Yonathan Arfi

Président du Crif, un militant juif et citoyen

Colloque « Les Juifs dans la République : entre promesse universaliste et regain de l'antisémitisme » - Discours du Président du Crif

28 September 2023 | 149 vue(s)
Catégorie(s) :
France

L'antisémitisme est comme une bête particulièrement enragée et puante. Il rôde, nous ne le savons que trop bien...

Est-il pertinent de mettre en parallèle “antisémitisme” et “islamophobie”?
Non, cinq fois non:  Ni sémantiquement , ni historiquement,  ni sociologiquement, ni politiquement et encore moins juridiquement, ces deux termes et les deux concepts qu’ils sous-tendent, ne sont de même nature. Il serait non seulement faux, mais aussi dangereux pour tous, de les mettre en regard sur un même plan.

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

"Dites-moi que ce furent des cauchemars, que le monde s'améliore de jour en jour, que des flammes de lumière jaillissent en chaque point du globe."

Article paru dans le HuffinghtonPost.fr

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Actualité

Un livre de Victoria Klem

Suite au vote le 16 décembre 2016 du conseil municipal de Clermont-Ferrand au vœu présenté par les groupes communistes, Front de gauche et Europe écologie, vœu relatif au boycott des produits israéliens fabriqués dans « les territoires palestiniens occupés », le Maire de Clermont-Ferrand a fait paraître dans le journal local la Montagne un communiqué. La présidente du CRIF Auvergne-Rhône- Alpes lui répond…

Au lendemain des déclarations du ministre israélien de la défense, lundi 26 décembre, qualifiant la conférence de paix sur le Proche-Orient qui doit se tenir prochainement à Paris de nouveau « procès Dreyfus », le Crif a condamné des propos « maladroits ».

 
 
 

J'ai répondu aux questions d'Olivier Lerner dimanche 4 décembre lors de notre Convention Nationale

Halte à la discrimination d'Israel, le CRIF proteste suite à la décision d'étiqueter les produits israeliens. 

Suite à l'annonce de l'adoption de la directive de l'E.U sur l'étiquetage des produits israéliens le Crif a réagit à travers un communiqué, j'ai voulu dénoncer la décision française et l'obessession israelienne.

J'ai répondu aux questions de Sputnik news.

« Si on parlait de la France ? Français, juifs et citoyens » : c’est le thème de la 7e Convention nationale du Crif le dimanche 4 décembre au Palais des Congrès de Paris.

C’est une étonnante indifférence qui entoure la mise en lambeaux de la ville d’Alep en Syrie.

Donald Trump est un excentrique narcissique qui au cours de sa campagne électorale a fait du mensonge une arme redoutable.

Réflexion d’un professeur d’histoire-géographie sur l’abstention de la France au vote de la résolution adoptée par le comité du patrimoine mondial de l’Unesco niant tous liens entre les Juifs et les lieux saints de Jérusalem.

Vendredi 21 octobre j'étais l'invité témoin du journal de Radio J peu après le vote abérrant à l'Unesco d'une résolution sur Jérusalem

FOR JERUSALEM NO VOICE MUST MISS
FOR JERUSALEM NONE OF US CAN REMAIN SILENT

POUR JERUSALEM PAS UNE VOIX NE DOIT MANQUER
POUR JERUSALEM AUCUN D’ENTRE NOUS NE PEUT SE TAIRE
 

 

Cette période de fêtes juives en France, rime aujourd'hui avec contrôles de sécurtié et détecteurs de métaux

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Crédits photos : ©Alain Azria

 

À l'occasion de l'anniversaire du vote du décret d'émancipation des Juifs de 1791, s'est tenu mercredi 27 septembre, le premier colloque du Crif « Les Juifs dans la République : entre promesse universaliste et regain de l'antisémitisme » à l’Assemblée nationale.

 

***

 

Madame la vice-présidente de l’Assemblée nationale

Mesdames et Messieurs les députés

Monsieur le Grand rabbin de France,

Mesdames et Messieurs les orateurs et oratrices de ce colloque,

Mesdames et Messieurs,

 

Chacun a une date de naissance personnelle. Les Français juifs ont également une date de naissance collective : nous sommes nés le 27 septembre 1791.

 

Il y a 232 ans, jour pour jour, l’Assemblée nationale constituante adoptait le décret d’Émancipation des Juifs de France et faisait entrer 40 000 Juifs dans la citoyenneté française.

 

Le texte est aussi court que l’ambition est grande. Le cœur de cette promesse tient en quelques mots : « L’Assemblée nationale révoque tous ajournements, réserves et exceptions […] relativement aux individus juifs qui prêteront le serment civique […] ».

