Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - Emmanuel Macron et la défense d’Israël

10 October 2024 | 182 vue(s)
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Actualité

Je me suis exprimé sur les enjeux de l'élection présidentielle pour la communauté juive française.

Un livre de Victoria Klem

Suite au vote le 16 décembre 2016 du conseil municipal de Clermont-Ferrand au vœu présenté par les groupes communistes, Front de gauche et Europe écologie, vœu relatif au boycott des produits israéliens fabriqués dans « les territoires palestiniens occupés », le Maire de Clermont-Ferrand a fait paraître dans le journal local la Montagne un communiqué. La présidente du CRIF Auvergne-Rhône- Alpes lui répond…

Au lendemain des déclarations du ministre israélien de la défense, lundi 26 décembre, qualifiant la conférence de paix sur le Proche-Orient qui doit se tenir prochainement à Paris de nouveau « procès Dreyfus », le Crif a condamné des propos « maladroits ».

 
 
 

J'ai répondu aux questions d'Olivier Lerner dimanche 4 décembre lors de notre Convention Nationale

Halte à la discrimination d'Israel, le CRIF proteste suite à la décision d'étiqueter les produits israeliens. 

Suite à l'annonce de l'adoption de la directive de l'E.U sur l'étiquetage des produits israéliens le Crif a réagit à travers un communiqué, j'ai voulu dénoncer la décision française et l'obessession israelienne.

J'ai répondu aux questions de Sputnik news.

« Si on parlait de la France ? Français, juifs et citoyens » : c’est le thème de la 7e Convention nationale du Crif le dimanche 4 décembre au Palais des Congrès de Paris.

C’est une étonnante indifférence qui entoure la mise en lambeaux de la ville d’Alep en Syrie.

Donald Trump est un excentrique narcissique qui au cours de sa campagne électorale a fait du mensonge une arme redoutable.

Réflexion d’un professeur d’histoire-géographie sur l’abstention de la France au vote de la résolution adoptée par le comité du patrimoine mondial de l’Unesco niant tous liens entre les Juifs et les lieux saints de Jérusalem.

Vendredi 21 octobre j'étais l'invité témoin du journal de Radio J peu après le vote abérrant à l'Unesco d'une résolution sur Jérusalem

FOR JERUSALEM NO VOICE MUST MISS
FOR JERUSALEM NONE OF US CAN REMAIN SILENT

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Opinion

L'historien Laurent Joly publie un nouvel éclairage sur la collaboration de la France occupée à la déportation des juifs. Une œuvre magistrale.

Le Crif souhaite un prompt rétablissement à Jean-Pierre Allali suite à son récent accident et espère le retrouver très vite en pleine forme.

Par Chloé Blum

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Le Président a reçu le 7 octobre à Paris les familles de Ohad Yahalomi et Nissan Kalderon, les deux otages français enlevés à Nir Oz et encore détenus par le Hamas. Il leur a dit sa compassion et les a assurées qu’il mettait tout en œuvre pour obtenir un accord permettant leur libération. Mais, par un en même temps dont pour une fois il n’était pas l’auteur, quelques heures plus tard le nom de Emmanuel Macron a été sifflé au cours d’une cérémonie commémorative organisée par le Crif empreinte d’émotion, de dignité et de clarté.

C’est en raison de cette clarté que, moi qui suis choqué par l’idée qu’on puisse siffler le nom du Président de la République, moi qui ai apprécié plusieurs de ses initiatives telle la cérémonie d’hommages organisée aux Invalides, j’ai considéré que ces sifflements étaient compréhensibles sinon justifiés.

L’allocution du Président prononcée deux jours auparavant avait ulcéré tous les amis d’Israël, Juifs ou non Juifs : il y avait déclaré que la priorité était désormais de cesser toute livraison d’armes à Israël.

Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour. Il ne suffit pas de dire ensuite comme le Ministre des Affaires étrangères que la « France est indéfectiblement attachée » à la sécurité d’Israël, si la France pense que désarmer Israël est le meilleur moyen d’assurer sa sécurité. Ces mots ont été dits sur le site du festival Nova, de sinistre mémoire. Qui pouvait les croire après la déclaration présidentielle ? Qui pourrait espérer que le Hamas, voyant Israël affaibli, accepterait plus facilement des concessions pour libérer les otages ? Car, quoi qu’on pense de la façon dont le Premier ministre israélien a géré la négociation sur les otages et quoi qu’on imagine de ses arrières pensées, c’est l’intransigeance du Hamas qui a bloqué toute perspective.

