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Crédit photo : ©Alain Azria
Le Président du Crif a introduit cette rencontre en remerciant Gérard Larcher pour sa présence mais également pour son engament depuis le 7 Octobre dernier et notamment son initiative, avec la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet pour l’organisation de la grande marche pour la République et contre l’antisémitisme du 12 novembre 2023. « Ce moment-là a été fondamental pour les Juifs qui ont eu le sentiment qu’enfin le mur de la solitude s’effritait, tombait et qu’un cri fraternité et un élan d’humanité s’exprimaient de nouveau dans la société française avec force. »
Le président du Sénat a pris la parole pour une intervention liminaire. « Soyez inscrits dans le livre de la vie », c’est avec ces mots que le président du Sénat a introduit son propos en référence à la fête de Kippour qui avait lieu samedi dernier.
Gérard Larcher a d’abord parlé de son voyage en Israël au kibboutz de Kfar Aza avec l’ensemble des présidents de groupes du Sénat. « Nous en sommes ressortis profondément bouleversés. »
Le président du Sénat est ensuite longuement revenu sur la marche du 12 novembre 2023. « Depuis le 12 novembre 2023, le nombre d’actes antisémites ne s’est hélas pas arrêté… bien au contraire. […] Si notre marche du 12 novembre n’a pas suffit, alors il faut poursuivre la démarche et chercher d’autres moyens de combattre ce fléau. »
Il a notamment insisté sur l’importance de la connaissance, et la nécessité de bien identifier les nouveaux visages de l’antisémitisme, et de bien connaître notre histoire. « Il faut avoir l’histoire pour mesurer que l’antisémitisme est un mal multiséculaire. »
Gérard Larcher a ensuite rappelé l’importance de la laïcité et de la compréhension de ce qu’elle est.
Pour le président du Sénat, la marche du 12 novembre a été le révélateur du nouveau visage de l’antisémitisme : celui de ceux qui n’ont pas voulu marcher le 12 novembre contre l’antisémitisme. L’antisionisme est devenu un « alibi redoutable », pour reprendre les mots de Georges Bensoussan. Ce nouvel antisémitisme n’est pas résiduel mais bien ancré dans les esprits d’une partie de la population, et « l’extrême gauche est la tribune de ce nouvel antisémitisme ».
Gérard Larcher a ensuite insisté sur l’importance de l’éducation ; parce que c’est par sa jeunesse que la société française est principalement gagnée par l’antisémitisme. « Neuf étudiants sur dix affirment avoir été victime de remarques ou d’actes antisémitisme à l’université. » Le président du Sénat a redit combien il fallait endiguer ce mal à la racine, là où les esprits s’éveillent, c’est-à-dire à l’école.
Michaël Darmon a ensuite introduit l’échange avec le président du Sénat.
Avec force, le président du Sénat a dit combien : « La peur d’exercer son culte, non pas d’une manière ostentatoire, est pour moi une atteinte majeure aux libertés fondamentales. Notre devoir est donc de permettre l’exercice de ce culte tant qu’il ne bouleverse par les autres libertés des autres communautés ou des autres citoyens ». « Mon devoir est d’assurer à chaque citoyen qu’il peut exercer librement son culte dans le respect des lois de la République. » Il a également dit combien le « pas de vague », c’est la République qui recule à chaque fois.
Sur les hommages à Samuel Paty et à Dominique Bernard, Gérard Larcher a raconté l’hommage auquel il a participé à Conflans-Sainte-Honorine le jour-même.
Sur la question de Michaël Darmon sur l’Occident et combien elle est attaquée sur ses valeurs fondamentales, le président du Sénat a rappelé qu’ « il y a eu un déplacement par rapport à l’Occident, de sa mise en cause au nom de l’héritage du colonialisme et du wokisme, et Israël est assimilé à cet héritage-là. Là-dessus nous avons un combat intellectuel et politique à mener pour ne pas se laisser envahir ». Le président du Sénat a redit qu’Israël n’était pas seul pour lutter face à l’Iran ; les pays signataires des Accords d’Abraham mais aussi certains pays de la région et pays occidentaux. « Nous devons œuvrer pour qu’Israël ne soit pas seul, car c’est l’intérêt d’Israël mais aussi de tout le monde libre. »
Sur la politique étrangère, le président du Sénat a redit combien la constance était essentielle.
Michaël Darmon a questionné le président du Sénat sur la solitude de la communauté juive française et le sentiment d’incompréhension qui perdure vis-à-vis de la situation des otages et notamment des otages français. Gérard Larcher a rappelé qu’il a reçu plusieurs les familles des otages ; « au Sénat, nous avons parrainé les otages, mais il est vrai que cela a eu beaucoup de mal à passer la rampe », alors que quand nous avions des otages du Hezbollah au Liban, nous avions tous les soirs sur toutes les chaînes un rappel que ces personnes étaient otages. « Il y a un problème de conscience collective. »
Un an après les massacres du 7 Octobre du Hamas, sur la démocratie israélienne, Gérard Larcher a rappelé que le mot « pogrom » est quelque chose de réel qui nous vient du « fond de notre histoire ». « Nous avons le devoir de rappeler donc quand la société israélienne se recueille et se réunit, ce n’est pas seulement faire mémoire mais c’est faire témoignage. La mémoire ne suffit pas, il faut témoigner. » « L’horreur, l’abjection, l’indescription, nous étions au plus profond de l’inversion des valeurs. » Il faut se méfier de ne rien dire car ne rien dire, c’est accepter l’inacceptable.
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