Richard Prasquier

Ancien Président du CRIF

Le billet de Richard Prasquier - La mémoire de la Shoah : Un voyage en Pologne

02 June 2022 | 117 vue(s)
Catégorie(s) :
France

"The strength of a Nation always lies in the the way it looks at its History and and its ability to teach it to future generations".

 

"La force d’une Nation réside toujours dans le regard qu’elle sait porter sur son histoire et sa capacité à l’enseigner aux générations suivantes."

 

En juin 2017, quelques mois après l'assassinat de Sarah Halimi, Francis Kalifat, Président du Crif, publiait cette tribune en hommage à Sarah Halimi, devenue le triste symbole de l'antisémitisme qui tue. 

Sarah Halimi, une retraitée a été battue à mort à Paris, le 4 avril 2017 et son calvaire a duré plus d'une heure. Et, il s'agit bien d'un meurtre antisémite.

Thierry Noël-Guitelman est un journaliste, membre de l'association Hébraïca à Toulouse. Il a engagé, en 2004, des recherches familiales sur l'étoile jaune, sa tante Ida Seurat-Guitelman, ayant obtenu une exemption.

Gil Taïeb's picture
Nous sommes debout
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03 April 2017
Catégorie : France, Actualité, Opinion

Samedi 1er avril place du Châtelet se sont réunies une centaine de membres du Collectif Boycott Israël

Francis Kalifat, the Crif President gave a speech at the annual Crif's dinner 2017. 

Né à Tunis en 1920, Albert Memmi, s’il a été considéré, à travers certains de ses romans, comme le chantre du judaïsme tunisien, demeure surtout, le théoricien du colonialisme

C’est l’histoire d’un mariage mixte raté. Un mariage entre une Juive et un Musulman, Julie et Sam. 

"Le terrorisme et l'antisémitisme ont marqué cette année passée"

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Actualité

Le Crif souhaite un prompt rétablissement à Jean-Pierre Allali suite à son récent accident et espère le retrouver très vite en pleine forme.

Jeudi 6 septembre s'est tenue la cérémonie d'échange des vœux entre les responsables de la Communauté juive, la Maire de Paris Anne Hidalgo et la présidente du Conseil régional d'Ile de France Valérie Pécresse.

Jeudi 26 juillet, j'ai écrit au Ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian afin de lui faire part de mon étonnement face à l'absence de mention d’Israël dans les déclarations du Quai d'Orsay suite à l'évacuation de casques blancs syriens.

Mercredi 25 juillet, j'ai adressé des courriers aux Présidents respectifs de la Fédération Française des Échecs et de la Fédération Française de Judo. L'objectif : mener à bien le combat pour l'égalité et contre la discrimination de toute nature.

Fausses rumeurs, photos ou vidéos truquées… les fausses informations, ou fake news, inondent le net. La désinformation va parfois plus loin, prenant la forme de théories à l’apparence scientifique.

L'exposition CHAGALL, LISSITZKY, MALÉVITCH...L'AVANT-GARDE RUSSE À VITEBSK (1918-1922) est à découvrir juqu'au 16 juillet 2018 au Centre Pompidou.

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Opinion

Bienvenue sur le blog La Chronique (pas tès casher) de Raphaela ! Sur ce blog, Raphaela vous propose ses billets d'humeur sur tout ce qui l'entoure, l'émeut, la touche, la fait rire et la révolte. Et elle a des choses à vous dire...

Les jolies colonies de vacances... Il fait beau, il fait chaud, ça sent vraiment les vacances ! Cette semaine, nous vous proposons une série d'articles sur les mouvements de jeunesse juifs en France ! Aujourd'hui, découvrez le parcours d'une ancienne E.I. !

Bienvenue sur le blog La Chronique (pas tès casher) de Raphaela ! Sur ce blog, Raphaela vous propose ses billets d'humeur sur tout ce qui l'entoure, l'émeut, la touche, la fait rire et la révolte. Et elle a des choses à vous dire...

 

Découvrez ma lecture du livre de Ginette Kolinka, "Retour à Birkenau".

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Nous étions une vingtaine, famille et amis, venus de France et d’Israël à voyager sur les lieux de la Shoah en Pologne. C’était la première fois, parmi mes nombreuses visites, que je m’y trouvais avec trois de mes enfants et aussi une petite fille, quatrième génération. Ce passage de témoin a prolongé ce que j’avais reçu des survivants que j’ai eu la chance de connaître. Leurs noms, célèbres ou inconnus, vivent dans mon souvenir, non seulement par leur histoire mais par leur profonde humanité.

