Pour vous, c’est quoi la Libye ?
Libye, nom tiré d’une tribu berbère, les Lebou, plusieurs siècles avant J.C. (1000 ans) et qui va être attribué à une contrée située à l’ouest du Nil. En 1911, l’Italie applique le nom au pays actuel avec ses trois régions : la Tripolitaine à l’ouest, la Cyrénaïque à l’est et le Fezzan au Sud.
C’est actuellement un pays arabe étrangement gouverné et riche de son pétrole. C’est aussi un pays où, jusqu’au milieu du XX ème siècle, vivait une importante communauté juive, très ancienne, fondée après la destruction du Second Temple (70 après J.C.) voire avant cette date. Une des plus anciennes communautés juives du monde.
Pourquoi, selon vous, les Juifs de Libye ont-ils choisi l’exil ?
A la limite, les Juifs ne choisirent rien du tout. Ils furent acculés au départ car leur sécurité physique était menacée, et ce, de 1948 à 1952.
Période charnière marquée par la naissance d’Israël, l’indépendance du pays fin 1951, les massacres anti-juifs de 1945 à 1948 avec des départs massifs et une résistance efficace des groupes d’auto-défense, en 1948, qui limitèrent les pertes humaines chez les Juifs de Tripoli.
Pourquoi, pour qui, maintenir vivace le souvenir d’une communauté juive millénaire qui a compté jusqu’à quarante mille personnes et dont il ne reste pratiquement plus personne ?
Pour des raisons très simples. D’abord, ne serait-ce que par son ancienneté, cette communauté était un élément-clef des diasporas. Ensuite parce que, sur place, elle eut une vie culturelle active, riche, diversifiée, surtout à l’époque moderne : XVIII ème, XIX ème et XX ème siècles. Sans doute aussi, comme n’importe quelle communauté juive disparue, il faut perpétuer son souvenir.
Pour qui ? Pour les descendants de ceux qui vécurent dans cette contrée d’islam treize siècles durant, mais aussi pour d’autres, Juifs ou non, d’autant que le pays, ses habitants et la communauté juive de naguère, sont fort mal connus.
Propos recueillis par Jean-Pierre Allali