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Publié le 27 Novembre 2007

Taieb : Les Juifs furent acculés au départ car leur sécurité physique était menacée

Natif de Tunisie, spécialiste de l’histoire du Maghreb, Jacques Taïeb sera l’un des intervenants de la manifestation organisée conjointement par le CRIF et le Centre Rachi d’Art et de Culture consacrée aux Juifs de Libye : « Il était une fois…Les Juifs de Libye», qui se déroulera le 5 décembre 2007 à 20h30 au Centre Rachi. Il répond à nos questions.


Pour vous, c’est quoi la Libye ?
Libye, nom tiré d’une tribu berbère, les Lebou, plusieurs siècles avant J.C. (1000 ans) et qui va être attribué à une contrée située à l’ouest du Nil. En 1911, l’Italie applique le nom au pays actuel avec ses trois régions : la Tripolitaine à l’ouest, la Cyrénaïque à l’est et le Fezzan au Sud.
C’est actuellement un pays arabe étrangement gouverné et riche de son pétrole. C’est aussi un pays où, jusqu’au milieu du XX ème siècle, vivait une importante communauté juive, très ancienne, fondée après la destruction du Second Temple (70 après J.C.) voire avant cette date. Une des plus anciennes communautés juives du monde.
Pourquoi, selon vous, les Juifs de Libye ont-ils choisi l’exil ?
A la limite, les Juifs ne choisirent rien du tout. Ils furent acculés au départ car leur sécurité physique était menacée, et ce, de 1948 à 1952.
Période charnière marquée par la naissance d’Israël, l’indépendance du pays fin 1951, les massacres anti-juifs de 1945 à 1948 avec des départs massifs et une résistance efficace des groupes d’auto-défense, en 1948, qui limitèrent les pertes humaines chez les Juifs de Tripoli.
Pourquoi, pour qui, maintenir vivace le souvenir d’une communauté juive millénaire qui a compté jusqu’à quarante mille personnes et dont il ne reste pratiquement plus personne ?
Pour des raisons très simples. D’abord, ne serait-ce que par son ancienneté, cette communauté était un élément-clef des diasporas. Ensuite parce que, sur place, elle eut une vie culturelle active, riche, diversifiée, surtout à l’époque moderne : XVIII ème, XIX ème et XX ème siècles. Sans doute aussi, comme n’importe quelle communauté juive disparue, il faut perpétuer son souvenir.
Pour qui ? Pour les descendants de ceux qui vécurent dans cette contrée d’islam treize siècles durant, mais aussi pour d’autres, Juifs ou non, d’autant que le pays, ses habitants et la communauté juive de naguère, sont fort mal connus.
Propos recueillis par Jean-Pierre Allali