Tribune
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Publié le 11 Décembre 2014

La délinquance antisémite, très sensible à l’actualité

Par Willy le Devin, publié dans Libération le 11 décembre 2014

Même s’il a nettement augmenté ces derniers mois, le niveau des actes antiJuifs avait atteint son sommet au début des années 2000.

La France est-elle réellement traversée par un courant antisémite ? A la lumière d’études statistiques sérieuses et recoupées, il convient de faire, d’emblée, un distinguo salutaire : en 2014, les «actes» antisémites semblent bel et bien à la hausse. En revanche, les «opinions» antisémites sont, elles, en régression dans la société.

Commençons par les faits avérés : sur les six premiers mois de l’année 2014, le ministère de l’Intérieur a constaté 327 incidents à caractère antisémite. Sur l’ensemble de l’année 2013, la Place Beauvau en avait recensé 423. Parier sur une hausse objective d’ici la fin de cette année semble donc crédible, et ce d’autant plus que l’été français fut fortement marqué par la guerre à Gaza. Mais c’est en janvier 2014, en pleine polémique sur l’interdiction du spectacle de Dieudonné, que les actes et les menaces antisémites ont été les plus nombreux : 85.

Reviendra-t-on pour autant au niveau du début des années 2000 ? Selon le service de protection de la communauté juive (SPCJ), qui s’appuie sur les dépôts de plaintes, c’est à cette époque que le climat s’est dégradé en France. D’après le rapport 2013, les années 2002 et 2004 ont été particulièrement délétères avec des records enregistrés à 936 et 974. Depuis 2005, la courbe est relativement étale, avec un yo-yo oscillant entre 380 et 500 faits par an. Le SPCJ précise que les actes antisémites sont sept fois plus importants dans les années 2000 que dans les années 90. La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), qui publie également une étude chaque année, avance peu ou prou le même chiffre : 6 fois supérieur… Lire la suite.