Depuis le 7 Octobre 2023, Israël est en guerre. Il est en guerre contre le Hamas et contre le Hezbollah qui par ses tirs lancés dès le 8 octobre a rendu le nord d’Israël inhabitable. Israël n’est en guerre ni contre le peuple palestinien, ni contre le peuple libanais, malgré les paroles parfois violentes de mise en garde. Les Israéliens se disputent sur le degré de priorité à attribuer aux otages, mais ils sont d’accord sur la destruction de la machine guerrière du Hamas et du Hezbollah, car ils savent ce que beaucoup refusent de comprendre : avec un fanatique, la diplomatie sans la force ne fonctionne pas.

Deux jours après l’attaque des bippers, Emmanuel Macron dans un discours qui se voulait solennel parlait comme si le Liban, et non le Hezbollah, avait été la cible de cette attaque. Il appelait à l’élection d’un Président en oubliant que la France soutenait Soleiman Frangié, le candidat même du Hezbollah. Il ne prononçait pas le mot Hezbollah, comme si ce dernier n’était pour rien dans la déconfiture libanaise et comme s’il ne s’agissait pas d’un parti iranien voué à la destruction des valeurs dont se réclame notre société.
ll ne voulait pas admettre enfin qu’en frappant le Hezbollah, Israël faisait ce que la France n’avait pas osé faire après que celui-ci eut assassiné 58 parachutistes de notre pays.

Outre sa conception très particulière de la défense indéfectible d’Israël, le Président Macron a commis au moins quatre autres incongruités en appelant à ne plus livrer d’armes à Israël.

La première se passe de commentaire : la France ne livre aucune arme significative à Israël.
La seconde, qui en est le corollaire, car c’est une leçon de morale que la France prétend donner une leçon aux États-Unis et au monde entier et c’est là une posture dont elle est trop coutumière…
La troisième est une incongruité de temps : prononcer un tel discours à 48 heures de la commémoration d’un acte terroriste d’une telle ampleur et d’une telle sauvagerie évoque soit l’autisme, soit la muflerie désinvolte.
La quatrième enfin est une incongruité de lieu. Le discours présidentiel a été prononcé au cours du XIXe Sommet de la Francophonie. Or l’Organisation Internationale de la Francophonie à laquelle appartiennent 88 pays, dont pour certains le nombre de francophones se compte sur les doigts d’une main, n’inclut pas Israël dont près de 20 % de la population a un lien avec la langue française. La France, qui a pourtant signé la charte de l’IHRA indiquant que l’antisionisme est une variante d’antisémitisme, ne voudrait pas heurter son cher Liban. Ce lieu de la démission française n’était pas le meilleur pour appeler Israël à désarmer.

Le en même temps, qui apportait tant d’espoirs au début du mandat présidentiel, semble s’être transformé en ce qui dans la littérature grecque s’appelait une palinodie, une pièce de vers dans laquelle le poète disait le contraire de ce qu’il avait dit précédemment.

L’exaspération d’Emmanuel Macron devant le flagrant refus de Benyamin Netanyahu de prendre en compte ses conseils est peut-être un des motifs de sa déclaration. Il avait d’autres moyens de le faire savoir que ces paroles théâtrales d’embargo contre Israël auxquelles le Premier Ministre britannique lui-même n’a pas souscrit.

L’entretien entre Netanyahu et Biden du 9 octobre montre que les États-Unis expriment leur point de vue, mais qu’ils ne cherchent pas à exercer de chantage à l’embargo sur les armes. Nul n’ignore pourtant les tensions entre le Président américain et le Premier ministre israélien dont l’adresse télévisée du 8 octobre sur le Liban a soulevé des torrents de critiques.

J’espère que les paroles spectaculaires du Président de la République française n’avaient pas de visée électoraliste. Le 5 octobre 2024 elles ont en tout cas blessé inutilement et probablement durablement une communauté juive encore sous le choc de la terreur du 7 Octobre 2023.

 

Richard Prasquier, Président d’honneur du Crif

 

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