Philippe Meyer

Président du B'nai B'rith France

Blog du Crif - De quoi l’antisémitisme identitaire est-il le nom ?

23 February 2021 | 173 vue(s)
Catégorie(s) :
Opinion

Comme chaque été, de nombreux juifs ont décidé de quitter la France pour s’installer en Israël. On parle de 8000 à 10 000 pour l’ensemble de l’année 2015. J’ai moi-même fait ce choix en 2013  et pourtant j’ai, plus que jamais, envie de parler de ceux qui restent. 

Dov Maimon rejoint les auteurs du Blog du Crif !

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

Partout en France, des crayons, des stylos et des feutres ont été brandis, les seules armes du courage et de la liberté contre d'autres armes qui tuent, qui souillent, qui meurtrissent à tout jamais.

Pages

On assiste à une montée inquiétante de mouvements extrémistes identitaires de tous bords qui sont les dommages collatéraux des fractures de nos sociétés basées sur les peurs, le rejet de l’autre et la montée des haines. 

En découle la volonté terrifiante et paranoïaque de certains de se regrouper en clans homogènes autour d’origines ou de spécificités culturelles, pour lesquels celui qui n’en fait pas partie est un ennemi. Et finalement, ces dérives dangereuses se traduisent par un rejet de ce qui fait notre socle commun, c’est-à-dire nos valeurs démocratiques et républicaines. 

Ces groupuscules identitaires font des Juifs une cible prioritaire pour ce qu’ils représentent à leurs yeux : les porteurs et les défenseurs de ces valeurs de la République.

Pour les uns, les Juifs sont les oppresseurs des palestiniens et par là, les symboles voire les complices du colonialiste blanc qu’il faut combattre. On l’a vu avec les mouvements identitaires d’extrême gauche lors de manifestations à Paris où certains avaient crié mort aux juifs. 

Pour les autres, les Juifs sont étrangers à l’identité pure et nationaliste qu’ils veulent imposer comme modèle à notre société. On le voit avec le mouvement d’extrême droite Génération identitaire dont un porte-parole expliquait que les juifs devaient être « réimmigrés », c’est-à-dire sortis de France.

Cet antisémitisme identitaire fait converger les formes de haine anti-juive d’extrême-droite et d’extrême-gauche de ces dernières années. Il se répand dans les différentes strates de la société, jusque dans les lieux de savoir et de culture comme nombre de nos universités de plus en plus infiltrées par ces mouvances identitaires qui en font leurs théâtres d’influence privilégiés pour investir l’avenir. 

Si, sur bien des points, tout les oppose, ces extrémistes identitaires ont en commun le rejet des Juifs et de la République, et constituent in fine une menace majeure pour la cohésion et l’avenir de la société. 

C’est pourquoi ils doivent être combattus partout avec force et détermination.

C’est pourquoi ils n’ont pas leur place dans la République. 

C’est pourquoi le débat actuel sur la dissolution de certains de ces groupuscules est légitime et justifié. 

 

Philippe Meyer