seymour, D.M. et Camino, M. (éditeurs) The Holocaust in the twenty-first century: Contesting/contested Memories, London, Routledge ; Seymour, D. (2010) "From Auschwitz to Jerusalem to Gaza: Ethics of the Want of Law", Journal of Global Ethics 6(2), 205-215.
[16] Klaff, L. (2014) "Holocaust Inversion and contemporary antisemitism" , Fathom.
[17] Bartov, O et al (2023) "An Open Letter on the Misuse of Holocaust Memory", NYRB, 20 novembre 2023.
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