Tribune
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Publié le 16 Décembre 2005

Un symposium d’Al-Manar appelle à rayer Israël de la carte, citant Hitler comme exemple

Le Conseil d’Etat avait annoncé, le 13 décembre 2004, qu’il avait « enjoint la société Eutelsat de faire cesser, sous 48 heures et à peine d’une astreinte de 5 000 euros par jour de retard, la diffusion, sur ses capacités satellitaires, de la chaîne de télévision Al-Manar ». La plus haute juridiction administrative avait constaté la diffusion de programmes qui « s’inscrivent dans une perspective militante, qui comporte des connotations antisémites ». Le 17 décembre 2004, le CSA avait indiqué que la convention signée avec Al-Manar un mois plus tôt était annulée. La direction de la chaîne de télévision avait alors entamé une procédure pour contester la décision du Conseil d’Etat et la résiliation de son conventionnement avec le CSA. Les représentants du CSA et d’Eutelsat n’assistaient pas à cette séance.


Devant la haute juridiction administrative, Me Garreau n'a pas contesté les faits. Il a rappelé :
1) Qu'Al-Manar avait présenté ses excuses au sujet du feuilleton et pour les propos d’un "expert" interrogé sur cette chaîne (« Lors d'une émission, le 23 novembre 2004, quatre jours après l'obtention d'une autorisation de diffuser "sous condition" — via le satellite Eutelsat —, un intervenant présenté comme un expert avait dénoncé "les tentatives sionistes" pour compromettre la santé des populations arabes en leur transmettant le sida.)
2) Il a indiqué qu'Amnesty International avait, dans plusieurs rapports, qualifié des actes des Israéliens de crimes contre l'humanité. Au nom de la « liberté d'expression », Al-Manar pouvait donc, à ses yeux, prendre à son compte une accusation qui visait « le gouvernement israélien et non le peuple israélien ou la communauté juive ».
3) L’avocat de la chaîne libanaise, Me Denis Garreau, estime que la décision d’interrompre la diffusion d’Al-Manar est politique et que le CSA n’a pas respecté son devoir d’impartialité.
Les réponses du Commissaire du Gouvernement, Didier Chavaux :
Comme dans toutes les procédures, le commissaire du gouvernement est intervenu. Sur les Points 1 et 2 de Maître Garreau, le commissaire du gouvernement a estimé que dans un contexte général, l’accusation de crime contre l’humanité devait être considérée comme une méconnaissance par Al Manar de l’obligation de pondération et d’honnêteté de l’information. Le commissaire du gouvernement a également ajouté que les informations d’Al Manar n’étaient pas présentées d’une manière honnête, mais avec de l’agressivité contre l’État d’Israël, ce qui est considéré comme une incitation à la haine raciale. Par ailleurs, le commissaire a vivement rejeté toutes les conclusions de l’avocat.
Dans un délai de quinze jours à trois semaines, nous saurons le Conseil d’État rendra sa décision. S’il le Conseil d’Etat suit les conclusions du commissaire du gouvernement, il rejettera la requête et la décision d’interdiction sera alors définitive.
Pendant ce temps là, sur Al Manar :
Quelques jours auparavant, un symposium d’étudiants était organisé à l’Université libanaise (L’Université libanaise est la seule université publique libanaise, c’est aussi la plus grande du Liban), par la télévision Al-Manar. Ce symposium a été diffusé le 29 novembre 2005. Le symposium intervenait le jour anniversaire de l’adoption du plan de partage de l’ONU (29 novembre 1947). Cette journée est généralement commémorée dans le monde arabe par des manifestations pro-palestiniennes. Le symposium d’Al-Manar était consacré au conflit israélo-palestinien, avec la participation de Shafiq Al-Hut, ancien représentant de l’OLP au Liban et en présence d’étudiants palestiniens, libanais et syriens. Nous reproduisons ci-après la dépêche du MEMRI du 15 décembre 2005 qui mentionne ce symposium.
VISIONNER LES EXTRAITS VIDEO SUR http://www.memritv.org/search.asp?ACT=S9&P1=962
Médiateur : Les régimes arabes ont tous accepté la création d’un Etat palestinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, c’est-à-dire dans les frontières de 1967. Ils estiment que la réalité et l’équilibre des pouvoirs ne permettent pas [d’en souhaiter plus] pour le moment. Soutenez-vous ce ‘réalisme’ ou adhérez-vous à ce qui est connu comme la Palestine historique, originelle ?
Edudiant n°1 : Je m’appelle Hisham Shamaas et je suis étudiant en sciences politiques. Je veux juste dire que tout le monde parle de…
Médiateur : Répondez à la question, s’il vous plaît.
Hisham Shamaas : L’Etat ne devrait pas être limité aux frontières de 1976… Ou plutôt, de 1967. Israël doit être éradiqué.
Médiateur : Vous voulez dire, raviver la devise voulant qu’Israël soit rayé de la carte.
Hisham Shamaas : Israël devrait être complètement éradiqué, afin que les Palestiniens aient à pays où retourner.
Médiateur : Si on vous dit que ce n’est pas réaliste, que répondez-vous ?
Hisham Shamaas : Rien n’est irréaliste. Tout comme Israël… Tout comme Hitler a combattu les Juifs… Nous sommes une grande nation islamique de djihad, et nous aussi devrions combattre les Juifs et les brûler.
Médiateur : C’est vraiment de l’incitation [à la haine].
Fakhri : En toute honnêteté, tout gouvernement décevant qui veut normaliser les relations avec l’ennemi sioniste et renier la cause arabe, et en particulier Jérusalem, doit être renversé par le peuple, lequel doit avoir son mot à dire.
Marc Knobel