J’utilise ce mot à dessein, car le déni d’humanité fut le crime absolu des nazis. Fin 1940, l’ignoble Hans Frank, docteur en droit et gouverneur de la Pologne, déclarait qu’il n’avait pas encore pu supprimer tous les poux ni tous les Juifs, mais qu’avec le temps, il espérait y arriver. Ses complices ont presque réussi. Début novembre 1943, les nazis fusillent 43 000 Juifs dans trois camps de travail du district de Lublin. C’est la sinistre « Fête des moissons », qui marque la fin de l’Action Reinhard destinée à exterminer les Juifs du Gouvernement général de Pologne (dont Auschwitz ne fait pas partie). Treblinka et Sobibor viennent d’être démantelés, Belzec l’a été quelques mois auparavant : il n’y a plus de Juifs à gazer ; les très rares survivants s’épuisent dans quelques camps résiduels travaillant pour l’armée allemande, ou cachés parmi ceux qu’on appelle les Aryens.

L’extermination est au centre de la monstruosité nazie. En dehors des rarissimes personnes sorties vivantes des fosses parmi les cadavres fusillés, elle n’a pas laissé de témoin, sauf les Sonderkommandos dont les quelques survivants provenaient des révoltes de Treblinka et Sobibor ou du désordre accompagnant l’évacuation du camp d’Auschwitz. Les déportés qui, en témoignant, ont accompli un travail admirable, ont pris garde de souligner que eux-mêmes n’étaient pas entrés dans « le ventre de la Gorgone », pour reprendre l’expression de Primo Levi. Il n’empêche : l’auditeur est ému par l’histoire d’une victime, qu’elle ait été tuée ou qu’elle ait survécu, mais pas par une statistique, les millions de morts. Pour bien des visiteurs, Auschwitz fut un camp où les déportés ont souffert, et où beaucoup sont morts. Mais la grande majorité des Juifs qui y furent assassinés n’y ont même pas pénétré, et Belzec, Treblinka; Sobibor et Chelmno ne sont pas des camps mais des usines de mort. Il faut deux jours pour lire les 70 000 victimes parties de France, mais il faudrait six mois pour lire  tous les noms des Juifs assassinés au cours de la Shoah.

Les historiens ont dû lutter contre le négationnisme ; leur travail fut méticuleux et humiliant. Une porte qui fermait du mauvais côté, car elle avait été négligemment replacée après la guerre, et les négationnistes concluaient que la Shoah n’avait pas eu lieu.

Cette période est probablement - je dis probablement - révolue. Mais nous vivons au temps de l’amalgamisme. Accuser ses ennemis d’être pires que les nazis est devenu banal. Si le rejet du pass sanitaire et la guerre en Ukraine en fournissent des exemples caricaturaux, c’est Israël qui en est la cible habituelle. Double avantage, on délégitime son existence et on le dessaisit de l’insupportable « bénéfice » narratif de la Shoah. Mais l’amalgame victimaire repose aussi sur les bons sentiments. Une visite d’Auschwitz trop brève, insuffisamment documentée et sans mise en perspective pourrait même faciliter la confusion mémorielle.

L’antisémitisme qui attribue aux Juifs les desseins les plus noirs est la supercherie, le « hoax », la plus sanglante de l’histoire. Les nazis présentaient l’extermination comme une défense préventive et se félicitaient de ne pas céder aux mièvreries compassionnelles. Mais l’extermination des Juifs n’est que la limite ultime de toutes les idéologies qui admettent l’assassinat collectif comme une conséquence nécessaire, éventuellement regrettable, de l’avènement d’une morale à finalité supérieure. On y retrouve le fanatisme religieux meurtrier, dont l’islamisme radical est la figure contemporaine, mais aussi les utopies révolutionnaires des « lendemains qui chantent ».

Il s’agit pour les tenants de notre petite morale banale mais qui englobe l’humanité tout entière de ne pas transiger, de ne pas se bercer d’illusions sur une hypothétique conversion à nos valeurs de démocratie et de liberté et de maintenir les rapports de force malheureusement indispensables.

Ne jamais oublier non plus qu’il n’y a pas des masses d’être humains désincarnés dont on pourrait se débarrasser comme on élimine des poux, mais qu’il y a un homme, un autre homme et encore un autre…

La femme, bien sûr, étant le propre de l’homme…

Richard Prasquier