Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier – L’antisémitisme aujourd’hui : digressions virologiques

31 March 2025 | 116 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Le 4 février 2018, le Crif et les Amis du Crif ont organisé un voyage de mémoire dans les camps d’Auschwitz-Birkenau. Près de 200 personnes ont participé à cette journée exceptionnelle, qui a marqué les mémoires de chacun. Une délégation d’élus et de personnalités publiques m'a également accompagné. Nous avons aussi eu l'honneur d'être accompagnés par Ginette Kolinka, réscapée d'Auschwitz.

En fin de journée, nous avons tenu une courte cérémonie d'hommages ponctuée de plusieurs discours et de prières animées par le Rabbin Moché Lewin. En conclusion de cette intense journée, le Shofar a resonné au milieu du silence etourdissant de l'immense complexe de Birkenau.

Depuis quelques semaines, le texte épistolaire de Sholem Aleichem a investi la petite – mais non moins prestigieuse – scène du Théâtre de la Huchette, à Paris.

Hier, je me suis exprimé sur la récente vague d'antisémitisme qui secoue la France. J'ai demandé à l'ensemble de la communauté nationale de faire front contre la haine antisémite. J'ai également rappelé l'importance pour la justice française d'appliquer des peines suffisamment lourdes pour être dissuasives.

De ce 9 janvier 2015, nous voulons retenir une autre image, cette belle image. Celle de Lassana Bathily.

Lundi 20 novembre, j'ai rencontré le Président français Emmanuel Macron à Paris, accompagné d'une délégation du Congrès Juif Européen (EJC).

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Actualité

Dans le cadre du match de foot qui doit opposer le RC Strasbourg au Maccabi Haïfa FC, le Préfet de la Région Grand-Est a publié ce matin un arrêté inquiétant et profondément dérangeant. Je me suis entretenu avec le Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l'Intérieur, et avec le Directeur de Cabinet du Préfet du Bas-Rhin. Un nouvel arrêté devrait être publié, supprimant notamment l'interdiction des drapeaux nationaux et des signes de soutien aux deux équipes.

"Les juges d’instruction viennent enfin de rendre leur décision dans le meurtre barbare de Sarah Halimi, dans une ordonnance rendue le 12 juillet dernier. Elles estiment qu’il existe des "raisons plausibles" de penser que le discernement du suspect était "aboli" au moment des faits. Si elle est sans surprise, cette décision reste difficilement justifiable."

Ma réaction après l'annonce du report du vote de l'Assemblée nationale pour l'adoption de la définition de l'antisémitisme de l'IHRA. L'Assemblée nationale a également annoncé qu'avant d'être examinée, la proposition de résolution serait réécrite.

Dans cette éditorial, je m'exprime sur la décision du parquet de Paris de s'opposer à l'incarcération d'Alain Soral. Une décision que je juge inacceptable.

Bienvenue sur le blog La Chronique (pas tès casher) de Raphaela ! Sur ce blog, Raphaela vous propose ses billets d'humeur sur tout ce qui l'entoure, l'émeut, la touche, la fait rire et la révolte. Et elle a des choses à vous dire...

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Rien d’étonnant à ces nombreuses réunions actuelles sur le thème de l’antisémitisme. Il ne s’agit plus seulement de la vertigineuse augmentation des actes antisémites depuis le 7-Octobre 2023 ; dans notre pays et dans bien d’autres, des verrous semblent avoir sauté, exposant les Juifs médusés aux fantômes d’un passé qu’ils croyaient révolu.

Les sondages montrent que les jeunes, mal protégés par un antiracisme dévoyé par l’intersectionnalité des luttes sont particulièrement vulnérables au virus antisémite. Deux affaires qui les concernent particulièrement sont révélatrices. Elles étaient censées faire rire, mais ce rire n’est qu’un ricanement.

Dans un sketch de juillet 2024, Blanche Gardin se déclare antisémite et s’entend répondre, sous les rires d’une assistance jeune, que toute la salle est antisémite. Le fil conducteur de l’humoriste est qu’après ce 7-Octobre où il ne s’est pas passé grand-chose, les Juifs enfument les gens en se plaignant continuellement d’être persécutés. C’est ce que disait Dieudonné de la Shoah et il a beaucoup apprécié le sketch.

Récemment, ce fut Cyril Hanouna en clone des pires affiches de Juifs de l’époque nazie, une caricature qui avait certainement reçu l’imprimatur du chef suprême de la La France insoumise (LFI).

Tous ont bien sûr proclamé qu’ils vomissaient l’antisémitisme. Madame Gardin a même dévoilé un argument puissant : un de ses cousins serait Juif ! Delphine Horvilleur lui a répondu avec raison qu’elle se fichait de savoir si elle était antisémite ou non, mais que son sketch encourageait l’antisémitisme.

L’histoire des Justes ne manque pas, en effet, d’antisémites qui malgré leurs préjugés ont sauvé des Juifs ; et d’autres (Laval en est un exemple) qui, sans l’être, on fait le contraire par lâcheté ou opportunisme.

Cinq ans après le Covid, la virulence du virus antisémite dont le variant antisioniste prédomine largement aujourd’hui, est grande parce que sa structure simple (simpliste ?) et rigide le rend insensible aux anticorps du débat. Les milieux de culture qui le font croître le mieux, ce sont des images (le keffieh…) et des slogans (du fleuve à la mer…). Pour enrichir des milieux moins favorables, le virus secrète des adjuvants : les bons sentiments compassionnels LGBT et antiracistes, mais les souches les plus robustes, dites fréristes, n’en ont nul besoin. Elles carburent à la prédication islamiste à laquelle les souches mélenchoniennes se sont étonnamment bien adaptées malgré leurs circuits métaboliques très différents.

Arrêtons la métaphore :  pour les militants engagés, la détestation d’Israël participe d’une façon d’être au monde et est hermétique à toute argumentation.

Celle-ci est indispensable en revanche auprès des jeunes sur lesquels LFI essaie une OPA sous prétexte qu’ils comprennent les raisons du martyre des Palestiniens : il ne s’agit en réalité pas de compréhension, mais d’émotions parfaitement respectables mais manipulées par une propagande efficace blanchie sous le harnais : il y a cinquante ans, sous l’influence de l’URSS, l’ONU déclarait Israël État raciste.

Outre la jeunesse, qu’il faut atteindre avec ses propres codes, dans lesquels l’humour joue un bien plus grand rôle que la dissertation scientifique, il faut agir auprès de cette masse immense de citoyens pas particulièrement hostiles mais qui se « posent des questions », dont beaucoup sont parfaitement légitimes. C’est avec eux qu’un débat argumenté s’impose. Il doit mettre en relief l’éléphant dans la pièce, à savoir l’islamisme radical et ses objectifs, et éviter toute coloration messianique qui ne convaincra que les déjà convaincus.

Le travail est ingrat mais nécessaire et non désespéré. Contrairement à ce qui se dit parfois, la France a plutôt mieux résisté que d’autres pays à la vague antisémite d’aujourd’hui. Malgré tout, elle possède des anticorps…

 

Richard Prasquier, président d'honneur du Crif 

 

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