Jean-Pierre Allali
Sarah Bernhardt, l'indomptable, par Évelyne Morin-Rotureau (*)
Bien qu’elle se soit, très jeune, convertie au catholicisme, Sarah Bernhardt est, à juste titre, considérée comme une figure d’Israël.
Quatre-vingt-dix ans après sa mort, le doute subsiste encore sur la date et le lieu de la naissance de celle qui fut en son temps un monstre sacré du théâtre, la "divine bohême de Belle-Île-en-mer."
Officiellement, Sarah Marie Henriette Bernhardt, fille d’Edouard Bernhardt et de Judith Van Hard, est née le 25 septembre 1844.
Sa mère, Judith Julie Youle Van Hard, fille de Moses Bernard, un oculiste juif et de Janetta Hartog, était née à Berlin.
Pour ce qui est du père de Sarah, certaines pistes remontent à un notaire du Havre, Maurice Bernard, d’autres à l’officier de de marine Morel ou encore à un riche fonctionnaire havrais non identifié.
Très tôt, la petite Sarah sera placée en nourrice. À neuf ans, elle est confiée au couvent de Grandchamp à Versailles. Elle y est baptisée et y fait sa première communion avant de rejoindre sa mère, rue Saint-Honoré, à Paris. Elle a alors quatorze ans.
C’est la carrière de ce personnage extraordinaire que nous retrace Evelyne Morin-Rotureau dans un petit livre destiné à la jeunesse mais qui peut être lu avec profit par les lecteurs de tous âges. On y découvre que Sarah n’était pas un élève modèle : « l’arithmétique la rendait folle et l’orthographe l’assommait ». Et elle détestait le piano ! Et, fait incroyable, elle n’aime pas le théâtre et ne veut pas être, plus tard, une actrice ! Par contre, elle adorait observer les animaux : lézards, grillons, araignées et même couleuvres. Plus tard, elle passera aux lionceaux, aux pumas, aux chiens et aux oiseaux.
On le sait, Sarah sera quand même reçue au Conservatoire et intégrera avec bonheur la Comédie Française dès l’âge de seize ans.
La carrière de Sarah sera fulgurante et la tragédienne, merveilleuse interprète de Racine et de Marivaux, de Victor Hugo et de Musset, de Shakespeare parcourra le monde : Espagne, Angleterre, Belgique, Hollande, Portugal, Danemark, Suède, Norvège, Italie, Grèce, Autriche, Hongrie, et, en 1880, l’Amérique. Sans oublier l’Afrique du Nord, le Brésil ou encore l’Australie.
Tout au long de ce petit livre sympathique, on fait la connaissance des amis de la famille puis de ceux de Sarah : le duc de Morny, le prince Napoléon, le compositeur Rossini, George Sand, Oscar Wilde, Thomas Edison, Alphonse Mucha, Edmond Rostand, Reynaldo Hahn, Octave Mirbeau, Marie Curie, Georges Clemenceau, le général Foch et bien d’autres.
On réalise aussi à quel point elle adore son fils Maurice bien qu’il soit un joueur invétéré
À l’heure où, en France, on polémique autour de la question du changement du titre du livre d’Agatha Christie, « Les dix petits nègres », on réalise qu’à l’époque, déjà, le problème s’était posé. A New York, pour ne pas choquer un public réputé prude, « La dame aux camélias » qui raconte la vie d’une prostituée a été rebaptisé « Camille ».
De 1862 à 1923, date de sa mort, Sarah Bernhardt aura créé 70 rôles et joué dans 125 pièces. « Ma vraie patrie, aimait-elle dire, c’est l’air libre et ma vocation, l’art sans contrainte ».
Très intéressant.
Jean-Pierre Allali
(*)Éditions Oskar. 2020. 80 pages. 9,95 €.