Yonathan Arfi

Président du Crif, un militant juif et citoyen

Blog du Crif - Ukraine : un combat au miroir de l'histoire juive

02 March 2022 | 564 vue(s)
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Actualité

Il y a six ans (ndlr. : cet article a été rédigé en mars 2018), en mars 2012, à Montauban et Toulouse, sept vies ont été fauchées par un terroriste islamique, donc je me refuse à rappeler le nom.

Le 33ème Dîner du Crif a eu lieu mercredi 7 mars 2018.

Au théâtre de l'Atelier, Le livre de ma mère réveille les souvenirs et sublime la relation la plus sincère qui est donnée à l'homme de connaître.

Vendredi 23 février, j'ai rencontré Tomasz Młynarski, Ambassadeur de Pologne en France.

La première djihadiste française capturée à Mossoul par les forces irakiennes en juillet 2017, Mélina Boughedir, a été condamnée, lundi 19 février, à sept mois de prison pour l’entrée illégale en Irak. La cour pénale de Bagdad a ordonné la remise en liberté et l’expulsion en France de la jeune femme de 27 ans, sa peine étant couverte par sa détention préventive, rapporte Le Monde du 19 février. Qui sont ces femmes désintégrées, déstructurées et aveuglées par la propagande développée par les djihadistes et qui ont été des proies faciles. C'est ainsi qu'elles se sont déshumanisées et ont participé à cette orgie barbare et moyenâgeuse qu’est le djihadisme.

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"On s'est dit au-revoir. C'était un au-revoir mais qu'y avait-il derrière cet au-revoir ?"

Dans leur numéro de janvier, le magazine Youpi, destiné aux enfants de 5 à 8 ans, a clairement laissé entendre à ses jeunes lecteurs qu' "Israel n'était pas un vrai pays".

"Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe…"
 

 

En juin 2017, quelques mois après l'assassinat de Sarah Halimi, Francis Kalifat, Président du Crif, publiait cette tribune en hommage à Sarah Halimi, devenue le triste symbole de l'antisémitisme qui tue. 

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Opinion

L'historien Laurent Joly publie un nouvel éclairage sur la collaboration de la France occupée à la déportation des juifs. Une œuvre magistrale.

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Le bombardement du site de Babi Yar, à Kiev, hier par les forces russes, lieu du massacre en 1941 de 33 000 Juifs par les Nazis et leurs collaborateurs, a rappelé aux Juifs où qu'ils vivent, que le combat en cours du peuple ukrainien pour sa liberté a une résonance particulière dans l'histoire et la mémoire juives.

Car la cause de l'Ukraine n'est aujourd'hui pas uniquement celle des Ukrainiens. Elle est celle de tous ceux qui savent le prix de la liberté.

Les pays d'Europe centrale et orientale, d'abord. Pays baltes, Pologne, Hongrie, Roumanie... savent parfaitement ce que représente la vassalisation à une puissance étrangère. L'état démocratique de ces sociétés est inégal mais, pour toutes, un retour sous l'influence de Moscou, représenterait une régression insupportable.

L'Europe de l'Ouest et les Etats-Unis, ensuite. La guerre déclarée par Poutine a mis soudainement fin à l'insouciance de nos sociétés occidentales libérales. C'est la "fin de la fin de la guerre froide" et elle nous impose un réarmement moral et matériel.

Pour les Juifs, enfin. Qu'ils vivent en Ukraine ou à l'autre bout du monde, le drame qui se joue sous nos yeux renvoie symboliquement à 3 moments de l'histoire juive, proches ou lointains :

1. Le combat de l'Etat d'Israël pour sa survie : comme Poutine qui considère que l'Ukraine n'a pas de légitimité à exister en tant qu'Etat indépendant, les voisins d'Israël, mieux équipés et belliqueux, refusèrent de reconnaître le droit à l'existence de l'Etat d'Israël et entreprirent de le conquérir par les armes. Le déséquilibre des forces en présence comme la détermination des Ukrainiens face à l'envahisseur rappellent les premiers combats d'Israël pour sa survie.

2. La résistance des Maccabées contre l'envahisseur grec : comme pour l'Ukraine face à l'armée russe, cette résistance ajoute à la dimension militaire, une résistance culturelle et identitaire. Dans la campagne militaire de Poutine, l'objectif est avant tout de soumettre les Ukrainiens à l'ordre politique et culturel russe. Nous, Juifs, connaissons le prix de l'insoumission.

3. Le combat pour la liberté des Juifs d'URSS, enfin : nous, Juifs, gardons la mémoire du poids du système totalitaire soviétique dont la Russie de Poutine est l'héritière. Ce souvenir nous interdit de rester indifférents face à la menace que d'autres y soient à nouveau soumis.

Les comparaisons ont bien entendu leurs limites mais elles doivent maintenir en alerte notre capacité d'indignation.

Que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, soit actuellement, à ma connaissance, le seul chef d'Etat juif en diaspora ajoute bien-sûr à ces analogies. Que ce soit en Ukraine, pays marqué par une longue tradition antisémite, que le peuple se choisisse un dirigeant juif pour son combat pour la liberté est en soi une revanche de l'Histoire. Que l'ennemi public numéro 1 d'un dictateur, quel qu'il soit, soit le descendant d'un rescapé de la Shoah, voilà qui ajoute encore au symbole.

Dans ce combat, pèse sur le judaïsme français la responsabilité de première communauté juive européenne : notre mobilisation doit être à la hauteur des valeurs dont nous sommes héritiers. Les grandes voix juives qui se sont exprimées en France depuis le début de cette crise témoignent de cette conscience.

C'est cette conscience qui nous impose de nous tenir aux côtés des Ukrainiens dans leur combat pour la liberté.

 

Yonathan Arfi, Vice-président du Crif