Tribune
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Publié le 29 Janvier 2014

Résistants ! Peguy, Karski

Tribune de Jean-Paul Fhima, publié dans Tribune juive le 27 janvier 2014

 

Un colloque international s’est tenu au Sénat les 17 et 18 janvier en ouverture de l’année Charles Péguy. C’est l’homme politique et l’intellectuel engagé, le patriote et le citoyen lucide qui était à l’honneur. C’est aussi le philosémite dreyfusard prêt à se battre en duel pour défendre un ami juif, atterré par les excès xénophobes et antisémites de son époque. Il disait de son temps ce que nous pouvons dire aujourd’hui du nôtre : « Sous nos yeux, par nos soins, disparaît la mémoire de la plus belle humanité ».

Face au déferlement de haine et de bêtise, contre l’outrage négationniste et l’ignorance crasse qui sévissent sans complexe de nos jours, ce penseur politiquement incorrect ferait sans doute figure de résistant. Léopold Sédar Senghor disait « Péguy était un poète nègre » ; on pourrait ajouter : « Péguy était un poète juif ».

 

Un seul déshonneur pouvait selon lui humilier tout un peuple et rompre le pacte social. À méditer …

 

Péguy était un mystique antimoderne qui sentait venir dans le progrès la forme la plus abjecte de l’intolérance et du racisme. Mais il craignait aussi qu’en perdant nos racines judéo-chrétiennes par l’approximation des valeurs et de la morale, on perde en même temps des repères essentiels et une forme d’identité. Il ne s’est pas trompé.

 

Nos jeunes sont pires que nos pères. Ils nous regardent avec condescendance et nous disent : « La quenelle ? Juste pour rire ! ».

 

Oui, nous avons perdu les repères. Nous avons dit à nos enfants trop gâtés qu’ils étaient le nombril d’un monde qui a commencé avec eux, qu’ils sont géniaux dès la naissance, ‘’rois’’ de nature, unanimement intelligents, qu’il n’est donc plus utile d’encourager chez eux les efforts et le travail, le savoir et l’exigence, puisque tout leur est dû…. Lire la suite.