Jean Pierre Allali

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Lectures de Jean-Pierre Allali – Ma vie avec Edmond Fleg, par Haïm Korsia

07 January 2024 | 66 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Le Crif et sa commission Éducation, la Fondation Jean-Jaurès et l'IFOP organisaient jeudi 6 mars 2025 au Sénat un colloque dédié à la montée de l’antisémitisme au sein du milieu scolaire, en présence notamment d'Élisabeth Borne, ancienne Première ministre, ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Voici le discours prononcé par le Président du Crif, Yonathan Arfi, à cette occasion. 

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Ma vie avec Edmond Fleg, par Haïm Korsia (*)

 

Par-delà le portrait de ce grand homme, de ce grand Juif, que fut Edmond Fleg et par-delà l’analyse très fine de son œuvre immense, ce livre met en valeur ce qui fait la profondeur et la grandeur du judaïsme. Edmond Flegenheimer est né au sein d’une famille juive bourgeoise et assimilée. C’était en Suisse, à Genève, le 26 novembre 1874. S’il fait sa bar mitsva à l’âge de treize ans, il lit sa paracha mécaniquement et sans en comprendre le sens. Amoureux d’une jeune fille chrétienne, il assistera à des prêches et fréquentera des églises. En 1892, sa famille l’envoie en Allemagne puis à Paris. Après une scolarité au lycée Louis-le-Grand, il suit des cours à La Sorbonne et, en 1895, il intègre l’École Normale Supérieure tout en préparant une licence de lettres et de philosophie et une agrégation d’allemand. Il écrit, il publie et mène une vie de dandy. Il se lie d’amitié avec Lucien Moreau, fervent admirateur de Maurice Barrès, hérault de la droite extrême et antisémite. Ce qui ne l’empêche pas de s’abonner au journal Die Welt, créé par Theodor Herzl et de rencontrer Bernard Lazare. C’est l’époque de la tristement célèbre Affaire Dreyfus. En août 1899, il se rend à Bâle pour assister au 3e Congrès sioniste. En décembre 1907, il épouse religieusement Madeleine Bernheim qui lui donnera deux fils, Maurice, né en 1908 et Daniel, né en 1913. Un autre Edmond Fleg est né. Le couple s’installe au 1, quai aux Fleurs, là même où, plus tard, habitera Vladimir Jankélévitch. Étonnante coïncidence ! Pendant des années, Fleg dévore littéralement toute la littérature relative au judaïsme. Quand la Guerre survient, il est encore étranger et décide de s’engager dans la Légion. Le 10 octobre 1915, après l’offensive de Champagne, il reçoit la Croix de Guerre. Sur les champs de bataille, entre deux combats, il lit la Bible et apprend l’hébreu. En 1917, il adhère à la Ligue des Amis du sionisme. En 1919, il demande officiellement sa naturalisation qu’il obtiendra en 1922 avant d’être fait chevalier dans la Légion d’honneur. Edmond Fleg est désormais tout à la fois un Juif français et un Français juif. « Il ne veut ni d’un judaïsme qui se nie sous prétexte d’assimilation, ni d’un judaïsme qui s’enferme dans la rigueur de sa pratique : il rêve d’un judaïsme qui s’ouvre au monde, qui lui parle et se nourrit de lui comme il le féconde ».

Dans son livre, Haïm Korsia, s’il décrit minutieusement l’œuvre abondante de Fleg dont le fameux « Pourquoi je suis juif ? », s’attache plus particulièrement à sa monumentale Anthologie juive, véritable testament de l’auteur, publiée en 1923 et rééditée en 1950. Une anthologie qui couvre tous les domaines : poèmes, paraboles, fables, littératures, petites et grandes aventures du peuple Juif, sionisme, catastrophe de la Shoah, Israël reconstruit…

En 1951, Fleg se rendra en Israël où sera inaugurée une forêt à son nom. Il s’est éteint le 15 octobre 1963 et repose à Grimaud, dans le Var, auprès de ses fils trop tôt disparus.

Un bel hommage à un grand homme, un grand Juif. À découvrir !

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions Gallimard, septembre 2024, 160 pages, 18 €.

 

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