Tribune
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Publié le 8 Janvier 2014

Je ne mange pas de quenelle

Par Gilles William Goldnadel

 

Qu'on ne compte pas sur moi pour écrire un énième article assassin sur M. Dieudonné M'bala M'bala. Je ne mange pas de cette quenelle-là. Car la recette indigeste, nauséeuse, écœurante de ce plat gonflant et étouffe-juif a été concoctée dans les cuisines de la meilleure société.

D'abord, par un maître queux hors pair, adepte de la nouvelle cuisine antisémite française dont on ne saurait contester la modernité : un chef idéal : artiste, noir, antisioniste, venu de l'extrême gauche antiraciste et anti lepéniste. On l'a oublié peut-être un peu vite, mais la gauche -Mme Taubira en tête- aura mis beaucoup de temps avant que de le condamner sans appel et sans invocation de la « liberté d'expression » qui n'est sainte et sacrée que lorsque l'on est dans le bon camp.

 

Je ne suis pas le plus mal placé pour le savoir, puisque lorsqu'il m'a fallu, pour le démasquer, réclamer des comptes judiciaires à l'histrion qui considérait le judaïsme comme la première des escroqueries, la Cour d'appel de Paris crut devoir le relaxer en lui décernant un brevet « d'universalité ». Il fallut attendre que la Cour de cassation casse cette décision digne d'un mur syndical et magistral. Il faut dire qu'entre-temps notre pitre avait accompli sa révolution copernicienne pour se placer cette fois à l'extrême droite du planisphère politique. Autrement dit, à 1 cm de son point de départ. Ce qui est exactement la distance qui sépare l'impunité de la culpabilité politique et judiciaire.

 

Un maître saucier talentueux, pas seulement en raison de la dose idoine d'adrénaline que confère sa méchanceté naturelle, mais encore parce qu'il a su se hisser légitimement au sommet des grands empoisonneurs antisémites qu'adonnés le pays des Drumont et Daudet. Un art certes assez facile, assorti à son public, ou le faux courage et la fausse rébellion de révolutionnaires en peau de lapin anti ploutocrates et anti système, concilie les aigris de la droite sinistre et les médiocres de la gauche sinueuse, de Jules Guérin à Jules-Guesde. À cette belle époque d'avant le grand carnage, un antisémite ne risquait rien, ni socialement, ni moralement, ni politiquement, ni judiciairement à se revendiquer comme tel.

 

Aujourd'hui, le facétieux M. Hitler se dirait philo sémite et pro palestinien… Lire la suite.