Tribune
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Publié le 8 Février 2012

Le dîner du CRIF doit bien servir à quelque chose

Initié par Théo Klein en 1985, le dîner du CRIF est devenu incontournable au fil des ans. Pour la classe politique en premier lieu qui s'y presse. Alors que la tradition faisait du Premier ministre l'invité d'honneur, Nicolas Sarkozy occupera pour la troisième fois cette place cette année. Réussite politico-mondaine incontestée, il interpelle, fait des jaloux. Mais sert-il à quelque chose demanderont les sceptiques ou les envieux? Esquisse de réponse.

Un long chemin a été parcouru depuis qu'un samedi soir d'automne en 1985 a eu lieu le premier dîner du CRIF à l'initiative de son président de l'époque, Théo Klein. L'invité d'honneur était le Premier ministre et le restera jusqu'à ce jour de février 2008 où le président Nicolas Sarkozy honorera de sa présence la grande institution. Ce qu'il fera pour la troisième fois cette année, d'ailleurs. Au fil des ans, ce dîner s'est pérennisé, imposé, développé de façon impressionnante. Quelques chiffres parlent d'eux-mêmes: plus de 1000 personnes assistent ces derniers temps à cet événement. Dont de très nombreuses personnalités appartenant au monde politique, culturel, religieux, diplomatique. C'est quasiment au complet que le gouvernement se presse au Pavillon d'Armenonville depuis quelques années. Certains diront qu'en année électorale les politiques sont encore plus nombreux. Ce n'est plus vraiment le cas, tant le lieu est devenu incontournable.

 

Jean Kahn, Henri Hajdenberg, Roger Cukierman et aujourd'hui Richard Prasquier qui ont succédé à Théo Klein ont tous apporté leur pierre à cet édifice. Chacun avec son ton et son style. Conscients que le CRIF reçoit, ce soir-là, l'hommage de la nation.

L'exercice est très balisé. Pas de surprise intempestive dans les discours du président du CRIF et de l'invité d'honneur. C'est le lieu où de grands sujets d'intérêt national concernant au premier chef la communauté sont évoqués. Le représentant du gouvernement y clarifie sa position sur Israël, le terrorisme, l'Iran d'Ahmadinejad, le Front National, la laïcité, y dresse l'état des lieux de l'antisémitisme dans notre pays. C'est l'occasion pour le président du CRIF d'interpeller le pouvoir sur des sujets de première importance, de rappeler les préoccupations de la communauté. Il peut arriver que le ton soit vif. C'est rare. Mais cela s'est produit au moins une fois sous la présidence de Roger Cukierman. Ce qui n'a pas empêché, les membres du gouvernement de revenir l'année suivante. Il y a eu de grands moments, comme la première fois où la déléguée générale de Palestine était présente.

 

Si, dans la classe politique, il est devenu évident qu'il faut y être, au sein même de la communauté, c'est parfois plus compliqué. Tel grand rabbin de France n'avait-il pas posé comme condition à sa présence, l'exigence de prendre la parole? Il fallu se priver de sa présence. Aujourd'hui, les principaux représentants de la communauté sont présents aux côtés du président du CRIF.

 

La communauté juive de France est partie intégrante depuis des siècles de l'histoire et de la vie de notre pays. Des critiques, il y en aura toujours. Mais pourquoi se priver d'une grande soirée républicaine?