Ce jour-là, les Juifs de France sont promus pour la première fois en Europe au rang de citoyens comme les autres. Il y avait auparavant des Juifs de France depuis près de 2 000 ans, il y a du jour au lendemain, si l’on peut dire, des Français juifs.

 

Le 27 septembre 1791 c’est aussi le triomphe de l’universalisme des Droits de l’Homme, un pas de plus vers la concrétisation politique de la philosophie des Lumières et vers la création de la République française, proclamée le 22 septembre 1792.

Ce matin de septembre 1791, l’idéal républicain en gestation a mis son projet politique en cohérence avec son ambition universaliste en émancipant les Juifs.

Pour les Français juifs qui font partie de cette citoyenneté républicaine depuis 1791, l’universalisme mis en acte a été le synonyme à la fois de la liberté et de l’égalité.

Sans doute, d’ailleurs, notre sensibilité actuelle face à l’affaiblissement du cadre républicain vient-elle de ce souvenir du 27 septembre 1791. Nous savons trop ce que nous devons à l’idéal républicain pour accepter de le voir chahuté, contesté, vilipendé.

Car oui, aujourd’hui l’universalisme est trop souvent galvaudé, moqué, voire même considéré parfois comme la source des maux français.

Cet outil politique, ce concept pensé pour émanciper est compris parfois comme un outil d’oppression. Je pense précisément le contraire : face au défi d’une société française qui ne sait plus ce qu’elle partage, l’universalisme républicain n’est pas le problème mais bien la solution.

Cette contestation de l’universalisme est inquiétante. Car sans lui, se dessineraient les contours de plus en plus nets d’une société d’assignation identitaire et de rapport de force. L’universalisme n’opprime pas, il protège. Délaisser l’universalisme au profit du multiculturalisme, c’est prendre le risque qu’in fine ce soit la loi du plus fort qui prédomine.

Soyons lucides, ce qui se joue sous nos yeux est bien une forme de bataille culturelle et idéologique : la République et ses valeurs contre le multiculturalisme, l’indigénisme, l’individualisme.

En 2023 comme en 1791, nos espoirs de Français juifs vont vers le cœur du projet républicain : l’émancipation de l’individu par la liberté de conscience, par l’esprit critique, par le respect de la laïcité qui apporte depuis 1905 protection et équilibre.

Mais au-delà de l’égalité formelle des droits, les Juifs plaçaient un autre espoir dans l’Émancipation : celui d’une forme de normalisation du fait juif en France et de la fin d’un antisémitisme séculaire.

232 ans après 1791, force est de constater que l’Émancipation n’a pas empêché l’antisémitisme de prospérer.

Elle n’a pu faire obstacle à la haine des Juifs lors de l’Affaire Dreyfus.

Elle n’a pas pu éviter la trahison du 3 octobre 1940 et le statut des Juifs, annonciateur de la stigmatisation et de la persécution qui suivraient.

Elle n’a pas non plus permis de contenir l’antisémitisme contemporain et ses variantes complotistes, négationnistes, islamistes ou antisionistes qui polluent la vie juive en France.

C’est même un paradoxe apparent : plus les Juifs sont intégrés, plus l’antisémitisme semble revigoré.

Pour autant, même si l’antisémitisme persiste à accompagner notre chemin dans l’histoire de France, nous nous souvenons de la promesse du 27 septembre 1791, par laquelle la République traça la voie pour l’Émancipation progressive de l’ensemble des Juifs européens.

 

De cette promesse, nous avons gardé et chéri la passion de la République, universaliste et fraternelle.

 

Parce que cette date est trop longtemps restée dans l’oubli des institutions républicaines comme des institutions juives, parce qu’elle est l’occasion de réaffirmer à la fois l’ancrage historique profond des Français juifs et le lien singulier qui les unit à la République, parce qu’elle est en soit une manière de réaffirmer la pertinence de l’universalisme, j’ai souhaité que dorénavant le Crif, chaque 27 septembre, invite à un temps d’échange autour de l’idéal républicain.

 

Merci à Yaël Braun-Pivet, Présidente de l’Assemblée nationale, d’avoir accepté de parrainer cette rencontre.

 

Merci à nos intervenants qui ont accepté de marquer cet anniversaire symbolique à nos côtés.

 

Merci surtout à chacun de vous d’être présent ce soir pour ce premier rendez-vous. Et prenez date d’ores et déjà pour le 27 septembre 2024 pour continuer à célébrer les Juifs dans la République et l’universalisme comme projet d’avenir !

 

Je vous remercie.

 

Yonathan Arfi, Président du Crif