Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean-Pierre Allali – Le Juif rouge, par Stéphane Giusti

18 December 2024 | 85 vue(s)
Catégorie(s) :
Antisémitisme

Il y a 81 ans le 25 février 1941 : la grève des travailleurs d’Amsterdam pour protester contre la persécution nazie des Juifs néerlandais

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Le Juif rouge, par Stéphane Giusti (*)

 

Le Juif rouge, c’est Aaron Tamerlan Munteanu, né le 28 mai 1884 à Galaţi, anciennement ville de la principauté de Moldavie devenue territoire ottoman, lui-même devenu Royaume de Roumanie, puis République populaire de Roumanie, République socialiste de Roumanie et enfin République de Roumanie dans l’Union européenne. Né en Roumanie, Aaron Munteanu n’est pas roumain pour autant car il est juif et les Juifs, à cette époque, ne sont pas citoyens de leur pays de naissance mais des sujets de seconde zone astreints, néanmoins, au service militaire. « Je suis un Juif rouge. Le dernier. Mes racines prennent source au-delà du fleuve Sambatyon où se réfugièrent les dix tribus perdues d’Israël, lors de l’exil à Babylone ». Le Juif rouge, c’est un géant de deux mètres vingt à la chevelure rousse et aux yeux verts qui, un jour, a reçu la visite d’un dybbouk, une créature fantasmagorique mandatée par le rabbin Krenkel qui le condamne, pour l’éternité à endurer le destin des siens et à en porter témoignage. Fils d’Abraham Yaacov Munteanu et de Rachel Breitowitz, Aaron, après ses études, a entrepris une carrière de critique musical dans une revue très prisée, Adevãrul. En 1916, c’est la Guerre. Aaron a été mobilisé pour combattre les Allemands et les Austro-Hongrois qui occupent le pays. Avec le soldat Ion Lupescu, le sergent-chef Aaron Tamerlan Munteanu, première armée roumaine, quatrième brigade, est fait prisonnier par les Teutons. Une altercation amènera Aaron à tuer Lupescu avant de s’évader. Il croise le chemin de trois combattants roumains : Mutu Mihail, Stelea Adrian et Tanase Tibor. Mutu, au fil du récit, deviendra le compagnon inséparable du Juif rouge.

Pourvu d’un don prémonitoire sur les catastrophes qui guettent le peuple juif en Europe, Aaron se retrouvera partout où le danger se fait menaçant : à Iaši, en Roumanie, en Ukraine, à Auschwitz-Birkenau, Chełmno, Belżec, Lublin, Sobibór. Treblinka… Avec un objectif : sauver le maximum de vies. Étonnamment, depuis le 12 mars 1917, le Juif rouge reçoit chaque mois, sur son compte bancaire, la somme rondelette de cent mille lei, ce qui facilitera sa mission.

Avec ses parents, il fera son alyah et se retrouvera à Haïfa puis à Tel Aviv.

Sur le chemin de son étrange vie, le Juif rouge croisera la route de nombre de célébrités : Isaac Babel, Arthur Schnitzler, Haïm Arlozoroff, qui sera assassiné dans des conditions mystérieuses…

L’amour n’est pas absent de ce récit pour le moins surprenant. Il y aura la tendre Mila, amour de jeunesse qui mourra, hélas, du typhus, la pulpeuse lettone, Roza Kaplan, qui, elle, sera assassinée par des bandits arabes en terre d’Israël en 1936 et, plus tard, Frau Adler, propriétaire d’une pension de famille, qui lui donnera même un fils Albert Tamerlan, deux mètres trente-trois, soit trois centimètres de plus que le Juif rouge qui le secondera dans sa tâche.

Original et décapant.

 

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Seghers, août 2024, 336 pages, 20 €.

 

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