Tribune
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Publié le 13 Mai 2015

Pour une grande charte de la laïcité

Pour que les principes fondateurs énoncés soient à nouveau compris, acceptés et appliqués partout sur le territoire de la République.
 

Par Philippe Doucet, Député en charge de la laïcité pour le groupe PS, publié dans Libération le 12 mai 2015
La loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat est une grande et belle loi : elle énonce des principes, les fondements de notre laïcité, qui ont permis et permettent encore un équilibre aussi subtil que nécessaire entre liberté de conscience et neutralité de la vie publique.
Pourtant, les emballements médiatiques à répétition autour des questions de laïcité, ponctuées de prises de positions, toutes plus précipitées les unes que les autres, montrent bien que la loi de 1905 ne suffit plus à épuiser le débat : la société est en déséquilibre sur la laïcité. Pour plusieurs raisons.
D’abord, parce que la compréhension par la société française de la loi de 1905 s’est affaiblie au fil du temps. C’est loin, 1905, pour les élèves de nos collèges et de nos lycées. C’est loin pour leurs professeurs, c’est loin pour les responsables associatifs comme pour les élus de la République. La société française de 2015 ne connaît plus la loi de 1905, ne la comprend plus suffisamment. Et c’est parce qu’il y a cette ignorance que nous voyons ce fatras de revendications apparaître : des extrémistes, à droite et à gauche, qui veulent éradiquer l’Islam pour les uns, et toutes les religions pour les autres, jusqu’aux religieux prosélytes qui font irruption dans l’espace public. Le premier enjeu, c’est bien de combattre cette ignorance, et donc de faire de la pédagogie : il faut rappeler, il faut expliquer notre laïcité.
L’autre raison, c’est l’évolution, en plus d’un siècle, du fait religieux et de ses manifestations dans la société. La loi de 1905 a posé des principes qui se sont appliqués, non sans heurts d’ailleurs, dans les décennies qui ont suivi, chacun trouvant dans la loi la réponse aux situations sociales rencontrées à l’époque. Or, les Maires - car ce sont eux qui sont en première ligne - sont trop souvent contraints de bricoler des solutions, des arrangements, des accommodements, car ils ne trouvent pas dans la loi, éparpillée en textes et jurisprudences, les réponses aux situations concrètes qu’ils rencontrent au quotidien.
Pour revenir à l’équilibre, nous avons besoin plus que jamais de la loi de 1905 : il ne s’agit pas de la modifier, il faut au contraire la prolonger ! Il faut faire coïncider la loi de 1905 avec la réalité sociale de 2015, pour que les principes fondateurs énoncés soient à nouveau compris, acceptés et appliqués partout sur le territoire de la République... Lire l’intégralité.