Vieille photographie que j'aime souvent contempler : les fondateurs de l'Etat d'Israël, autour de Ben Gourion comme autour d'un affectueux patriarche, se rassemblent pour la postérité. Dans un costume de soldat, Itzhak Rabin a le regard fier et direct, où se promènent pourtant les nuages de l'Histoire. Hiératique, le regard bleu, profond et tendre à la fois, Itzhak Rabin était un soldat. Cet homme est désormais le symbole de la paix, lui qui fit la guerre. Nulle contradiction dans ce destin. Itzhak Rabin se serait bien passé des armes. Hélas entouré de nations qui juraient sa perte, Israël a lutté contre la haine par les armes, avant que de saisir les signes de la paix qui se présentaient, depuis l'Egypte ou la Jordanie. La poignée de main qu'il accorda à Yasser Arafat, sur la pelouse de la Maison Blanche, paraissait éclairée : l'Homme était animé d'une authentique fraternité. "Je dois faire la paix en oubliant que je conduis la guerre, je fais la guerre en oubliant que je construis la paix". Les extrémistes de son propre pays en ont décidé autrement, qui défilaient dans les rues, multipliant les injures et proférant les cris de haine - dans quel pays du Proche Orient une telle liberté d'expression est-elle concevable ? Itzhak Rabin est mort au nom de son désir de paix. Je me souviens de la ferveur populaire qui l'entourait, lors de la grande manifestation organisée en faveur de son action. Je me souviens de la douleur de son peuple quand, avec Pierre Mauroy, Président de l’International Socialiste, je me suis rendu à ses funérailles pour accompagner à sa dernière demeure celui qui fut son vice-président. Il n'est rien de plus atroce que la tragédie de l'Histoire. Aussitôt rentré à Paris, notre Municipalité au grand complet avec à sa tête le Sénateur-Maire Michel Charzat, a planté un arbre square Edouard Vaillant en mémoire de ce héros de la guerre et de la paix. En présence de Didier Bariani président du groupe d'amitié parlementaire France-Israël, à la fidélité de qui je veux ici rendre hommage, par delà nos divergences politiques, mais aussi en présence de l'homme qui était ambassadeur d'Israël en France, son excellence Avi Pazner, aujourd'hui porte parole d'Ariel Sharon.