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Published on 10 June 2021

France - Ramona Dominguez Gil, 643e victime du massacre : l'histoire d'une oubliée d'Oradour-sur-Glane

77 ans après le massacre d’Oradour-sur-Glane un nouveau nom vient s’ajouter à la liste des victimes. Ramona Dominguez Gil avait 73 ans le 10 juin 1944 lorsqu'elle est assassinée par l'armée allemande. Pourtant jusque récemment, son nom avait été oublié des monuments officiels.

Publié le 10 juin dans France 3

II aura fallu 77 ans, pour que le visage de Ramona Dominguez Gil rejoigne celui des membres de sa famille sur les murs de la Galerie des visages à l’entrée du village martyr d’Oradour-sur-Glane. Ce mardi 8 juin, la plaque en porcelaine en la mémoire de cette réfugiée espagnole était enfin dévoilée, en présence de plusieurs personnalités dont Robert Hébras, dernier survivant du massacre.

Une reconnaissance permise par le travail d’un historien espagnol, David Ferrer Revull. Lors d’une visite du village martyr en 2016, il repère une incohérence dans les noms des victimes espagnoles du massacre. Le monument officiel ne compte que 18 noms espagnols, alors que les archives départementales évoquent la présence de 19 réfugiés espagnols sur le village.

Grâce à l’aide des Archives Départementales de la Haute-Vienne et de l’Association Ateneo Republicano du Limousin, David Ferrer Revull réussi à remonter jusqu’à Ramona Dominguez Gil. Le 24 décembre 2019, le Tribunal de Limoges déclare officiellement le décès de Mme Dominguez Gil, lui rendant ainsi son état-civil.

Une réfugiée de la "Retirada"

Grâce au travail de ces associations et de David Ferrer Revull, on sait que Ramona était originaire de Mianos, en Saragosse, au Nord de l’Espagne. Elle avait quitté son pays en 1939 pour fuir la dictature franquiste.
Avec d’autres réfugiés, ils formaient le Groupement de Travailleurs Etrangers installés par le régime de Vichy dans un camp non loin du village. Elle y vivait avec toute sa famille : son fils Joan, sa belle-fille Marina et ses trois petits enfants Miquel, Harmonia et Llibert. Ils seront tous massacrés le 10 juin 1944.

Le symbole d’une barbarie aveugle

Parmi les personnalités présentes lors de la cérémonie, Robert Hébras, dernier survivant du massacre. Pour lui, le dévoilement de cette nouvelle plaque est l’occasion de se souvenir à nouveau de l’horreur du 10 juin 1944. "Elle a peut-être exécutée dans son appartement, car les Allemands avaient ordre d'exécuter chez eux ceux qui ne pouvaient pas se déplacer sur la place du village. Elle a péri dans ce drame, mais on ne sait pas de quelle façon. Elle représente la mémoire qu'il faut prolonger."

Pour le Consul Général du Royaume d’Espagne, Rafael Tormo Perez, Ramona est aussi le symbole d’une barbarie aveugle, sanguinaire et sans frontières. Le symbole d’une Europe meurtrie en sa chair par le nazisme.

"La barabarie n'a pas épargné les Espagnols qui avaient trouvé refuge dans une France qui traversait une période très difficile de son histoire. Ma présence ici est une reconnaissance des liens d'amitié entre la France et l'Espagne. Nous sommes liés dans cette histoire. On ne peut pas justifier, on ne peut pas oublier. C'est un lien avec les associations qui ont lutté pour préserver la mémoire de cette atrocité, commise par des forces militaires."