Yonathan Arfi

Le nouveau Président du Crif, un militant juif et citoyen

Discours du Président du Crif à la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat de la rue des Rosiers

09 August 2024 | 21 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Mon discours prononcé au dîner du Crif Grenoble-Dauphiné, le 22 octobre 2017.

Mon discours à la cérémonie d'hommage aux Juifs engagés volontaires qui s'est tenue le 15 octobre 2017 au cimétière de Bagneux.

Dans ce courrier, j'ai félicité Audrey Azoulay pour son élection. J'ai également attiré son attention sur les positions récentes de l'Unesco sur Jérusalem et commente les relations passées de l'organisation avec le Crif.

Mardi 10 octobre 2017, j'ai été reçu par le Ministre de l'Europe et des Affaires étrangères pour un long tour d'horizon.

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#BlogDuCrif - Devoir de mémoire
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20 September 2017
Catégorie : France

Il y a 76 ans, le 15 décembre 1941, 69 hommes ont été fusillés au Fort du Mont Valérien à Suresnes, dans les Hauts de Seine par les autorités d’occupations allemandes. Ces hommes, français et étrangers, furent arrêtés par les forces de polices françaises de la Préfecture de police du département de la Seine (à l’époque).

Je vais vous raconter l’histoire de Moritz Singer, mon oncle, le frère de ma mère, un de ces fusillés.

En 2017, Roger Pinto, sa femme et son fils ont été séquestrés, violentés et détroussés à leur domicile de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), "une agression antisémite" condamnée par le Crif et le ministre de l'Intérieur. Une première ?

"Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe…"
 

 

"The strength of a Nation always lies in the the way it looks at its History and and its ability to teach it to future generations".

 

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Actualité

Jeudi 6 septembre s'est tenue la cérémonie d'échange des vœux entre les responsables de la Communauté juive, la Maire de Paris Anne Hidalgo et la présidente du Conseil régional d'Ile de France Valérie Pécresse.

Jeudi 26 juillet, j'ai écrit au Ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian afin de lui faire part de mon étonnement face à l'absence de mention d’Israël dans les déclarations du Quai d'Orsay suite à l'évacuation de casques blancs syriens.

Mercredi 25 juillet, j'ai adressé des courriers aux Présidents respectifs de la Fédération Française des Échecs et de la Fédération Française de Judo. L'objectif : mener à bien le combat pour l'égalité et contre la discrimination de toute nature.

Fausses rumeurs, photos ou vidéos truquées… les fausses informations, ou fake news, inondent le net. La désinformation va parfois plus loin, prenant la forme de théories à l’apparence scientifique.

L'exposition CHAGALL, LISSITZKY, MALÉVITCH...L'AVANT-GARDE RUSSE À VITEBSK (1918-1922) est à découvrir juqu'au 16 juillet 2018 au Centre Pompidou.

Scoop : l’appel au boycott est illégal en France

 

Et vous, comment définiriez-vous l’humour juif ?

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Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

Mesdames et messieurs,

Mesdames et messieurs les victimes et familles de victimes,

Comme tous les quartiers juifs à travers le monde, le Marais regorge d’Histoire, de culture, de vie. Comme tous les quartiers juifs à travers le monde, il porte aussi les stigmates des tragédies qui l’ont déchiré.

Il est 13h15 le 9 août 1982 quand les assassins surgissent, font exploser une grenade dans le restaurant Jo Goldenberg et abattent de sang-froid, des clients, des serveurs, des passants...

Jo Goldenberg, symbole de la rue des Rosiers.
La rue des Rosiers, cœur battant du Marais.
La rue des Rosiers, une ruelle à l’échelle de l’urbanisme de Paris mais une immense avenue dans la Mémoire et l’Histoire des Juifs de France comme de tous les Parisiens. Des lieux qui, en plus des douleurs léguées à chaque coin de rue par l’Histoire de la Shoah, portent depuis 42 ans la meurtrissure de ce qui est en 1982 l’attentat le plus meurtrier jamais commis à Paris.

Pourtant longtemps, trop longtemps, notre conscience nationale a occulté cet attentat : comme si pour tant de nos concitoyens la France avait été le théâtre d’un attentat qui ne la concernait pas. Comme s’il s’agissait d’un attentat commis EN France, mais pas d’un attentat commis CONTRE la France. Comme s’il n’avait pas touché toute la France parce qu’il avait visé des Juifs ou présumés comme tels.

