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Publié le 8 février dans The Jewish Telegraph Agency
Mel Mermelstein avait remporté une bataille judiciaire de cinq ans en obligeant une organisation négationniste de droite à se rétracter et à payer de forts dommages et intérêts.
Des semaines après son décès, des hommages rendus à Mel Mermelstein continuent à arriver au domicile familial de Long Beach, en Californie – ce qui témoigne de l’impact qu’avait eu son procès contre des antisémites auprès du public.
Né dans une enclave juive à Mukachero, un pays qui faisait alors partie de la Tchécoslovaquie et qui avait intégré la Hongrie après la prise de contrôle des nazis, en 1938, Mermelstein était devenu un enfant de la guerre.
Quand Mel avait 17 ans, lui, ses parents et ses frères et sœurs ont été déportés à Auschwitz. Lorsque le camp de la mort a été libéré, Mel, qui ne pesait alors que 30 kilos, était le seul survivant de toute sa famille.
Il s’est promis de témoigner des horreurs de la Shoah durant toute sa vie.
Une promesse qui a été mise à l’épreuve en 1979, quand le soi-disant Institute for Historical Review – fondé par un négationniste de la Shoah de longue date, Willis Carto – en tant que groupe pouvant se prévaloir d’utiliser la terminologie des institutions universitaires pour donner une légitimité à l’antisémitisme, avait offert une récompense de 50 000 dollars au tout premier individu qui serait en mesure de prouver que des Juifs avaient été gazés à Auschwitz.
Mel avait alors pris le pari. Selon le New York Times, il avait « fourni des documents, des témoignages, des histoires, des photographies et même un bidon qui avait contenu du Zyklon B à l’organisation. Il avait raconté avoir vu sa sœur et sa mère être emmenées dans les chambres à gaz en 1944. »
Il n’a eu aucune nouvelle de l’organisation et il l’avait alors traduite en justice.
Après cinq années de témoignages, le magistrat à la cour supérieure Thomas L. Johnson avait rendu justice à Mel Mermelstein, statuant que les meurtres perpétrés à Auschwitz « présentent un degré d’exactitude immédiate, et ils sont raisonnablement incontestables. Ils sont tout simplement un fait ».
L’Institute for Historical Review avait accepté de verser 90 000 dollars à Mel Mermelstein.
Au cours des décennies qui ont suivi, il a fait une quarantaine de déplacements à Auschwitz-Birkenau, à Buchenwald et dans d’autres camps de la mort nazis, collectant des preuves : des bidons de cyanure, des fils barbelés, des ossements, des fragments issus des fours crématoires.
Mel a construit un musée dans sa scierie, avec environ 700 objets témoignant de la réalité directe des atrocités de la Shoah, accueillant les élèves. Cette collection devrait être exposée de façon permanente au Centre juif Habad de Newport Beach, en Californie.
Sa recherche de la vérité a été présentée dans une série télévisée de 1991, « Never Forget ». Mel Mermelstein était interprété par l’acteur juif Leonard Nimoy.
Il laisse derrière lui Jane, son épouse depuis 60 ans, ses enfants, Edie, Bernie, Ken et David, cinq petits-enfants et un arrière-petit-fils.