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Publié le 11 Avril 2013

10 avril 1516, Venise a le triste privilège d’avoir inventé le premier « ghetto »

 

C’est un certain 10 avril 1516 que le Conseil des Dix, souvent désigné comme « les Dix » qui fut de 1310 à la chute de la république de Venise en 1797, un des principaux organes exécutifs et judiciaires du gouvernement dont le rôle essentiel était de veiller à la sécurité de l’état décida de regrouper les membres de la communauté juive à Cannaregio, un site occupé par une ancienne fonderie (en vénitien, le mot "fonderie" se dit "getto" ou "gheto").

 

Aux XIe et XIIe siècles, la république de Venise commença à accueillir des Juifs provenant d’Europe centrale et les autorisa à avoir des entrepôts dans la ville. On recensa 1300 Juifs en 1152. En 1366, on leur concéda la possibilité d’avoir des banques de prêt, mais en 1396, ils furent interdits de séjour.

 

Dans la seconde moitié du XVe siècle, les Juifs reçurent l’accord de résider à Venise, à condition qu’ils portent un signe distinctif : un cercle de toile jaune cousu sur les vêtements ou un chapeau rouge.

 

Au début du XVIe siècle, l’antisémitisme battait son plein : les Juifs de Trévise, Padoue et Vérone arrivaient en masse à Venise pour fuir les armées de la Ligue de Cambrai. Les prédicateurs dominicains en profitèrent pour demander l’expulsion définitive de toute la population juive de Venise, mais la Sérénissime choisit un compromis : autoriser les Juifs à s’installer de manière définitive comme prêteurs sur gages, fripiers et médecins dans une aire assignée et fermée : le ghetto.

 

Les Juifs ashkénazes occupèrent en premiers, le Ghetto Nuovo. Les commerçants sépharades dont l’économie vénitienne ne pouvait se passer, furent autorisés à résider dans Venise. Mais ils s’installèrent peu à peu dans les alentours du Ghetto et, en 1541, ils furent à leur tour enfermés dans le Ghetto Vecchio. La densité de population était telle que, pour compenser le manque de place, il fallut construire des immeubles à plusieurs étages.

 

Au début du XVIIe siècle, les Juifs étaient plus de 5000, et une intense activité culturelle du Ghetto s’était développée et des rabbins comme Leon da Modena et Simone Luzzatto tenaient des cours attirant intellectuels juifs et non-juifs.

 

En 1797, Napoléon décida la suppression du Ghetto, qui fut rétabli par les Autrichiens.

Il ne fut définitivement aboli qu’en 1866.

 

Aujourd’hui, les familles juives sont disséminées dans toute la ville, mais dans ce quartier de Cannaregio se trouvent encore quelques boutiques casher, des librairies hébraïques et les lieux de culte.

 

Source : http://www.lemondejuif.info/10-avril-1516-venise-a-le-triste-privilege-davoir-invente-le-premier-ghetto/