Je veux le redire avec force : l’attentat de la rue des Rosiers a été un attentat antisémite qui a frappé la France tout entière, parce que face au terrorisme et à l’antisémitisme la République doit être indivisible.

Comme lors de l’attentat de la rue Copernic 2 ans auparavant, nous le savons, des victimes n’étaient pas juives. Mais il n’y a pas besoin d’être juif pour être victime d’un attentat antisémite. L’acte antisémite ne se définit pas par l’identité des victimes, mais bien par la motivation antisémite de ses auteurs.

Merci donc doublement à chacun d’entre vous d’être là ce matin : par votre présence, vous rendez bien entendu hommage aux victimes et à leurs familles. Mais vous démontrez aussi que ce jour-là, c’est bien la France tout entière qui a été blessée.

Et au-delà de la France, la présence de victimes étrangères, en l’occurrence américaine, rappelle que ce qui touche une démocratie touche l’ensemble des démocraties de par le monde,  car ce sont précisément les idéaux universels qui unissent la France, les Etats-Unis et tout le monde libre qui sont visés.

Monsieur le Second Gentleman, merci de votre présence ce matin à nos côtés, qui démontre l’engagement permanent des Etats-Unis contre l’antisémitisme partout dans le monde. En tant que Français, en tant que Juif, je sais ce que ma liberté doit dans l’Histoire à l’engagement des Etats-Unis.

***

 

Chers amis,

Pour que l’attentat de la rue des Rosiers trouve pleinement sa place dans notre conscience nationale, il faut aussi qu’avance le chemin de la justice et de la vérité. 42 après les faits, l’absence d’un procès est une entrave au deuil pour les familles et à la reconstruction pour les blessés.

Comment expliquer que la justice n’ait pas encore été rendue ? Comment accepter que 3 des 4 suspects, vivant actuellement en Jordanie et dans les territoires palestiniens, n’aient toujours pas été extradés vers la France ? Nous ne nous résignerons jamais à voir le terrorisme triompher sur la justice.

Peut-être d’ailleurs que ce procès permettrait d’apporter un éclairage supplémentaire à la question la plus fondamentale : d’où venait cette haine qui a visé ici un symbole des Juifs de France ?

Cet antisémitisme, disons-le avec lucidité, prenait alors directement sa source au Proche-Orient. Sous prétexte d’hostilité à l'Etat d’Israël et de refus de son droit à l’existence, des criminels du groupe terroriste d’Abu Nidal ont considéré les Juifs en France comme une cible légitime.

Ce qu’on nommait alors pudiquement « terrorisme international » pour ne pas dire « terrorisme palestinien », ne faisait que renouveler l’un des gestes antisémites classiques : celui de l’essentialisation.

***

 

Chers amis, ne pensons pas que ces raccourcis sont réservés à l’Histoire et regardons les visages de l’antisémitisme contemporain en face. Depuis le 7 octobre, au lieu de rencontrer une vague d’empathie, les Juifs doivent au contraire affronter un antisémitisme décomplexé et galvanisé. Dans notre pays comme dans tant d’autres, jamais depuis qu’ils sont décomptés, il n’y eu autant d’actes antisémites, que depuis le 7 octobre.

La haine d’Israël est aujourd’hui le carburant universel de la haine des Juifs. Aux esprits sceptiques, je le demande : avons-nous réellement besoin d’autres preuves pour démontrer le lien qui unit l’antisionisme à l’antisémitisme ?

Après le 7 octobre, certains ont refusé de condamner l’attaque du Hamas, comme d’autres il y a 42 ans trouvaient des justifications géopolitiques au terrorisme. Certains dans l’arène politique en France ont condamné le 7 octobre à demi-mots, avec détours ou au conditionnel, refusant de qualifier le Hamas d’organisation terroriste. Nous n’oublions pas.

Merci cher Gérald Darmanin, chère Anne Hidalgo, pour votre engagement sans faille et votre détermination dans le combat contre l’antisémitisme. Merci, au cœur de ces Jeux Olympiques si réussis et qui font tant de bien à notre pays, d’avoir pris le temps d’être là ce matin.

En 1982 comme aujourd’hui, il n’y a pas de complaisance possible avec le terrorisme. Ne pas le dénoncer aujourd’hui, où qu’il se trouve, c’est lui permettre demain de continuer à frapper.

Puissions-nous ensemble entendre les leçons de l’attentat de la rue des Rosiers.

 

Yonathan Arfi, Président du Crif