Jean Pierre Allali

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Lectures de Jean Pierre Allali - Les 948 jours du ghetto de Varsovie, de Bruno Halioua

26 March 2018 | 282 vue(s)
Catégorie(s) :
France

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Les 948 jours du ghetto de Varsovie, de Bruno Halioua*

Un grand bravo à Bruno Halioua. Dans un ouvrage particulièrement bien documenté, comme en témoigne le corpus de centaines de notes proposé en fin de volume, il nous brosse, au jour le jour un tableau édifiant de ce que fut la vie dans le ghetto de Varsovie aux heures sombres de l’occupation hitlérienne et de la Shoah.

L’histoire du Ghetto de Varsovie commence le 12 octobre 1940, lorsque les Nazis décident d’enfermer, dans un périmètre réduit, près de 400 000 Juifs, le tiers de la population de la ville. Elle s’achève le 16 mai 1943, 948 jours plus tard, quand la capitale polonaise a été débarrassée de la quasi-totalité de sa population juive.

Entre les deux dates, l’horreur qui ira crescendo pour que soient réalisés les plans funestes d’Adolf Hitler : éradiquer le judaïsme en Europe. Comme dans tous les pays occupés par l’Allemagne, un judenrat, « gouvernement » juif, est installé. A sa tête, Adam Czerniakow, qui essaiera de faire au mieux mais qui finira par se suicider. Aux recensements succèdent le port de brassards, la chasse aux Juifs, les spoliations, les réquisitions, les mesures vexatoires, le travail obligatoire, les maladies endémiques comme le typhus et la tuberculose, la famine, le froid, la peur. Malgré cette véritable bourrasque, les Juifs, avec courage et détermination, maintiendront un minimum d’organisation sociale : enseignement, médecine, musique, théâtre et spectacles, vie religieuse.

C’est l’enfermement mais le pire est à venir avec les déportations auxquelles les habitants ont peine à croire. Chaïm Kaplan dénoncera leur naïveté : « Vos espérances sont vaines. Vous vous fiez à une planche pourrie. Vous êtes déjà tous condamnés à mort, il ne reste plus qu’à fixer la date de l’exécution… ». Et, comme en écho, Emmanuel Ringelblum : « L’extermination se poursuit suivant un plan et un horaire préparés à l’avance. Seul un miracle peut nous sauver : la fin soudaine de la guerre ».

Certains Juif résisteront à titre individuel d’abord puis, le 28 juillet 1942, l’OJC, organisation Juive de Combat, est créée. Autour de Mordekhai Anielewicz, l’insurrection juive s’organise. En France, dans le journal Unzer Wort, Adam Rayski, écrit, en mai 1943 : « Le jour n’est pas loin où les bandits hitlériens devront rendre compte de leurs crimes » tandis qu’à Tel Aviv, le journal Haaretz écrit : La flamme de Massada n’est pas éteinte au ghetto de Varsovie ». Fin 1943, le CRIF est créé.

Une liste intitulée « Ce qu’ils sont devenus » permet de se faire une idée de la destinée de personnages cités dans le texte après la Guerre. Cette liste est alphabétique mais on regrettera que les bourreaux et les victimes n’aient pas été séparés. Deux listes auraient été plus judicieuses. Reste un ouvrage exceptionnel, un témoignage irremplaçable pour le monde d’aujourd’hui et, surtout, pour les générations à venir. Bravo encore !

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Liana Levi. Février 2018. 256 pages. 20 euros.

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